• Contrôle des risques ? Le trio de choc veillait au grain ! Selon des journaux électroniques, « le juge d'instruction du 5ème bureau du Tribunal de première instance de Tunis a interrogé vendredi 3 juin 2011 dernier Mongi Safra, ancien conseiller à la Présidence de la République, comparu en état d'arrestation. L'interrogatoire a vu une confrontation entre l'ancien conseiller et Houcine Doghri, Karim Abdelkéfi et Slaheddine Ladjimi à propos de la gestion de Cofib Capital dans le dossier de l'ex Banque du Sud. Au bout de quatre heures d'interrogatoire, Houcine Doghri, Karim Abdelkéfi et Slaheddine Ladjimi ont été laissés en état de liberté. Alors que Mongi Safra fut maintenu en état de détention ». Il est temps diraient certains que ce dossier de l'ex Banque du Sud soit enfin rouvert. Une catastrophe économique au vrai sens du terme et qui aurait causé à l'économie nationale des pertes chiffrées à près de 330 millions de dinars. Ce bouleversement subi par la Tunisie au lieu d'interpeller la conscience, n'a fait que réconforter certains de l' «élite» tunisienne dans leurs mêmes positions. Aucune réaction des « responsables » censés être « gardiens du temple ». Aucune analyse n'a été publiée, expliquant l'effondrement de l'une des plus anciennes banques de Tunisie. Au contraire, des « certificats d'innocence » ont été distribués aux ingénieurs de ce collapse. En voici le récit. Au mois d'août 2002, la Banque du Sud fut estimée à une valeur de 180 millions de dinars, alors qu'elle comptait un réseau de 91 agences, et accaparait une part de marché de 8%, ayant des milliers de clients et un capital de 100 millions de dinars. A la même période, la BTK (Banque Tuniso- Koweitienne), fut évaluée à 500 millions de dinars, alors qu'elle ne comptait qu'une poignée d'agences et de clients, et avait un même capital de 100 millions de dinars. L'Etat tunisien avait cédé 60% de sa participation dans le capital de cette banque pour 300 millions de dinars. Qui est le responsable de la faillite de la Banque du Sud ? Comment est-ce que cette banque s'est métamorphosée, l'espace d'une année, entre 2002 et 2003, d'une banque générant des profits, à un cadavre de banque mis à la vente ? Quelle est la responsabilité du ministère des Finances et quelle était la responsabilité du Conseil d'Administration de la Banque Centrale de Tunisie, qui approuvait ou cautionnait de longues années durant les résultats « exceptionnels » de la BS ? Qu'est-ce qui empêchait Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la BCT d'ouvrir une enquête sur les malversations au sein de la BS, malgré les pertes accumulées ? Quelle responsabilité des dirigeants et du conseil d'administration de la banque dans tout ce qui s'était passé ? Quelle est enfin la responsabilité des Commissaires aux Comptes, qui approuvaient les résultats désastreux ? Et enfin qui sont ceux qui ont le plus profité de cette faillite passée, presque, dans les oubliettes ? En 2002, date à laquelle il fut décidé de céder la Banque, quelques noms dirigeaient la BS ainsi que ses différentes et multiples commissions. Il s'agissait d'un trio qui chapeautait des commissions prenant des « décisions caractérisées par l'improvisation, la mauvaise gestion, le népotisme, la falsification et la fraude », nous précise-t-on. Des décisions qui auraient conduit la BS direct vers la faillite. Les facilitations furent accordées par une commission qui se tenait quotidiennement. Il s'agissait d'une commission qui décidait du paiement ou non des chèques et des traites (impayés) qui leur étaient présentés. Plus de 70% des crédits et des facilitations accordés de façon arbitraire, ont été décidés par cette même commission, nous assurent des cadres de l'ancienne BS. Des procès verbaux des réunions de cette commission en sont les révélateurs. Après accumulation du niveau des facilitations des comptes courants de certains clients, une majeure partie se transforme en crédits à payer sur le moyen terme, mais qui finissent toujours par ne pas être payés. La preuve : le refus catégorique de la BCT de rééchelonner la majeure partie des crédits à moyen terme déclarés par la BS. Une fois recyclés (les crédits), de nouvelles facilitations (encore plus d'argent public) sont insufflés dans les même comptes courants, et ainsi de suite. Beaucoup d' « amis » et de « proches » ont pleinement profité de cette méthode de gestion. Des pratiques qui ont fait que la BS a perdu tout contrôle sur la gestion des risques des clients. Et c'est d'autant plus plausible puisque les engagements de 30 clients ont atteint les 531 millions de dinars, soit 41,5% de l'ensemble des engagements de la BS. 17 clients parmi cette trentaine ont arrêté leurs activités, et leurs dossiers ont été classés, avec un contentieux de 252 millions de dinars. Et la cadence de ces facilitations dans l'accord de crédits n'a cessé de se maintenir pour arriver au 31/12/2002 à 104 millions de dinars aux noms de 7 clients de la banque. Dans tout cela, la Banque Centrale n'avait pas bougé le petit doigt, même lorsque les risques clients ont atteint 5% du capital de la BS, comme l'indique les chartes de la BCT. Car si la BS avait respecté ces chartes, elle n'aurait certainement pas accumulé des pertes de l'ordre de 50 millions de dinars, soit 50% de son capital au groupe laino (La Centrale Laitière du Nord) qui était la propriété de Jalel Ben Aïssa, fils de Arbi Ben Aïssa, ancien conseiller du président déchu. Un groupe dont les comptes 44047005329, 44047003746, 314047001500 et 44047004249 ont été utilisés pour y injecter encore plus de liquidités. Et face à l'incapacité de ce groupe à honorer ses engagements, la BS, à travers la commission de paiement, aurait choisi d'accorder encore plus de facilités. Des traites émanant de ce groupe de valeur entre 80 et 150 mille dinars d'impayés parvenaient quotidiennement à la banque. On les substituait par d'autres traites de mêmes valeurs, pour couvrir les impayés. Et c'est de cette façon que l'ancienne direction de la BS en perdant tout contrôle sur les risques, elle aurait instauré un mécanisme de fraude et de falsification dans l'objectif de cacher la réalité amère da la Banque. Ce n'est qu'en 2003 que des audits externes sur la Banque du Sud ont eu lieu. Et dans des rapports des commissaires aux comptes, on lit que « des manipulations des valeurs des garanties contre les crédits accordés ont été falsifiées. Les valeurs réelles de ces garanties avaient été exagérées sans raison apparente », peut être bien « dans l'objectif de couvrir les recouvrements ». Suite à cette manipulation, la direction de Laaroussi Bayoudh avait réduit les réserves de la banque afin de couvrir les risques. Au 31/12/2002, on avait annoncé que la BS n'avait besoin que de 70 076 710.622 dinars, alors que la banque avait réellement besoin de 320 millions de dinars pour pouvoir couvrir l'ensemble de ses risques. Rehausser la valeur des garanties et le non classement des crédits avaient permis à la direction de la banque du Sud d'annoncer d' « excellents résultats » et ce, face au mutisme de la BCT et de ses dirigeants, supposés être « les chiens de garde des ‘Watchdog' » contre toute forme de malversations et de fraude. Nous disposons d'une liste de 31 clients ayant bénéficié de crédits et de facilitations de crédits d'une valeur totale de 172,3 millions de dinars. Les garanties enregistrées dans les archives de la Banque du Sud concernant ces crédits parlent de crédits d'une valeur de 158,9 millions de dinars. Lorsque l'administration actuelle les a valorisés, il s'était avéré que leur valeur ne dépassait pas les 26 millions de dinars, soit un déficit de 133 millions de dinars. Dans une autre liste de 21 entreprises, cédées ou ayant arrêté leurs activités, les engagements de la Banque du Sud s'y élèvent à 135,7 millions de dinars, contre des garanties enregistrées de seulement 101,1 millions de dinars. Seuls 13 millions de dinars avaient été payés, alors que les pertes accumulées avaient atteint les 122 millions de dinars. Où sont allées toutes ces garanties déclarées par l'ancienne direction générale ? L'affaire de Cofib Capital en raison de laquelle d'anciens responsables sont interpellées, n'est donc que la partie émergée de l'Iceberg. A suivre….