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“J'appelle les dirigeants sud-africains, français et bulgares à intervenir pour éviter mon extradition vers la Libye” Interview exclusive à «assabahnews.tn» de Baghdadi Mahmoudi :
Notre confrère Hafedh Ghribi, rédacteur en chef du journal électronique « Assabah News », a réalisé une interview avec Baghdadi Mahmoudi, à travers ses avocats Mes Ezzeddine Arfaoui, Mabrouk Kourchid et Mehdi Bouaouaja, qui ont été le voir en prison, hier, révélant pour l'occasion, son état de santé précaire malgré toute l'attention que lui réserve le service de santé de la prison, et même s'il a renoncé à la grève de la faim qu'il vient d'observer… Selon ses avocats, il est dans un âge avancé et souffre de dépression… Cet interview intervient après que la Libye eût demandé son extradition (toujours selon Assabahnews.tn). Voici le condensé de l'interview en question. • Question : Il y a beaucoup de versions à propos de votre entrée en territoire tunisien. Qu'en est-il ? - Réponse : Je suis entré en Tunisie à travers Ras Jedir, le 19 août 2011, c'est-à-dire, après la prise de Tripoli, d'un jour. Mon passeport a été régulièrement paraphé en plus de mon passeport diplomatique. Je suis entré en Tunisie légalement et, ce jour-là, j'avais encore fonction de Premier ministre libyen et la Tunisie, à cette période-là, reconnaissait le régime libyen et c'est ce qu'a, d'ailleurs, confirmé équitablement la justice tunisienne, laquelle m'a innocenté de l'accusation de pénétration en territoire tunisien de manière illégale et ce, en date du 27 décembre 2011. • Aviez-vous l'intention de vous installer en Tunisie ? - Non. Je projetais de partir mais je fus arrêté au moment où je m'apprêtais à le faire à travers un point frontalier légal, vers l'Algérie… Je comptais rejoindre ma famille. • Ne pensez-vous pas que vos relations avec les Tunisiens n'étaient pas bonnes ce qui expliquerait votre détention malgré le jugement en votre faveur ? - Je me considère comme étant le Premier ministre libyen qui a été le plus proche de la Tunisie à travers l'histoire contemporaine des relations entre les deux pays. J'intervenais en faveur de la Tunisie et la Libye à la fois lors de certains problèmes et la diplomatie tunisienne le sait parfaitement. Je viens, en effet, d'une région frontalière aux deux pays et j'appartiens aux tribus des « Nouaïel ». Quand j'ai été chargé de la fonction de Premier ministre, le volume des échanges entre les deux pays a atteint deux milliards et demi de dollars et j'ai œuvré à lever tous les obstacles à la libre circulation des personnes et de la marchandise. D'ailleurs, les produits « Made in Tunisia » étaient favorisés par rapport aux autres provenant d'autres pays. Cela m'a valu des critiques venant d'autres pays voisins. Mais, alors pourquoi n'avez-vous pas demandé l'asile politique à la Tunisie ? - Je ne l'ai pas fait compte tenu de la forte concentration de ressortissants libyens en Tunisie avec toutes leurs origines et il y avait un risque de transposition des conflits inter-libyens en Tunisie. J'ai refusé d'en faire partie et c'est pour cette raison que je n'ai pas demandé l'asile politique à la Tunisie. C'était pour lui éviter toute gêne. Dès lors que vous étiez le Premier ministre de Kadhafi, vous êtes, donc, compromis dans les crimes qu'il a commis. - Je n'avais que des relations strictement administratives avec Kadhafi. Il avait disparu durant six mois et je n'avais de contact avec lui que par téléphone ou par personnes interposées. Mon seul souci est d'assurer aux Libyens leurs besoins en matières premières avec les incertitudes sécuritaires patentes. J'ai essayé aussi d'enclencher une réconciliation nationale. J'ai proposé à nos frères de Benghazi des rencontres pour arrêter les effusions de sang. J'ai même demandé à des frères et amis d'intervenir et rencontré le secrétaire général des Nations Unies. Il y a eu des rencontres avec nos frères de Benghazi mais elles étaient informelles. Mes prérogatives n'étaient guère policières ou militaires comme on le raconte à tort. Je m'occupais des questions économiques et diplomatiques. J'ai contribué à la libération des infirmières bulgares. J'ai aussi contribué à la libération du touriste tunisien, dont il s'est avéré qu'il portait aussi la nationalité israélienne ainsi qu'à la libération de beaucoup de détenus étrangers en Libye, dont un grand nombre de Tunisiens. • Comment envisagez-vous l'avenir de la Libye après le départ de Kadhafi et qu'auriez-vous à dire au peuple libyen. -Je suis pessimiste. Je n'entrevois pas de stabilité en Libye à court ou moyen termes. En revanche, j'appelle les Libyens à préserver leur unité nationale. J'avais tenté de le faire, mais en vain. Maintenant, après le départ de Kadhafi, c'est possible. Vous êtes menacé d'extradition vers la Libye. Auprès de qui demandez-vous un recours gracieux ? - D'abord, auprès de la justice tunisienne. Et je sollicite auprès des honorables magistrats tunisiens de ne pas accéder à cette demande et d'ordonner ma libération dès lors que (je le répète) mon rôle en Libye se limitait aux questions économiques et diplomatiques et que je ne suis en rien impliqué dans les questions sécuritaires et militaires. Je sollicite aussi l'intervention en ma faveur auprès des dirigeants sud-africains, français et bulgares compte tenu qu'il n'y a pas de garanties juridiques aujourd'hui en Libye. Hafedh Ghribi (Traduction : La Rédaction du Temps)