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Qui a fait quoi ?…Plutôt qui n'a pas fait quoi?
Le leurre de la transparence financière et bonne gouvernance
Publié dans Le Temps le 26 - 05 - 2011

• « La croissance sera, cette année, négative, c'est inévitable. Mais il ne faut surtout pas tomber sous le seuil de -3% »
Les Tunisiens se retrouvent aujourd'hui à en découdre face à un grand leurre, celui de la transparence et des règles de bonne gouvernance. Pourtant : gouvernement, entreprises publiques et privées, société civile, économistes, juristes…, avaient toujours applaudi le succès du processus poursuivi en Tunisie en matière d'édification de règles de bonne gouvernance et de transparence.
Nous-ont-ils dupés dans la farine ? Après coup, nous nous réveillons sur une réalité effrayante : le modèle de gestion tunisien est l'exemple type de la mauvaise gouvernance et de la non transparence. Le tableau des malversations et de la corruption décortiqué de la base au sommet de la pyramide, en est l'illustration frappante des atermoiements, de la mauvaise gouvernance du pays. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : comment éviter ce qui s'est passé et s'engager dans un processus articulé autour des bonnes structures pour atteindre des lendemains meilleurs ?
Aux origines de la malversation
C'est la question qui a été soulevée hier lors du séminaire organisé hier par webmanagercenter, filiale du groupe Internet management Group et ce en collaboration avec le Centre des Jeunes Dirigeants d'Entreprises (CJD) autour du thème : transparence financière, bonne gouvernance et développement économique : perspectives de l'après révolution en Tunisie. L'idée est de s'arrêter sur les origines de la pléthore des pratiques de malversations, de corruption, d'abus de pouvoir et autres avant de trouver des solutions pratiques pour la période à venir. L'objectif étant de redémarrer sur de bonnes bases, de manière à asseoir un modèle économique intègre, équitable, transparent respectant les règles de bonne gouvernance et à rompre avec les données erronées qui ont faussé l'œuvre de la croissance économique et sociale du pays.
Moez Joudi, universitaire et administrateur de sociétés s'est interrogé sur les origines de la défection de la gouvernance (à une grande comme à une petite échelle). Est-ce problème de loi, de comportement ou d'état d'esprit ? Est-ce une faille dans le système ou une responsabilité partagée ? Et quel que soit l'auteur, Moez Joudi a affirmé qu'il faut instaurer une nouvelle culture de transparence qui met en avant une réelle séparation entre les pouvoirs.
Qui a fait quoi : c'est la question qui se pose aujourd'hui par ci et par là. Depuis le 14 janvier, les chefs d'accusation se sont multipliés. Les acteurs financiers, les banquiers et les hommes d'affaires n'ont pas été épargnée des accusations et ont même été les premiers à êtres pointés du doigt, vu l'implication intentionnée ou pas du système bancaire dans le pillage du patrimoine tunisien par la famille déchue.
Il y a quand même des acquis
Toutefois, Fadhel Abdelkafi, président de la BVMT a affirmé que le tableau dressé des 23 dernières années n'est pas aussi sombre que cela et que le temps de dresser le bilan est encore très loin. « Je vais être ni noir ni blanc, mais un peu gris. Je dirais que durant les 23 années, il y a des gens qui ont cohabité, d'autres qui ont collaboré et une minorité qui s'est opposée, mais il y a quand même eu des acquis qu'il ne faudrait pas nier, notamment en ce qui concerne l'arsenal juridique et l'infrastructure financière». En effet les textes de loi réglementant le secteur financier n'en manquent pas, mais nombreux d'entre eux pour ne pas dire la totalité sont restés lettre morte. A vrai dire et selon le président de la Bourse de valeurs mobilières de Tunis les textes de loi étaient appliqués à la lettre pour les gens qui appartenaient au 2ème cercle alors que les acteurs du 1er cercle et qui ne sont autres que les contrevenants se débrouillaient toujours pour transgresser la loi.
Carthage Cement une « opération sacndaleuse ».
Fadhel Abdelkafi reste quand même confiant en l'avenir du marché financier et en sa capacité à contribuer au financement de l'économie nationale. A noter qu'actuellement le marché financier ne finance que 6% de l'économie avec une capitalisation boursière de 12 milliards de dinars, soit en 8ème position de la Bourse d'Egypte et en 12ème place par rapport à la Bourse du Maroc. « Il s'agit d'un gap au niveau du marché financier alors que nos entreprises et nos PME vont continuer à êtres surendettées et de jongler avec le rééchelonnement des dettes », ajoute le président de la BVMT en affirmant qu'il ya des valeurs qui n'ont pas su profiter quand même de leur introduction en Bourse et ont failli à leurs objectifs de départ tel le cas de SOTRAPIL, de la STIP et de Ciment de Bizerte. « Mais pour les entreprises publiques c'est un autre cauchemar, elles ne jouent pas le jeu et ne respectent pas les règles de jeu du marché… il faut en finir avec le délire », souligne M.Abdelkafi. Et d'ajouter : « face à un énorme marché institutionnel sous le règne de l'autocensure, nous n'attendons qu'un signe de reprise et la meilleure façon serait à mon sens de favoriser la notion de l'actionnariat populaire ».
S'agissant de la question d'introduction de Carthage Cement qui suscite actuellement la polémique, Abdelkafi a affirmé que dire que c'est une opération scandaleuse cela relève de l' impropre. Cependant et pour Chiheb Ghazouani, Universitaire et associé du Cabinet Ghazouani, l'introduction de Carthage Cement, ex-propriété de Belhassen Trabelsi est illégale. Ceci dit, la transparence financière et l'application effective des textes de loi restent les conditions sine qua non de l'essor du marché financier, un marché autrefois sclérosé et statique.
Jacques Terray, vice-président de Transparency International a mis l'accent sur le rôle du contrepouvoir dans la limitation de la corruption, laquelle s'inscrit selon ses dires dans la lutte pour le droit de l'Homme. « C'est une question de contrepouvoirs dont la presse, la société civile, les tribunaux et les commissaires aux comptes ».
« Il n'y avait pas de miracle économique en Tunisie »
Reste que la corruption, les pratiques de malversations, l'opacité de l'information en général et de l'information financière en particulier, ce sont des facteurs qui ont biaisé les indicateurs économiques du pays et erronés la réalité de l'économie nationale. C'est ce qu'a essayé de démontrer Ezzeddine Saïdane, Expert économique et financier (Directway Consulting). « Il n'y avait pas de miracle économique en Tunisie. C'était de la désinformation et on jouait sur l'inflation pour déterminer le taux de croissance et on s'amusait avec la définition de l'emploi. La croissance en Tunisie était beaucoup plus faible, l'investissement était en panne, la gestion n'a pas été rationnel, le déficit budgétaire est excessif, le système bancaire est essoufflé» : tel est le tableau présenté par l'expert économique qui a jouté que les 2500 milliards de dinars de prêts accordés à la famille déchue sont sous-estimés. Il ne s'arrête pas là pour enchaîner : « l'économie tunisienne est caractérisé par la rente, 19 milliards de dollars sont sortis de façon illégale, la corruption suivait une allure ascendante, l'économie tunisienne été contrôle par la clepto-ploutocratie…Toutefois la situation reste gérable et il faut un nouveau modèle économique en Tunisie »
Ezzedine Saidane, expert économique et financier affirme par ailleurs et contrairement aux prévisions annoncées que la croissance sera cette année négative en Tunisie et il faut espérer ne pas tomber sous les -3%. Sinon le danger social et économique sera plus grave et on risquera de dérayer le Révolution. « A mon sens il faut toucher le fond de la courbe rapidement pour reprendre le trend de la croissance. Avec une décroissance de 3% actuellement on peut espérer réaliser plutard une croissance de 7% à 8%....Au delà de -5% et de -10% la situation sera très grave »
L'expert économique propose par ailleurs l'instauration d'un nouveau modèle économique libéral qui décourage la culture de la rente, avec l'obligation de revoir les mécanismes du développement régional, de redéfinir les relations commerciales avec l'extérieur et de ramener la confiance. « Il y a beaucoup de nettoyage à faire dans l'économie », conclut M.Saidane.
Secteur public et privé, tous sont concernés par le nettoyage. D'ailleurs et dans ce même ordre d'idées, Abdessatar Mbkhout, Associé PriceWaterhouseCoopers a affirmé que l'argent public a été toujours mal utilisé, même avant Ben Ali et que la corruption est un grand problème tuniso-tunisien et un problème de culture avant tout.
Aujourd'hui, nous devons recommencer avec de nouvelles bases. Pour asseoir les règles de bonne gouvernance et améliorer la transparence financière, les acquis juridiques doivent êtres utilisés à bon escients et pratiqués à la lettre, sans discrimination aucune.


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