Raouf KHALSI- Pour qui voteront nos concitoyens – et surtout nos concitoyennes - ? Ils ne le savent pas encore. Même les apparats d'assurance qu'arbore Ennahdha procèdent d'un large travail de sape mais il n'est pas sûr qu'un discours fondamentalement manichéen mais assaisonné aux recettes démographiques ne dégage pas déjà les relents âcres d'un endoctrinement charmeur ou d'une envoûtante séduction. Pour un peu, nous en serions actuellement au travail d'approche et de mise en confiance de la grand-mère (le loup) dorlotant le petit chaperon rouge ! Aujourd'hui, il y a désaffection vis-à-vis des bureaux d'inscription. On sait que le sport national par excellence pour nos concitoyens consiste à se bousculer les uns les autres aux derniers instants fatidiques pour « s'acquitter » d'une échéance. Pressés, harcelés par toutes sortes de supports de l'ancien régime (Oumadas, délégués, etc…) ils remplissaient tout au plus une corvée… Resteront-ils dans cette psychologie d'ici le 23 octobre ? Se décideront-ils à aller s'inscrire puis à aller voter ? Partout on est sceptiques. Sceptiques, d'abord, parce que, à tort ou à raison, la renonciation à la date du 24 juillet est ressentie comme une espèce de méprise dans la conscience collective. Sceptiques aussi parce que la Haute Instance administre la preuve de son incapacité à dégager un consensus, si ce n'est ce Pacte Républicain dont personne ne saisit les tenants et les aboutissants et surtout pas son éthique. Sceptiques, enfin, parce que la transition démocratique supposée nous conduire droit à la Constituante salvatrice est déjà trop fardée, obstruée, sacrifiée aux amalgames politiciens sur fond de destruction des institutions de l'Etat et de ses appareils. Car les vautours rôdent, tandis que la plupart des partis se réservent pour le show final… Un show face à des sièges vides ?