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3 - Quand la presse s'auto-contrôle
Retour d'Allemagne
Publié dans Le Temps le 28 - 06 - 2007

En Allemagne, pas plus qu'ailleurs, les journalistes ne sont pas toujours fidèles à leur déontologie. Ils peuvent, et souvent de bonne foi, publier des informations erronées, avancer de fausses interprétations, mentionner des noms sans autorisation ou porter atteinte à la vie privée de certaines personnes.
Comment prévenir ce genre d'abus ? Les confrères allemands ont trouvé la solution en créant le Conseil allemand de la presse (CAP). En Allemagne, comme partout dans le monde occidental, la liberté de la presse est constitutionnellement garantie. «Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, par l'écrit et par l'image, et de s'informer sans entraves aux sources qui sont accessibles à tous. La liberté de la presse et la liberté d'informer par la radio, la télévision et le cinéma sont garanties. Il n'y a pas de censure», stipule l'article 5 de la Loi fondamentale allemande, qui ajoute cependant un bémol: «Ces droits trouvent leurs limites dans les prescriptions des lois générales, dans les dispositions légales sur la protection de la jeunesse et dans le droit au respect de l'honneur personnel.»

Se protéger contre l'intervention de l'Etat
La législation permanente de la Cour constitutionnelle fédérale allemande stipule, par ailleurs, qu'«une presse libre, non dirigée par la force publique et non soumise à la censure est un élément essentiel de l'Etat libéral; en particulier une presse politique libre paraissant régulièrement est indispensable pour la démocratie moderne. Dans la démocratie représentative, la presse sert d'organe de liaison et de contrôle permanent entre le peuple et ses représentants élus au sein du Parlement et du Gouvernement.»
Le droit fondamental de la liberté de la presse comporte donc deux éléments essentiels. Il donne d'une part aux membres de la presse un droit de défense contre des interventions de l'Etat. En même temps, il garantit la liberté de la presse en tant qu'institution (indépendance et liberté de l'information, de l'opinion et de la critique).
L'Etat est donc obligé de tenir compte du postulat de la liberté de la presse dans son ordre juridique partout où le domaine d'application d'une norme affecte celle-ci. La libre création d'organes de presse, le libre accès aux professions de la presse et les obligations d'information des autorités publiques en sont ainsi les conséquences essentielles.
Les éditeurs et journalistes doivent cependant être conscients, dans l'exercice de leur métier, de la responsabilité qu'ils assument vis-à-vis du public et de leur obligation en ce qui concerne leur profession. Ils assument leur tâche en leur âme et conscience, libre de tout intérêt personnel et de tout autre motif. Du moins en principe. Car, en Allemagne comme partout ailleurs, les journalistes ne sont pas toujours fidèles à leur déontologie. Ils peuvent, et souvent de bonne foi, publier des informations erronées, avancer de fausses interprétations, mentionner des noms sans autorisation ou porter atteinte à la vie privée de certaines personnes.
Comment prévenir ce genre d'abus ? Comment un lecteur peut-il se défendre contre un journal qui lui a porté préjudice d'une manière ou d'une autre ? Les confrères allemands ont trouvé la solution en créant le CAP (en allemand Deutscher Presserat).

Quand la profession veille au grain
Fondé le 20 novembre 1956, sur le modèle du British Press Council, qui avait vu le jour trois ans auparavant, cet organe volontaire d'autocontrôle surveille le respect du code de déontologie et œuvre à réduire les abus de la presse et, le cas échéant, les corriger et/ou sanctionner les fautifs. Tout citoyen qui pense avoir été traité de manière déloyale par la presse peut ainsi s'adresser aux services de ce conseil. Une commission des recours décide ensuite des suites à donner aux demandes présentées. «Elle peut adresser un avis aux journaux qu'ils en tiennent compte à l'avenir. Elle peut aussi leur adresser une désapprobation ou un avertissement non public (afin de protéger la victime) ou, en cas de graves infractions en matière de publication, un blâme public que les journaux s'engagent à publier», explique Mme Ella Wassink, chargée des relations publiques au CAP.
Cet autocontrôle efficace rend superflu un contrôle externe par l'Etat et garantit la liberté de la presse vis-à-vis de celui-ci. Car si la profession veille à l'ordre dans ses propres rangs, l'Etat n'a plus de raison pour justifier son intervention externe. Mais si l'autocontrôle rend superflu le contrôle de l'Etat, il permet aussi d'éviter ou de réduire, autant que faire se peut, les recours à la justice.
Chaque année, près de 700 citoyens et citoyennes, associations et institutions s'adressent au CAP pour en obtenir des conseils ou déposer une requête. Près de 300 recours sont examinés par la commission de recours. Souvent, le CAP répond à des questions en rapport avec la publication de lettres de lecteurs ou de contributions satiriques. Il juge qu'une contribution comporte ou non des indications discriminatoires sur des groupes de personnes. Plus souvent encore, des publications sont critiquées en raison d'éventuels écarts au devoir de vigilance de la presse et aux méthodes d'investigation des journalistes ou à la violation du droit des personnes, notamment dans le cadre de reportages sur des procédures judiciaires.
Les plus gros tirages de la presse allemande, comme ''Stern'', ''Focus'', ''Bild Zeitung'', qui tire à 5 millions exemplaires, et ''Der Spiegel'', l'hebdomadaire de l'élite, ont été concernés par ces critiques. Le CAP parvient ainsi, dans la plupart des cas, à jouer avec succès le rôle d'intermédiaire entre les parties concernées.
Le CAP a ainsi blâmé un journal qui a déterré une histoire remontant aux années 60, celle d'un homme condamné pour meurtre, qui a purgé sa peine et repris une vie normale dans sa région. Le journal n'a pas cité le nom de l'ex-détenu. Cela ne lui a pas épargné un blâme, la commission ayant jugé que la personne concernée a purgé sa peine et est en droit de reconstruire sa vie.
Six mois avant les élections fédérales de 2002, un autre journal a publié la photo du chancelier Gerhard Schröder avec le sexe caché par une feuille de vigne aux couleurs de son parti. Un lecteur a déposé un recours auprès du CAP contre le journal. Mais la commission a jugé que la plainte n'était pas fondée, car la photo ne portait pas atteinte au chancelier ni à sa fonction.
Un autre journal a raconté le drame d'une jeune fille boulimique à travers le témoignage du propre père de celle-ci. Mais bien que le journal n'ait cité que le prénom de la jeune fille, la commission a jugé son acte inacceptable d'un point de vue éthique. Un journal régional a aussi été blâmé parce qu'il avait fait un compte-rendu détaillé d'un suicide, indiquant le nom du suicidé et publiant la photo de sa mort. Un illustré satirique a fait l'objet d'un blâme en raison de la publication d'un photomontage portant atteinte à la dignité humaine des personnes mises en cause.
Ces «blâmes de collègues» sont très peu appréciés - c'est un euphémisme - dans les maisons d'édition et les rédactions qui cherchent à les éviter dans la mesure du possible afin de ne pas ternir leur image auprès des lecteurs. Selon Mme Ella Wassink, «90% des maisons d'édition sont affiliés au CAP, respectent son code déontologique et publient ses décisions». Ce qui est le signe de sa grande réussite.


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