Réduction du taux d'occupation de nuitées et de recettes de plus de 50 %. Régression de réservations de plus de 60 %... Les chiffres du secteur du tourisme virent au rouge. C'est ce que déclarent les professionnels du tourisme (présidents de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie, (FTH), de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyage (FTAV) ainsi que les présidents régionaux des deux secteurs) lors de la conférence de presse qu'ils ont assurée hier, à Tunis. Ils parlent en fait d'invisibilité et d'incertitude par rapport à la haute saison. C'est le « flou total », crie Mohamed Belajouza président de la FTH qui tire même la sonnette d'alarme tout en lançant un appel au gouvernement transitoire pour venir en aide au secteur gravement sinistré pendant la Révolution et par les querelles en Libye.
Impact de la Révolution
Contrairement à ce que les professionnels s'attendaient, la Révolution n'a pas réussi à attirer les touristes même les plus fidèles. Si la Tunisie a pu faire parler d'elle dans les quatre coins du globe après le 14 janvier, elle n'est pas arrivée à capter les curieux. Pis, « les images des grèves et des sit-in diffusées sur les différentes chaînes télévisées n'ont fait qu'aggraver la situation », déclarent les conférenciers. D'autres faits résident également, derrière la régression du secteur à l'instar, de l'émigration clandestine à Lampedusa. A cet égard, le président de la FTH précise que nos émigrés clandestins ont fait que nous perdons un des principaux marchés européens, celui italien. « Un partenaire stratégique, le marché italien, s'est effondré », déclare-t-il. Parlant de l'impact de la Révolution sur le tourisme tunisien M. Belajouza considère que 2 millions de personnes vivant directement ou indirectement du secteur risquent de voir leurs sources de revenus en péril. Il lance ainsi un appel au gouvernement pour les aider à gérer cette situation de crise et sauver ainsi les postes d'emploi des professionnels. « Nous ne demandons pas des aides matérielles, mais une révision des modes de paiement des factures de la STEG et de la SONEDE ainsi que le ré-échelonnage des crédits bancaires », propose-t-il tout en ajoutant : « nous demandons de bénéficier des mêmes avantages accordés aux autres secteurs, tel que l'industrie et l'agriculture ». Si vital qu'il soit pour l'économie nationale, « le tourisme est négligé par le gouvernement », jugent les conférenciers. « Nous avons proposé une feuille de route pour sauver le secteur mais aucune réponse concrète ne nous est parvenue », réclament-ils.
Saison catastrophique
D'ailleurs, Tahar Saïhi, président de la FTAV confirme les mêmes propos du président de la FTH. Il qualifie la saison de « catastrophique », car les touristes ont changé de destination en optant pour la Grèce, l'Espagne et autres pays voisins. Il parle aussi d'annulation de réservations dans les agences de voyages toutes catégories et spécialités confondues. Même ceux qui misent sur l'organisation de la « Omra » ont vu leur activité chuter. « Les agenciers se retrouvent dans une situation difficile et nombreux sont ceux qui vont annoncer leur faillite », ajoute M. Saihi. Egalement, les présidents régionaux des zones Hammamet-Nabeul et Djerba Zarzis évoquent les mêmes problèmes. Jalel Bouricha déplore le comportement du ministère de tutelle qui « décide toujours pour nous », fait-il remarquer. « Rien n'a changé. Il faut que ça change car le secteur est très important pour la Tunisie », proteste-t-il. Enumérant quelques statistiques sur l'activité touristique à Djerba Zarzis, M. Bouricha, précise que 3000 employés ont perdu leur travail et 27 hôtels sont fermés depuis le 14 janvier. La situation est presque identique au Cap-bon où, 25 % des lits sont concentrés dans la région. M. Habib Bouslama attire l'attention sur la gravité de la situation et l'urgence de soutenir le secteur locomotive, de l'économie tunisienne. D'ailleurs, les professionnels jugent que les efforts déployés par le ministère et l'ONTT restent sans résultats fructueux. Même « les campagnes de marketing réalisées sont insuffisantes pour promouvoir notre destination », toujours d'après eux. Ils disent qu'ils sont « contre ces campagnes » et que le ministère refuse toujours de les écouter et de les impliquer dans sa stratégie de communication. Pourtant, « nous avons fait preuve de professionnalisme et de savoir faire car, notre secteur est déjà passé par d'autres crises au début des années 90 (1ère guerre du Golfe), la crise économique et les attentats du 11 septembre ». Vivant une situation difficile, les professionnels restent déterminés à ne pas miser pleinement sur le tourisme interne pour sauver la saison. Ils considèrent qu'il est suffisamment encouragé et qu'il occupe même la 3ème position. Sana FARHAT zgou [email protected] andalib [email protected] bezbez [email protected] corniche [email protected]