De Mustapha ZOUBEIDI - Habituellement lorsqu'on parle de football de rêve, seule l'expression est réelle, mais son sens est virtuel, car il est difficile de croire à une évolution harmonieuse basée sur une synchronisation parfaite d'incalculables mouvements croisés qui démentiraient le poète qui ne trouve pas de beauté dans les ligues brisées. Or samedi dernier, cet art qu'on n'évoque qu'en théorie fut une réalité démontrant quels sommets peut atteindre ce jeu fait justement de lignes brisées. Jusque là c'est du seul jeu qu'on parle. Or combien étaient-ils ceux qui, samedi dernier, n'étaient pas moins épris que les autres de Messi n'ont pas moins été ébahis par l'écrin qui contenait ce joyau sans prix. Combien étaient-ils ceux qui, comme chez nous déplorent le huis-clos tout en admettant sa nécessité, ont observé avec envie ce cadre aussi près de l'idéal dont ils rêvaient de le voir éclore un jour dans les stades de Tunisie. Aucune déclaration déplacée ni aucune protestation même après une égalisation susceptible d'être contestable et qui aurait mis le feu ailleurs qu'au temple de Wembley en ce jour béni. Aucun fumigène de joie ou de dépit dans les virages et pas la moindre idée d'un envahissement de terrain. Tout frôlait l'idéal : de l'horaire strict observé au comportement du public, du fair-play du vaincu applaudissant son adversaire jusqu'à la noblesse des gestes du vainqueur qui vont sûrement rejoindre la légende du football. Le premier geste, de solidarité entre les générations a consisté à faire entrer dans l'équipe au cours des dernières minutes du match, Puyol, le vétéran à la veille de sa retraite en lui confiant le brassard de capitaine afin de recevoir le trophée. Le deuxième, plus émouvant sans doute fut celui du même Puyol qui recevant la coupe l'a remise instantanément à Abidal, miraculé d'une hépatite et homme de couleur de surcroit. Ce fut le point d'orgue samedi à Wembley où une leçon pratique a été donnée au monde ce que doit être le vrai sens du football. On l'a vu samedi dernier à Wembley… le temps d'un rêve.