Il y en a qui confondent le chemin et la quête, lui a juste choisi de s'absenter un temps. Partir, pour mieux revenir ? S'absenter, pour mieux éprouver la force du manque ? C'est peut-être une façon de parler mais cela a nourri sa soif, inextinguible, du beau, de l'ineffable, de ce qui fait que l'on puisse résister, à tous les vents et tempêtes, juste pour le plaisir infime, à nul autre pareil, de pouvoir faire chanter des couleurs sur une toile, éclaboussée de lumière, histoire d'oublier que la « nuit, vient toujours après le jour »… Sa « légende personnelle » ? Un hiatus de quelque vingt années, à l'issue desquelles il émergera, comme au sortir d'un long rêve, pour retrouver ses pinceaux. Fethi Zbidi exposera en mars 2012 à Washington, quand septembre le retrouvera à New York (ONU), toujours pour une exposition personnelle, à l'initiative des ministères de la Culture et des Affaires étrangères tunisiens. Changera-t-il de palette chromatique ? arpentera-t-il d'autres sentiers dérobés ? S'inscrira-t-il dans des chemins de traverse ? Il faudra attendre pour en juger. Mais cet enfant de Sousse, artiste-plasticien et architecte d'intérieur, qui a dû délaisser sa passion première, au profit d'un métier, autrement porteur lorsque l'Art affichait pavillon bas dans ces quartiers, est revenu à ses anciennes amours. Non, il n'a pas été infidèle et a sillonné le monde en exposant sa peinture, jusqu'à ce qu'il soit acculé à changer son fusil d'épaule, acceptant de mettre sa passion entre parenthèses, pour mieux la retrouver, avec ardeur, un temps plus tard… Il affectionne les bleus ? La Méditerranée a le parfum entêtant et la nostalgie tenace. Les jaunes font vibrer le cœur de ses tableaux ? Cette lumière si spécifique, chère à Paul Klee, a toujours nourri son œuvre. Il ne fait pas seulement danser les formes et les couleurs ? Ces signes « distinctifs » inscrits dans les replis de ses abstractions sont ses calligraphies de prédilection qui disent sa volonté de ne jamais s'inscrire en faux, contre le sens des origines, car on n'est rien si on oublie d'être soi. Fethi Zbidi vous le dira, encore une fois, à sa manière, juste au détour d'une toile, qui parle du temps qui passe et de la joie d'être toujours capable, en dépit des années, d'honorer sa passion avec autant de fougue. Ce n'est pas rien…