Le tourisme tunisien passe par des moments critiques. La barre étant ainsi placée haut surtout que plusieurs problèmes ne cessent d'entraver la profession. Aujourd'hui et face à cette conjoncture difficile, comment sortir de cet impasse. A qui incombe cette responsabilité ? Aux TO, aux professionnels ou à l'administration ! Le tourisme tunisien a du mal à décoller. Il ne peut pas prendre sa place dans le tourisme mondial La visibilité est nulle Les professionnels lancent des cris de dé tresse. Ils sont tous plongés dans une phase d'hibernation et ont peur de perdre leur tourisme. La Tunisie vit une mutation politique. Mais l'activité touristique ne suit pas. Que se passe t-il pourquoi cette régression de 50 à 60% sur des marchés traditionnels. Français, Anglais et Allemands ont été nombreux à tourner le dos au pays. Cela est expliqué par le ralentissement de la croissance dans la zone euro à cause de la crise financière. Mais on se demande pourquoi ce boycottage de la Tunisie par les pays occidentaux qui ont pourtant salué cette révolution de la démocratie. Le tourisme tunisien continue de subir les aléas d'un monde en plein bouleversement économique et géopolitique. Ainsi, après une année 2011 bien dur marquée par l'attentat d'Argana et le printemps arabe, cette année 2012 s'annonce, également, très difficile en raison de la crise économique mondiale. Mais qu'est ce qui freine vraiment cette activité. Habib Bouslama hôtelier à Hammamet ne mâche pas ses mots « l'image du pays est touché dit-il au site tourmag. Les médias étrangers et français sont pour beaucoup dans l'image qui est présentée de la Tunisie. Les manifestations et les sit-in sauvages, les grèves et autres phénomènes engendrés par le vent de liberté qui s'est mis à souffler sur le pays depuis cinq mois, ne doivent pas effrayer. Les Tunisiens font l'apprentissage de la démocratie. Laissez-nous quelques temps, mais ne focalisez pas sur ces travers qui sont en fait un passage obligé. Regardez, qui parle encore de l'attentat meurtrier de Marrakech ? En France, dès qu'un incident en Tunisie est rapporté par contre, c'est systématiquement de manière à effrayer le client et à lui faire croire que la sécurité n'est pas assurée. Faut-il rappeler que la Révolution tunisienne n'a touché aucune installation touristique ni aucun client ! » Faire face au dictat des TO ! Les touristes sont dans l'expectative. Donc ils hésitent à venir passer leurs vacances en Tunisie. Les Tour-opérateurs ne font rien pour booster la destination. Ils signent de plus en plus des contrats d'exclusivité avec les hôteliers et comme l'a dit Wahid Brahim ex DG de l'ONTT « Ces TO ont une emprise sur notre tourisme. Ces géants dictent leur loi et leur prix. Et là on se demande est-ce que les destinations profitent de l'implantation de ces TO ? Comment faire face à ce dictat de ces voyagistes ? » Ce rapport de force déséquilibré explique les très faibles prix de vente pratiqués par nos hôteliers et le bradage des prix. Faut-il suivre l'exemple des Turcs qui ont crée des TO pour sécuriser leur destination. Mais le problème reste que la Tunisie ne sait pas toujours bien communiquer, ne sait pas mettre en valeur et positiver son image. Nous avons multiplié en 2011 par deux et demi le budget alloué à la promotion du tourisme, soit 60 millions de dinars dont 26 millions seront consacrés à la campagne destinée au marché européen. Mais ces slogans n'ont rien apporté au pays car ils ne reflètent pas la vraie Tunisie. Il faudrait concevoir et asseoir un label distinctif pour certains produits propres à la Tunisie.(Thalasso, saharien, santé, ..) répondant aux normes internationales. Il est nécessaire aussi de lancer une communication qui renseigne sur la nouvelle réalité de la Tunisie, restaure la confiance des touristes étrangers et permet de renouer avec la performance. Un schéma global de développement inadapté La crise du tourisme tunisien et en particulier de l'industrie hôtelière est plus profonde qu'elle ne paraît. Elle n'est pas conjoncturelle, mais trouve ses racines dans le schéma global de développement sectoriel adopté depuis quelques décennies. Il ne faut pas oublier que le retard qu'accuse désormais la Tunisie est favorisé, selon les professionnels tunisiens, par le maintien d'un modèle de développement basé sur le tourisme balnéaire et des prix défiant toute concurrence. Cette stratégie de croissance qui profite largement aux tour-opérateurs a eu pour effet immédiat la détérioration de la qualité des services. On relève aussi la faiblesse très apparente des prix moyens par lit loué comparativement à ce qui est en vigueur dans les pays concurrents du bassin méditerranéen. L'écart est de 1 à 5 entre la Tunisie et la Turquie et de 1 à 3 entre la Tunisie et le Maroc. Nos hôtels sont en difficulté financière. Ils ont fini par accumuler un encours d'endettement vis-à-vis du système bancaire relativement important. Durant toute la période couvrant les trente dernières années, la multiplication par deux et demi en termes de recettes touristiques, semble caractériser une faible performance de la Tunisie par rapport à ses principales destinations concurrentes. Les recettes ont été multipliées par cinq pour le Maroc, par plus neuf pour l'Egypte, par sept pour la Turquie et la Grèce. Mais cette activité touristique a besoin d'une bonne structure administrative. Pourquoi l'ONTT n'a pas pu évoluer ? Habib Ammar directeur général de l'ONTT répondait tout simplement dans le site mille et une Tunisie « Elle est restée coincée dans sa fonction de bâtisseuse de la fin des années 70 et n'a pas su évoluer vers une fonction de régulation, de contrôle, de promotion…La structure actuelle est la même que celle qui avait la charge de lancer le secteur qui, aujourd'hui, a besoin de vitesse et de plus de dimension » C'est dire l'urgence de restructurer cette boite et de revoir aussi la fonction du représentant général de l'ONTT à l'étranger car la Tunisie a besoin de résultats. Pour quand l'open sky ? Le transport aérien est de plus en plus libéralisé. Partout, l'open Sky est devenu une réalité. L'ouverture du ciel aérien est un fait certain. C'est que cet open sky ne fera que renforcer la concurrence féroce déjà enclenchée par les compagnies charters. La Tunisie n'a pas de choix si elle veut booster son tourisme. Le transport low cost accapare 20% de part du marché européen. Plusieurs clients choisissent de plus en plus leur destination en fonction d'un prix. La Tunisie n'a pas encore développé ce concept bien que certaines compagnies européennes essaient de voler sur certaines régions comme Monastir et Djerba. « Nous n'avons pas de choix surtout que pas loin de nous douze compagnies aériennes à bas coûts (low cost) opèrent actuellement au Maroc dont 10 assurent 57 vols hebdomadaires,. C'est dire que le transport low cost doit prendre son envol en Tunisie cette année » affirme Ahmed Bettaieb agent de voyages qui ajoute “ Nous devrons nous adapter à la conjoncture internationale. Tunisair pourra lancer sa propre compagnie low cost. C'est bénéfique pour la compagnie. Grosso modo, le prix low cost est de 20 euros par heure de vol. A preuve, ce moyen de transport est de plus en plus prisé. Nous devrons suivre le Maroc. Notre compagnie Tunisair pourra bien se positionner sur ce créneau. On pourra ainsi, nous dit un hôtelier de Hammamet, nous libérer de la main mise des tour-opérateurs qui accaparent tout : de l'hôtel au bus jusqu'à l'avion. Ce Low-cost nous permettra de faire exploser le nombre des arrivées et de baisser de manière significative le coût des voyages. Bref, notre tourisme a besoin d'une vraie thérapie, d'une nouvelle stratégie mais nous devrons rester réalistes et s'adapter au bouleversement du paysage touristique international. 2012 a commencé. Nos professionnels doivent bouger plus et aller en avant au lieu de s'alarmer et baisser les bras. Il ne leur reste plus qu'à travailler autrement Kamel Bouaouina