C'est au Montazah Nahli que nous les avons tout récemment rencontrés. Ce parc naturel de l'Ariana doit sans doute leur rappeler l'air pur, les majestueuses hauteurs et les immenses étendues vertes du gouvernorat du Kef dont ils sont originaires. Eux, ce sont trois membres d'une nouvelle association, Assadik (Association de Soutien et d'Appui au Développement Intégré du Kef), fondée au lendemain de notre jeune révolution, le 25 janvier 2011 plus exactement. Pour ces Keffois de bonne volonté, il s'agit de contribuer concrètement et efficacement à la création des conditions favorables au développement de leur gouvernorat natal. Longtemps marginalisé et frustré de réelle promotion durant plus d'un demi-siècle, Le Kef, tout comme l'ensemble des régions de l'ouest tunisien, a droit aujourd'hui à d'autres égards et doit donc bénéficier enfin d'une authentique stratégie de développement équitable. Assadik ambitionne justement de participer à l'élaboration de cette stratégie en éclairant par exemple les responsables locaux et nationaux ainsi que les promoteurs intéressés sur les ressources et les potentialités multiples de la région. Pour un réel essor de la région Dans le détail, la nouvelle association s'engage à mener, avec le concours de divers experts et consultants, des études sectorielles visant à détecter, dans le gouvernorat du Kef, de bons projets à la finalisation desquels elle tentera ensuite de motiver les bailleurs de fonds tunisiens et étrangers. Assadik projette également d'organiser des forums spécifiques rattachés aux axes de développement intégré pour encourager les investissements dans les différents secteurs de production et pour créer ainsi de nouveaux postes d'emploi. Elle se propose aussi d'accompagner les promoteurs dans toutes les étapes de la réalisation de leurs projets et, au besoin, de faciliter la commercialisation de leurs produits. Dans ce sens, ses membres se disent très mobilisés pour sensibiliser les autorités publiques à la nécessité impérieuse de mettre en place les infrastructures indispensables au désenclavement de la région et de son activité économique et à l'amélioration des conditions de vie dans le gouvernorat du Kef. A cet effet, l'association estime que la construction d'un tronçon d'autoroute reliant le Kef à la capitale, la remise en service de la ligne ferroviaire en direction de Tunis, la création d'un technopôle agro-alimentaire, l'installation de réseaux de télécommunication modernes et la desserte du gouvernorat en gaz naturel figurent parmi les projets vitaux et urgents susceptibles de favoriser un authentique rayonnement du Kef tant à l'échelle nationale qu'au niveau international. Ce gouvernorat regorge de richesses : sol extrêmement fertile, production agricole diversifiée et d'excellente qualité, minerais précieux, surface forestière considérable, ressources hydriques inépuisables etc. Pourquoi donc attendre, se demandent les membres d'Assadik, pour implanter sur place les entreprises de transformation compatibles et résorber ainsi chômage et exode à la fois. Tout cela pour dire que les solutions existent si l'on veut concrétiser le modèle de développement intégré qui profite véritablement au gouvernorat et à l'ensemble du pays. Il revient à l'Etat de soutenir financièrement ce projet global et surtout d'aplanir les principales difficultés qui risquent d'entraver sa réalisation ou de réduire son efficacité. L'urgence de l'autoroute Concernant l'une de ces difficultés justement, à savoir l'absence de grande voie routière susceptible de désenclaver Le Kef et de l'ouvrir sur la côte, les ports et les aéroports tunisiens, l'association Assadik défend âprement le projet de construction d'un tronçon d'autoroute Slouguia- Le Kef. Il sera long d'environ 90 kilomètres vu qu'une partie de 62 kilomètres est déjà réalisée sur l'autoroute A3 entre Tunis et Boussalem. Aucune autre infrastructure routière ne désenclavera tout à fait le Kef : la RN5 dont le tracé est actuellement en cours de modernisation ne fera gagner à ses usagers que 20 minutes. Une bretelle Boussalem-Jendouba- Le Kef est impossible à imaginer vu la difficulté du relief et parce qu'elle éloignera encore plus le Kef de la capitale. Quant au projet d'autoroute qui desservira Kairouan et Gafsa, il ne profitera (et en partie seulement) qu'à la partie sud du gouvernorat du Kef. Cette voie est conçue pour rendre service prioritairement aux régions du Centre et du Sud-ouest tunisiens. On voit bien que sans l'autoroute souhaitée, Le Kef continuera à pâtir de l'isolement et du sous-développement. Une partie de ses habitants se verra toujours forcée d'émigrer vers des horizons plus prometteurs. Puissent donc nos décideurs comprendre que l'exécution de cette autoroute est impérative et qu'un tel projet représente un préalable à l'encouragement de l'investissement dans la région. Pourvu qu'on n'invoque pas l'argument de la rentabilité pour y renoncer : il s'agit, rappellent les membres d'Assadik, d'une infrastructure de développement dont on peut autrement escompter les nombreux bienfaits !