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«Nous ne lâcherons pas la Tunisie !»
Exclusif - Interview avec Pierre Lellouche, Secrétaire d'Etat français au Commerce Extérieur
Publié dans Le Temps le 19 - 03 - 2011

• Pierre Lellouche a entamé une visite de travail en Tunisie, du 17 au 18 mars courant, avec un programme chargé dans le cadre de la coopération tuniso-française - Né en Tunisie, Pierre Lellouche considère sa venue chez nous comme un retour à sa terre natale. Il en est ému. Il vient à la rencontre d'un peuple qu'il considère « compliqué ». Il ne saurait trop nous l'expliquer. En ami, il entend tendre sa main à la Tunisie dans cette phase transitoire flageolante. Son intérêt se porte sur la présence française sous nos cieux, il défriche, usant d'instruments idoines qu'il a apporté dans ses valises, dans le but singulier de tendre la perche aux investisseurs français afin qu'ils traversent, sans dégâts caverneux cette crise économique, provisoire.
« Les entreprises françaises restent en Tunisie », ouf ! Sacrée bonne nouvelle. Loin d'être abrupt, Pierre Lellouche s'est confié sur ses ambitions de coopération entre ses deux pays : la Tunisie et la France, portant en sa profonde conviction l'accessible gagnant-gagnant. Depuis le temps, Pierre Lellouche se déclarait partisan fervent de la démocratie dans la sphère arabe ; il n'a pas maugrée pour vitupérer le despotisme des chefs d'Etat arabes, mais en vain. La déferlante des Révolutions dans le monde arabe n'est que corolaire de l'oppression des ces peuples et d'un angle personnel, une revanche.
Pierre Lellouche fait aussi montre d'une fierté quant à l'attitude de la France vis-à-vis de la Libye et des comportements abjects du potentat Kadhafi ; on dirait que la France avait vu juste.
Rencontre avec Pierre Lellouche chez l'ambassadeur de France Boris Boillon.
Le Temps : Comment voyez-vous votre visite en Tunisie ?
Pierre Lellouche : J'ai une tendresse très particulière pour la Tunisie et le peuple tunisien que j'essaye de comprendre, il est compliqué le peuple tunisien. C'est émouvant pour moi d'être ici en ce moment et c'est la première fois que je me rends en Tunisie en qualité de membre du gouvernement français et à un moment aussi où la Tunisie construit son avenir démocratique. Je suis là pour affirmer la position de la France et c'est une notion très positive. Revenir sur sa terre natale avec cette fonction et à ce moment de l'histoire est très important pour moi.
- Et votre programme de la visite ?
. Avec Christine Lagarde, nous avons travaillé sur les relations économiques entre la France et la Tunisie de manière étroite. Nous avons rencontré M. Ilyes Jouini à l'époque ministre du Développement et de la Coopération Internationale. Christine Lagarde devait effectuer une visite politique et pour ma part je devais m'occuper du volet économique. En Tunisie, nos entreprises sont au nombre de 1250 et emploient 110000 personnes et c'est le quotidien de la présence française en Tunisie que je voudrais, au nom du gouvernement, conforter. Par ailleurs, je suis venu, accompagné d'une délégation de chefs d'entreprises Et j'entame, éventuellement une visite de terrain des entreprises françaises afin de mieux cerner l'état des lieux. Aussi, j'ai rencontré le ministre de l'Economie et celui des Finances. Ceci est le côté un peu officiel des choses, sinon je dine avec des amis tunisiens et cela est le côté société civile qui a tout autant son importance. Je rencontre aussi le Premier ministre ainsi que la communauté française en Tunisie. Mon programme est assez chargé, en effet.
- Concrètement quels sont vos plans ?
. Concernant la coopération concrète de nos entreprises en Tunisie dans le développement économique du pays, je m'attache à faire avec la coopération des autorités tunisiennes, est d'envoyer un message très positif, s'agissant de solder les problèmes qui ont pu avoir au cours de la transitions ou même après. Selon moi, le meilleur moyen de nous assurer que la transition démocratique fonctionne bien est celui de s'assurer que l'économie tunisienne aille bien. Il est capital de veiller à ce qu'il n'y ait pas de chute de la croissance économique et que les investissements continuent. C'est un message qu'il faut envoyer aux entreprises françaises présentes en Tunisie : elles doivent rester et même se développer.
- Quelle est la situation actuelle des entreprises française en Tunisie ?
. Les problèmes qu'on a pu constater sont principalement les dommages matériels et que les assurances se chargeront de régler. D'ailleurs, il faut accélérer le règlement de ces problèmes. Aussi, y a-t-il des problèmes liés à l'actionnariat, certaines entreprises dont une partie des actions était détenue par la famille Ben Ali doit être régularisée dans le respect de la législation tunisienne, bien entendu. Et il importe pour nos investisseurs de savoir comment le gouvernement tunisien va reprendre en main cette affaire.
En tous cas, le point positif dans tout cela est que nos entreprises ont le moral et elles ont envie de rester et de continuer à se développer en Tunisie. C'est sur quoi d'ailleurs nous travaillons et d'être aussi proche que possible du plan du développement du gouvernement tunisien qui a sans doute d'autres réflexions, c'est normal, il faut que notre dispositif d'accompagnement colle de plus près aux choix du gouvernement de transition et c'est ce que je m'efforce de faire.
- Et qu'en est-il du statut avancé ?
. Il y a le volet que vous connaissez bien et qui a déjà été annoncé par Nicolas Sarkozy lors de la dernière réunion de l'Union Européenne, à savoir le statut avancé. Et là nous sommes les meilleurs avocats de la Tunisie. Il faut que l'action de voisinage de l'Europe soit orientée au maximum dans cet axe et ce, compte tenu de ce qui se passe dans la Méditerranée. Nous avons ce qu'on appelle les instruments de voisinage à l'instar de la BEI (Banque Européenne d'Investissement) et la BIRD (Banque pour la Reconstruction et le Développement), ces instruments sont donc mis à disposition pour l'aide au développement de l'économie tunisienne, notamment. Je rappelle que 20% de cet argent est celui du contribuable.
- Que peut apporter le statut avancé à la Tunisie ?
. Le statut avancé est pour nous quelque chose qui nous tient à cœur, il est porteur de perspective européenne ainsi que porteur de mécanisme de modernisation de l'économie tunisienne, en d'autre terme une européanisation des standards. Et bien sûr nous essayons d'accompagner la Tunisie pour cela. Il existe deux volets importants, d'abord le rapprochement des sociétés civiles et ensuite la formation des jeunes et l'accompagnement de la présence économique française en Tunisie.
- Qu'en-est-il de la coopération pour l'emploi des jeunes ?
. Ma visite au groupe Délice Danone et au techno centre Telnet rentre dans le cadre d'une coopération gagnant-gagnant et ce pour les deux économies : française et tunisienne. Vous savez, en France je suis un patriotique économique, je vends de l'emploi en France et je veux le faire à l'extérieur aussi, notamment en Tunisie.
Si nous voulons que la transition démocratique réussisse, il faut fabriquer de la prospérité et c'est d'ailleurs aussi la solution au problème migratoire. Je suis un homme politique et je connais la situation politique dans mon pays et c'est un vrai sujet que j'ai abordé avec mes interlocuteurs. C'est en développant la formation des jeunes et de l'emploi dans ces pays que nous arriverons à contrôler les flux migratoires, sinon il ne faut pas s'étonner de voir des jeunes désespérés chercher des solutions ailleurs.
- Pensez-vous que la France a une attitude dominante vis-à-vis de la Tunisie sur le plan technique ?
. Sur le plan technique, je ne crois pas qu'il existe une attitude dominante de la part de la France mais plutôt de co-développement et c'est cela qui nous anime d'ailleurs, voyez l'exemple d'Airbus, il veut tout dire. Il nous appartient des deux côtés, par ailleurs, de nous assurer que l'état de droit renforce la sécurité juridique et c'est ce qui est bien avec la transition démocratique et aussi nécessaire au développement économique et qui est vécu comme une véritable opportunité.
- Est-ce efficace de travailler avec un gouvernement de transition qui ne dure que quatre mois ?
. En ce qui concerne la longévité du gouvernement de transition, je pense que ce pays vient de connaitre une Révolution et il a besoin d'un cheminement que nous devons de respecter. Les Tunisiens ont choisi la méthode du gouvernement de transition suite auquel le prochain sera issu des urnes. Maintenant il faut se poser la question suivante : y a-t-il une autre alternative possible ? Refuser de parler avec le gouvernement de transition ? Je ne pense pas que cela soit viable. Et puis, les gens que j'ai rencontré sont tous patriotiques qui ont l'esprit de fabriquer le développement économique et sont loin de faire dans le « après moi le déluge».
- La situation économique et politique en Tunisie est-elle inquiétante ?
. Les évènements récents ont amené à une compression de la croissance économique de la Tunisie et c'est on ne peut plus normal, toutefois, une chose est sure c'est que l'économie redémarrera. Quant à la partition que jouera le gouvernement de transition dans la maturité politique est selon moi leur propre affaire et nous n'avons pas à y intervenir. Je ne suis pas ici en donneur de leçon mais plutôt en ami, en frère et en accompagnateur d'un processus qui soit le mieux et le plus utile.
- Comment évaluez-vous la position de la France concernant la Libye ?
. La voix de la France a été à l'avant-garde quant à ce qui se passe en Libye et il est rare qu'un pays de l'occident prenne une telle position et attitude qui sont plus morales que d'autres. Vous savez, j'étais un des rares à appeler à la fin des despotes dans le monde arabe et j'en ai même écris des livres la dessus. Je regrettais et dénonçais les régimes de congélation. D'ailleurs, je n'étais pas pour le maintien de Saddam Hussein, ils disaient que si on touche à l'Irak c'est comme si on allumait un briquet à côté d'un baril d'essence tout s'enflammerait. Les arabes ont aussi droit à la démocratie, elle n'est pas réservée qu'aux blancs des judéo catholiques ou chrétiens et je l'ai payé politiquement. La dictature n'est pas dans les gênes des arabes et ce n'est pas non plus une bonne idée pour l'occident.
Entretien conduit par Nadya B'CHIR


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