Une lumière insolente de clarté irradie une cité vaillante que l'on veut faire basculer dans les ténèbres. La nuit est bien là présente à travers ses thuriféraires exaltés, défenseurs autoproclamés de la pureté fallacieuse d'un Islam, gauchi, dénaturé, malmené par leurs exégèses mortifères. Il y a dans le comportement de la nébuleuse salafiste, cette minorité agissante, tout un champ d'études pour les spécialistes des sciences humaines qui devront s'atteler à la tâche d'en décrypter, le champ lexical, les modes vestimentaires, les stratégies politiques et les liens incestueux avec la mouvance islamiste. Bégaiement passager et naturel pour certains d'un processus de transition démocratique, nécessairement long et couteux, ou glissement progressif vers une « Afghanisation » de la Tunisie pour les plus angoissés, le phénomène a de toute manière de quoi inquiéter. L'art et sa transmission ont constitué les cibles privilégiées de cette frange de la jeunesse déboussolée, échaudée par les prêches incendiaires de ces VRP de la culture de de la mort nourris au biberon wahhabite. La rencontre organisée par le syndicat des plasticiens, le 26 Novembre a été l'occasion de recueillir les témoignages d'enseignants et d'artistes sur les agressions dont ils ont été l'objet, chaque fois pour le même motif, celui de la prétendue illicéité de la représentation dans la religion musulmane. Blessée, la communauté des artistes, n'est pas prête à abdiquer, elle reste vigilante, soudée et mobilisée. Cette résistance est à l'image de celle d'autres secteurs de la société qui ont dépassé cette peur contre toutes les formes d'oppression et ne sont pas prêts de sitôt à céder sur leurs droits et leurs libertés à un moment où un putsch « démocratique » sur la Constitution se profile. Pour revenir à ceux dont les barbes sont les plus longues et le QI les moins élevés, il est évident que leurs agissements, servent quelque part, des stratégies de diversion de la coalition contre-nature au pouvoir, au sein de laquelle des dissensions commencent à voir le jour, même s'il y a lieu de s'étonner du soudain accès de colère, d'Ettakatoll et du CPR, « outrés » par l'hégémonisme d'un parti dont ils ont accepté docilement d'être les alibis démocratiques. Qu'un mois durant, les deux docteurs, n'aient pas abordé dans les négociations avec Ennahdha, l'étendue exacte de leur pouvoir, est difficile à croire, et si encore c'était le cas, il y a de quoi s'inquiéter de leur naïveté. Qu'ils aient été trompés par le parti islamiste, voilà une raison suffisante pour quitter la coalition. Mais voilà, le perchoir est trop tentant et Carthage si proche… Entretemps, une autre Tunisie, se bat pour ne pas se voir confisquer une liberté chèrement acquise, le Sit-in du Bardo, n'en déplaise aux barbouzes, aux partisans de l'ordre est le signe que « ce beau pays qu'est le mien » ne baissera désormais plus jamais les bras. Sortir de sa sidération, briser le mur du silence pour exercer sa citoyenneté, voilà une responsabilité historique que chacun de nous animé par un idéal démocratique devrait assumer quel qu'en soit le coût. Et surtout ne pas être prisonnier de cet amalgame, savamment entretenu de l'identité entre toutes les formes d'exercice de la citoyenneté et le refus du verdict des urnes. Ikbal Zalila