Depuis la mort subite de son père, foudroyé par un infarctus étendu lui provoquant un arrêt cardiaque instantané, Fériel a été déstabilisée. Elle lui était en effet, très attachée et passait avec lui, la majeure partie de son temps, étant sa secrétaire particulière à l'entreprise de machines électroniques dont il était le propriétaire et le gérant. Elle avait d'ailleurs, après son mariage, avec l'un de ses cousins, continué à travailler, malgré l'opposition de son mari qui n'était pas estimé par le père de Feriel ou "Foufou" comme il aimait l'appeler, soupçonnant en lui quelqu'un d'opportuniste. Il avait d'ailleurs mis en garde sa fille, contre ce mariage qui semblait à ses yeux un mariage d'intérêt de la part du prétendant. Bien que celui-ci fut de la famille il était en effet d'un milieu social modeste par rapport à son heureuse élue dont le père était un richissime industriel notoire qui gérait des sociétés en plus de rentrées d'argent de ses multiples rentes, étant propriétaire de plusieurs immeubles et fonds de commerce. La jeune fille avait malgré cela tenu bon à ce mariage avec le jeune homme par lequel elle fut vraisemblablement entichée. A la mort de son père, elle était sa seule héritière, étant sa fille unique, et sa mère décédée depuis dix ans auparavant. Aussi son mari qui vivait à ses dépens depuis qu'il fut licencié de l'entreprise où il travaillait en tant que commis en connaissement voilà bientôt trois ans, changea de comportement devant le refus de la riche héritière de l'engager en tant que co-gérant dans la société de feu son père. Elle finit toutefois par l'engager en tant que chef comptable. Elle le chargeait des dépôts de sommes en liquide dans le compte bancaire de la société, et au fil du temps elle finit par lui faire confiance. Aussi omettait-elle d'exiger les reçus de la banque justifiant le dépôt desdites sommes. Cependant elle fut surprise un jour qu'elle alla procéder, elle-même à des dépôts à la banque, de découvrir que le compte de la société était largement débiteur. Le banquier qui s'occupait de la gestion du compte, l'informa qu'il lui avait envoyé une correspondance à l'adresse de la société, afin de l'inviter à la régularisation de la situation dans les meilleurs délais. La pauvre Fériel n'en revenait pas. Elle tombait des nues, d'autant plus que le débit était énorme. : 170 mille dinars ! Comment faire pour le résorber ? Elle demanda un délai au banquier avant de prendre congé de lui, pour aller s'enquérir auprès de son mari. Celui-ci fit mine de ne rien savoir ce qui aiguisa sa colère. -"Je te tiendrai pour responsable et je te poursuivrai pour abus de confiance !" lui dit-elle avec un air emporté et menaçant. -"Tu as des preuves ? Moi à ta place je réfléchirai par deux fois avant de procéder à des calomnies mensongères". Répondit-il avec un air cynique et nonchalant. Ce fut la dernière discussion qu'ils eurent ensemble. Ce fut du moins ce qu'il déclara à la police, lorsqu'il était allé l'informer de la disparition de son épouse, une semaine après. En effet, cette mystérieuse disparition a donné du fil à retordre aux agents de la brigade criminelle qui soupçonnant le mari de l'avoir éliminée, ne purent trouver aucun commencement de preuve ni indice en ce sens. Dans la somptueuse villa où résidait le couple, les enquêteurs ne purent rien découvrir de déterminant à part, cependant un mot écrit de sa main sur son calepin trouvé parmi ses affaires : "marre de vivre". Cela voulait-il dire qu'elle s'était suicidée ? Ni les enquêteurs, ni le juge d'instruction n'était convaincus de cette éventualité. Son mari accusé de malversations, étant co-gérant de la société était soupçonné de meurtre. Mais on n'arrivait pas à retrouver le cadavre, et son compte personnel était débiteur. A-t-il pu transférer l'argent qu'il avait détourné ailleurs ? C'est une éventualité qu'il fallait prouver d'une manière tangible. Et si la jeune femme était ailleurs et sous d'autres cieux avec l'argent ? Autre éventualité à envisager mais également sans preuve ! Au bout de cinq années, l'enquête fut abandonnée et l'affaire fut classée sans suite. Quant au mari, il n'était pas au bout de ses peines car il devait rendre compte de la mauvaise gestion de la société où il était en tant que co-gérant. Mais c'était tout à fait une autre paire de manches.