• Tractations laborieuses pour la constitution d'une liste consensuelle • Vers le rejet de la candidature de Adnène Hajji, ex-prisonnier d'opinion et ancien porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier Du jamais vu dans les annales du mouvement syndical tunisien ! Plus de 80 candidats se sont présentés pour les élections du Bureau exécutif de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), dont le congrès est prévu du 25 au 28 décembre à Tabarka. Et la liste n'est pas encore close. D'autant plus que les demandes candidatures envoyées par voie postale continuaient à arriver, hier encore, au siège central de l'organisation, à la place Mohamed Ali, quatre jours après la clôture officielle du dépôt des candidatures. Quatre membres du Bureau exécutif sortant figurent parmi les candidats déclarés. Il s'agit de Belgacem Ayari, Mouldi Jendoubi,Hassine Abbassi et Moncef Ezzahi, lesquels ont le droit de briguer un nouveau mandat conformément à l'article 10 du règlement intérieur, qui limite le nombre des mandats successifs des membres du Bureau exécutif à deux seulement. Cet article adopté lors du congrès extraordinaire de Djerba (février 2002), dans le sillage d'un tournant démocratique censé rompre avec les pratiques monocratiques de l'ère de l'ancien secrétaire général Ismaïl Sahbani, a barré la route à neuf autres membres du Bureau exécutif sortant, dont le secrétaire général de l'UGTT Abdessalem Jerad. Plusieurs anciens membres du Bureau exécutif national ont également présenté leurs candidatures. Il s'agit, entre autres, de Hédi Ghodbani, Abdennour Meddahi, Noureddine Fethalli, Abdelmajid Sahraoui et Slimane Mejdi. Rejet de candidatures Des secrétaires généraux de plusieurs union régionales et syndicats généraux de poids se sont aussi lancés dans la course électorale. C'est notamment le cas de Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l'Union régionale de Tunis, Mohamed Mesalmi (union régionale de Ben Arous) , de Sali Tahri (syndicat de l'enseignement secondaire) , Sami Aouadi (Fédération générale de l'enseignement supérieur) et Belgacem Jemni (syndicat général de la sécurité sociale) et Mongi ben Mbarek (Fédération des télécommunications). D'autres syndicalistes n'occupant pas actuellement des postes de responsabilités mais qui sont connus pour leur passé militant et leur activisme politique postuleront, par ailleurs, pour le treize sièges du Bureau exécutif national. Tel est notamment le cas de Adnène Hajji et Ahmed Kahlaoui. Selon une source proche de la section du règlement intérieur habilitée ces deux syndicalistes pourraient voir leurs candidatures rejetées. Ancien prisonnier d'opinion, membre de l'union locale de Radayef et ex-porte-parole du mouvement de protestation du bassin minier a vu son adhésion à l'UGTT gelée en 2008 alors que Ahmed Kahlaoui, ancien dirigeant du syndicat de l'enseignement secondaire président du Comité tunisien de lutte contre la normalisation avec Israël, ne dispose plus d'une adhésion à l'organisation depuis quelques années. Et last but not least, dix-sept femmes syndicalistes, dont Naïma Hammami ( syndicat de l'enseignement secondaire) et Habiba Sellini (fédération de l'agriculture) brigueront des sièges au Bureau exécutif, auquel les femmes n'ont jamais accédé depuis la création de l'UGTT en 1946. Liste consensuelle Cette pléthore de candidats, dont les étiquettes sont parfois difficiles à cerner avec précision, traduit les enjeux colossaux du 22ème congrès de l'UGTT. Placé sous le slogan «Ô peuple je t'aime» (Emouvant cri du martyr Farhat Hached qui exprime la confiance de ce leader nationaliste et syndical en son peuple, NDLR) , ce congrès ambitionne, en effet, de rompre avec les pratiques du passé et de redonner à l'organisation sa crédibilité d'antan. Après avoir été depuis l'indépendance de la Tunisie un véritable contre-pouvoir face à un régime monolithique et hostile à toute forme d'opposition, l'UGTT s'est retrouvée au lendemain de la révolution accusée d'avoir entretenu des relations équivoques avec le palais de Carthage comme en atteste le dernier rapport de la Commission d'investigation sur les affaires de corruption et de malversation (CICM) qui accuse ouvertement certains dirigeants de l'organisation d'«abus de pouvoir et de malversations. Et c'est d'ailleurs sur la base de cette rupture souhaitée avec le passé que se déroulent les tractations pour la constitution des listes qui entreront en lice pour les élections du Bureau exécutif. Selon les premières indiscrétions, une liste consensuelle est en cours de constituions. Outre les quatre membres du Bureau exécutif sortant qui briguent un nouveau mandat, cette liste devrait compter des représentants des unions régionales, dont Noureddine Tabboubi (Tunis), Mohamed Msalmi (Ben Arous), Abdelkarim Jerad (Sfax), et des représentants des secteurs comptant un nombre important d'adhérents comme Sami Tahri (enseignement secondaire), Hfaïedh Hfaïedh ( enseignement primaire) et Kamel Saâd ( fédération du tourisme). Les tractations se poursuivent entre les autres mouvances politiques qui traversent l'UGTT pour la constitution de deux autres listes, au moins. En attendant, les pronostics demeurent à ce stade très hasardeux tant les cartes sont brouillées.