- Les estivants se ruent vers les destinations lointaines où ils jouissent de tranquillité et de bonnes conditions de baignade Les week-ends, il est fréquent de prendre la route pour dénicher une bonne plage bien isolée à des dizaines de kilomètres de Tunis. Les familles, les couples et les bandes d'amis sont souvent les amateurs de ce genre d'escapade accompagnée d'un pique-nique bien garni. Seulement, aujourd'hui même pendant la semaine, on constate de plus en plus un mouvement massif vers les plages de Hammamet et du côté de Bizerte. Les routes sont saturées et les plages habituellement désertes sont pleines à craquer. Même pour une trempette d'une heure, les baigneurs n'hésitent pas à faire des kilomètres. Les plages locales ne sont plus au goût du jour ? Certaines plages sont cataloguées depuis longtemps, et la majorité des tunisiens les fuient, sauf ceux qui viennent de débarquer dans la capitale. Des plages où pas un centimètre n'est libre et la fréquentation faite de familles nombreuses et de jeunes enfants fans de ballon et de jeux bruyants. Il y a quelques années, la Banlieue Nord et les plages de Gammarth faisaient le bonheur des baigneurs exigeants qui n'aiment pas se mélanger au magma de citoyens brouillons et qui font un scandale pour un peu de sable projeté sur leur serviette. Aujourd'hui, même ces plages ne séduisent plus et ne sont plus qu'une destination unique pour les familles sans voiture, venues en grand nombre pour passer une longue journée au soleil. Cela sans parler des plages aménagées où des campings sont carrément installés, pour quelques jours. L'état des lieux ne permet pas une vraie détente et la virée se transforme en désolant constat de la souffrance de l'environnement suite aux affres de la bêtise humaine. Ni les familles ni les jeunes ne s'y trouvent à leur aise. Les raisons de la fuite vers d'autres horizons sont claires comme de l'eau de roche. Une forte densité de baigneurs qui ne font pas les mots fléchés tranquillement sous leur parasol, bruits et agitation continues, manque de civisme et anarchie... Pour fuir tout cela, direction Bizerte, Hammamet, Hawaria, tout ce qui peut permettre une baignade tranquille avec le moins d'estivants possibles. C'est le « comportement estival » généralisé. Cette escapade n'est pas réservée aux gens qui ont les moyens parce que c'est devenu une nécessité, on s'entasse dans la petite voiture populaire, on cotise pour l'essence avec les jeunes du quartier, on prépare tout à la maison pour ne rien acheter ailleurs, et les moyens sont là. La séance unique permet le déplacement quotidien donc à l'entrée des autoroutes, on roule au pas. Ces plages de rechange sont loin d'être des zones vierges mais la qualité de la mer est meilleure et les chances de trouver une place pour la serviette plus fortes. Si on est persévérant et exigeant, il faut s'aventurer encore plus loin pour être vraiment seul sur le bord de la mer. Des routes rocailleuses et de longues marches à pieds pour trouver des criques à l'eau limpide. Bizerte et Raf Raf même s'ils sont à leur tour assaillis par les estivants, offrent l'espoir de trouver un coin tranquille après des centaines de mètres de marche. Les gens aisées et initiés à l'art de dépenser une fortune pour une journée à la plage, visent plutôt les plages luxueusement aménagées, genre plateau fruits de mer et transats bien confortables, du côté de Hammamet. Malgré les efforts d'assainissement des plages et de sensibilisation sur l'utilité de ne pas les salir, les plages de Tunis ne sont plus du tout « fréquentables », et les pauvres gens qui n'aiment pas cette pollution et qui n'ont pas vraiment les moyens d'aller ailleurs sont obligés d'endurer chaque semaine les horreurs d'une journée passée sur une plage transformée en dépotoir.