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Il surprend sa femme au lit avec son amant… Il est tué par strangulation
Faits de société - Un crime demeuré mystérieux depuis le Mouled dernier
Publié dans Le Temps le 06 - 07 - 2011

Une affaire à la fois déconcertante et scabreuse vient encore une fois rompre la quiétude coutumière de Ras-Jebel et alimenter les potins de la ville… Les protagonistes sont deux amants surpris en flagrant délit, par le maître des lieux, sur le lit conjugal de la triste héroïne, en tenue d'Eve et Adam… Pour étouffer le scandale dans l'œuf et échapper, aussi longtemps que possible, au courroux de la justice, le duo a tôt fait d'éliminer physiquement le mari infortuné, avant d'en jeter le corps dans un coin isolé de la cité.
Les deux tourtereaux devaient continuer, comme si de rien n'était, sur la même lancée, leur histoire d'amour, en attendant bien d'autres histoires… Un pied à terre commun, pied dans l'eau, à Rafraf plage, pour la belle vie en concubinage.
Découverte macabre
Le drame a éclaté au grand jour, au petit matin du jour du Mouled dernier. Une lève-tôt, parmi les ménagères de la cité, s'aperçoit en s'acheminant vers l'épicier du quartier, de la présence intrigante d'un bonhomme, cloué au sol, le visage masqué par un chapeau… Il était immobile et curieusement, pas du tout dérangé par la pluie battante qui l'aspergeait..
« Je croyais avoir affaire à un alcoolique ayant forcé la dose, nous révèle la bonne dame. Qui ne savait pas, selon ses dires, qu'elle venait de faire une découverte macabre, « Autrement, j'aurais reçu un choc aux retombées fâcheuses et je serais tombée dans les vapes » ajoute-t-elle.
Sitôt la mort quasi-unanimement confirmé, l'alerte est donnée. Une armada de policiers a investi les lieux pour appliquer méticuleusement les instructions du parquet. Et toutes les unités de la région sont à pied d'œuvre pour mettre le paquet et établir la vérité.
Une veuve attristée et non soupçonnée
Ce n'est que jeudi dernier que l'assassinat du mari trompé a livré son secret, si longtemps bien gardé, laissant ahuris et stupéfaits les habitants de la cité…
« Mon Dieu ! Qu'est-ce que j'entends ? » s'exclame l'une des voisines de la présumée criminelle ! Incroyable ! Qu'est-ce qu'elle a fait et n'a pas fait pour simuler la veuve sérieusement accablée et endeuillée !
Et dire qu'on allait la récompenser par une collecte qu'on comptait lui organiser ! Surtout qu'elle avait sur les bras deux orphelines infortunées. » Après avoir survolé l'histoire à travers des flashs chronologiquement désordonnés, il y a lieu maintenant de zoomer sur la genèse de l'affaire, telle que établie par les patientes investigations policières. Et aussi, par les divers témoignages recueillis sur terrain, auprès de l'entourage familial du défunt et un certain nombre de riverains.
Comme Monsieur-Dame Tout le monde
Le couple, ayant convolé en justes noces depuis environ quatre ans, doit assez bien commencer sa vie conjugale, avec un train-train quotidien, non exempt néanmoins de petites querelles de ménage sans ombrage. Et, comme Monsieur-Dame Tout le monde, les accrochages finissent généralement dans la gaieté, dans la chambre des intimités. Et comme on dit si bien, « Tout est bien qui finit bien »…
Le foyer, égayé au fil des années par deux jolies fillettes, est toujours à court de liquidité. La petite famille vivotait grâce au seul modeste revenu du père. Que lui procurait son métier non moins modeste de garçon de café, chargé de faire la toilette des narguilés et le bonheur des dépendants inconscients, des fameux « Maâsel » et « Jirac » empoisonnants…
C'est pour cela que la mère se met à courir, pour se faire secourir, derrière un second petit salaire, qui atténuerait le calvaire… Son physique agréable et son bagout-aidant, elle ne met pas longtemps pour décrocher un emploi alléchant, auprès d'une entreprise-textile des environs.
Le tournant
Si les trous budgétaires sont ainsi tant bien que mal comblés, d'autres trous se sont progressivement manifestés dans la vie conjugale pour dresser un creuset de plus en plus profond entre les jeunes mariés
Pourquoi ? Parce que la charmante employée a vite fait de séduire un sien collègue, se prenant pour Jeune Premier. Et du coup, le coup de foudre entre Rodrigue et Chimène est tombé comme une foudre sur le ménage sinistré.
Bref, la vie du couple est devenue de plus en plus insupportable. Et la conjointe, prise dans les filets d'autrui, meurt d'envie de dire elle aussi « dégage ! » au bonhomme avec qui elle ne fait plus bon ménage.
A la veille du Mouled dernier, et suite à une querelle plus violente qu'à l'accoutumée, le mari persécuté se résout à dégager les lieux, pour ménager ses nerfs et sa santé, de plus en plus fragilisée. Il se retire illico de son domicile, emmenant avec lui ses deux fillettes, s'empressant de les déposer auprès de leur tante paternelle. Après quoi, il est allé prendre de l'air, bien loin ailleurs….
Le champ est ainsi libre et le terrain déblayé pour les deux amoureux…
Quand le chat n'est pas là…
Et vive le portable des « belles » occasions ! Le compte rendu de la scène orageuse est aussitôt dressé et le programme « génial » est du coup, tracé.
Sitôt dit, sitôt fait. La nuit tombant la dame s'est vite trouvée entre les bras de son soupirant. Pour fêter à sa façon la fugue de l'époux encombrant.
Mais, coup de théâtre ! Voilà que le trouble-fête fait irruption dans l'espace réservé à ses plus strictes intimités. La fête dégénère vite en empoignade. Le combat étant inégal, le clan majoritaire finit vite par prendre le dessus et avoir la peau de l'adversaire, à la fois chétif et solitaire. Ligoté, bâillonné, rossé puis, étranglé, le mari infortuné rend l'âme tout de suite après. Il est alors vite ramassé et jeté par les co-inculpés dans un coin obscur du même quartier. L'enquête, actuellement dans un stade avancé, a permis d'établir les faits tels que nous les avons narrés. Elle a fini par autoriser le parquet de Bizerte (le juge d'instruction du premier cabinet) à placer les deux tourtereaux sous mandat de dépôt. Ils auront, dans leurs geôles, hermétiquement fermées, à méditer à loisir sur leur triste odyssée… Surtout que l'analyse ADN des traces de peau, découvertes sous les ongles de l'infortuné, correspondent parfaitement aux caractéristiques ADN du présumé co-assassin. C'est dire combien ce détail apparemment insignifiant, a été déterminant pour la désignation et l'accablement des deux audacieux amants.
Abou BADI
sabahbah [email protected]


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