Avec lui, la peinture, ce n'est pas une joie et une douleur, c'est une joie tout court. C'est ainsi. Car, aussi étrange que cela puisse paraitre, imaginer les affres de la création, lorsqu'il s'agit d'évoquer la peinture de Mourad Harbaoui, cela semble relever de l'impensable. Tout simplement parce que son univers pictural, renvoie au regard, immanquablement, quelque chose qui ressemble à une extrême jubilation. Une palette chromatique aux tonalités, douces et chaudes, un frémissement de vie quasi palpable qui émane de ses toiles où le cœur battant a les allures d'une joyeuse farandole, et comme un feu follet qui danse, sans se fixer, se déclinant comme une fête, à l'éternité assurée, d'un tableau l'autre, à la manière d'une promesse, sans cesse renouvelée. Et puis, des éclats de fauve, d'ambre, parfois frappés d'azur, et des réminiscences qui font que l'on retrouve, indubitablement, la patine de l'artiste, à la gestuelle dansante, et à la joie intacte, qui convoque, à chaque fois dans son sillage, un Toulouse-Lautrec des jours heureux, comme s'il y avait entre eux, par –delà les âges, une forme de filiation secrète, noyée ici dans une abstraction habitée d'ombres sensuelles, repues de lumière. Ses peintures donnent du bonheur, tout simplement, parce qu'elles renvoient peut-être au bonheur qu'il éprouve, de s'emparer de ses pinceaux pour peindre, comme on respire, et comme pris dans les rets d'une transe, qui n'a rien de démoniaque, loin s'en faut, et tout d'une profession de foi, passionnée et passionnante. Sauf que cette fois-ci, cette passion est doublée d'une réflexion sur les profonds chamboulements qu'à connus le pays, et d'une interrogation sur ce que peut être l'avenir, d'une façon générale, et celui de l'art, et de la peinture, ici en l'occurrence, en particulier, dans ce nouveau climat de liberté, qui ne peut être sans incidences sur l'œuvre à naître, l'œuvre à venir. Mourad Harbaoui y répondra à sa manière, à travers sa nouvelle exposition, intitulée : « Révolution… et pas seulement », qui se tiendra du 8 au 30 avril 2011, au Palais Kheireddine, (place du tribunal, Tunis). Un hymne à la liberté avec une cinquantaine de tableaux (huile sur toiles), de dimensions variées, qui évoqueront un monde nouveau. Peut-être, seriez-vous tentés si vous aimez les voyages sur les ailes du vent. C'est cela la peinture de Harbaoui : un univers en apesanteur. A vous de voir…