• « La France défendra les intérêts de la Tunisie auprès du G8 et auprès de l'UE » • Seules 57 entreprises françaises ont arrêté leurs activités, alors que les investissements et les emplois créés sont en hausse : 1300 entreprises actuellement • Alain Juppé est rentré en France très rassuré quant à l'avenir des relations bilatérales et quant à l'avenir de la Tunisie • Une entreprise privée sera désormais chargée des visas Quatre axes de la coopération tuniso- française seront intensifiés au cours de 2012, affirme Boris Boillon, ambassadeur de la France en Tunisie, lors de la conférence de presse annuelle de la Chambre de Commerce Tuniso- Française du Commerce et de l'Industrie (CTFCI). Il s'agit bien du tourisme, de la formation professionnelle, du marché libyen et de la circulation des gens. Pour ce dernier point, une société privée se verra confier le service des visas. Selon l'ambassadeur français une société privée sera chargée, à l'issue d'un appel d'offres dont le dépouillement est encore en cours, d'assurer ce service d'octroi de visas. Sur un autre plan, le diplomate français est revenu sur la visite du ministre d'Etat français en Tunisie. Une visite qui a été selon lui « la première d'un responsable occidental en Tunisie après la composition du gouvernement. Une visite qui avait comme dénouement quatre conclusions claires à savoir la confiance dans l'avenir de la Tunisie, le respect mutuel, la solidarité entre amis ainsi que l'ambition pour l'avenir ». Cette conférence de presse a par ailleurs permis aux responsables de la Chambre de Commerce de revenir sur l'année 2011, une année qualifiée de « difficile », mais sans que cela n'ait de répercussions néfastes sur la coopération tuniso- française. Il ressort des chiffres publiés que la France demeure toujours le premier partenaire de la Tunisie, son premier fournisseur et son premier client. La France et avec 30% des exportations tunisiennes est le premier client de la Tunisie en 2011, 18% des importations tunisiennes proviennent de la France « loin devant tous les autres partenaires », indique l'ambassadeur de France qui rappelle que la France est toujours le premier investisseur en Tunisie, hors hydrocarbures, avec des investissements ayant atteint, courant 2011, 90 millions d'euros, contre des investissements de l'ordre de 100 millions d'euros en 2011. « Il s'agit là d'une baisse infime de 10% entre les deux exercices, étant donné le contexte de la dernière année en Tunisie. Une année qui a connu la baisse de 30% de l'ensemble des investissements étrangers en Tunisie» rappelle encore l'ambassadeur français. Ceci n'empêche qu' « on est dans une logique haussière, rétorque-t-il, puisque le nombre des entreprises françaises est passé de 1200 fin 2010 à 1300 entreprises fin 2011. Ceci a eu ses effets positifs sur les emplois créés par les entreprises françaises installées en Tunisie, qui offraient en 2010 100 mille postes d'emploi, un chiffre qui a crû pour atteindre 120 mille postes d'emploi, fin 2011 ». Toujours selon le diplomate français « l'année 2011 a été moins difficile que prévu pour les investissements français en Tunisie, puisque seulement 57 entreprises françaises, ou à participation françaises, ont dû cesser leurs activités en Tunisie. Par contre, et lors de nos visites fréquentes aux entreprises (françaises installées en Tunisies ou celles travaillant sur le marché français), nous sommes à chaque réconfortés par leurs responsables, dont une partie nous confiant qu'ils sont l'intention soit de maintenir leurs investissements ou de les étendre ». Il faut dire, et selon les chiffres de la CTFCI, que les échanges tuniso- français auraient vraiment pu être pire. Les importations tunisiennes de la France ont enregistré une croissance de 3.3%, grimpant de 6 milliards de dinars à 6,2 milliards, et que les exportations vers l'Hexagone ont enregistré une croissance de 13%, allant de 6,8 milliards de dinars en 2010, à 7.7 milliards de dinars en 2011. Par ailleurs, la baisse des IDE français a enregistré une baisse de 9%, passant de 231.3 millions de dinars en 2010, à 210.9 millions de dinars en 2011 « malgré l'investissement en portefeuille du groupe Orange de 35 millions de dinars réalisé en 2011 ». Plans d'action Pour 2012, le plan d'action commun entre les deux pays semble reposer sur le soutien à la société civile et la consolidation de l'Etat de droit, alors que sur le plan socio-économique on se confierait encore plus à la coopération multilatérale, notamment par la concrétisation des accords de financement aux pays du « Printemps Arabe » accordés par les 8 pays les plus industrialisés, à savoir les accords dits Partenariat de Deauville. Selon Boris Boillon « les promesses des pays du G8 sont d'accorder 760 milliards de dollars à l'ensemble des pays de la région sur une durée de 5 ans. La Tunisie a exprimé ses besoins, et devra recevoir annuellement 5 milliards de dollars. 2 à 2.5 milliards de dollars ont déjà été décaissés par la communauté internationale ». On prendrait cette déclaration avec réserves puisque beaucoup de responsables tunisiens ne cessent d'affirmer que très peu d'argent promis par les pays donateurs et les bailleurs de fonds, est jusqu'à ce moment réceptionné. Mais « la Tunisie peut compter sur la France pour être son avocat auprès des G8, ainsi qu'en ce qui concerne la question du partenariat avancé avec l'Union Européenne », a-t-il aussi insisté. Le diplomate français est revenu aussi sur les aides de l'Agence Française de Développement (AFD) en indiquant que « la Tunisie est toujours le pays qui bénéficie de la plus grosse mobilisation de cette agence dans le monde, dépassant tous les autres pays émergents. Depuis 20 ans, l'AFD a accordé à la Tunisie des aides de l'ordre de 2 milliards. En 2011, l'AFD a décaissé 200 millions d'Euros et c'est le même montant qui sera décaissé en 2012 ». Affirmant qu'il « fera de son mieux pour promouvoir la Tunisie en tant que site de production, en mettant l'accent sur son attractabilité », le diplomate français a formulé un « souhait qui n'est pas pieux, de voir les joint- venture entre entreprises françaises et tunisiennes foisonner pour s'attaquer au marché libyen ». Il affirme ainsi qu'une prochaine rencontre, à laquelle i prendra part, qui aura lieu avec les plus hauts responsables du Medef (le patronat français) au mois de mars prochain, lui servira d'inciter encore davantage les promoteurs français à garder leur confiance en Tunisie et même y voir une aubaine pour leurs affaires. L'ambassadeur de France a par ailleurs essayé de minimiser les effets de la crise économique qui sévit en Europe ainsi que la dégradation de la note souveraine de la France sur les perspectives de coopération avec la Tunisie, en soulignant qu'« il est encore tôt de se prononcer sur les effets de cette dégradation de la note. Et à travers la mobilisation des PME françaises, on saura remonter la pente pendant cette période ».