Hier avec des amis et des copines de son âge, nous avons souhaité bon vent à Arafat ben Marzou, un jeune de moins de trente ans qui partait pour Pékin … à vélo ! Oui, vous avez bien lu, à vélo. au-delà du pincement au coeur que je ressentais en lui faisant la bise et en lui souhaitant dans les formules de ma défunte maman qu'il ne sera toujours, là où il va, retrouver bonnes âmes, et que " Dieu éloigne de son chemin, injustes et enfants du Mal ", au-delà de ma peine à le voir quitter les siens et ce pays qu'il vient tout juste de libérer avec les jeunes de Tunisie, je me déterminais au fond de moi de lui dédier cette chronique. Rien en effet ne me parut soudain plus politiquement urgent et plus digne d'être rapporté que son portrait à cet instant précis de son départ. En tant qu'enfant de ce pays qui est le nôtre, Arafat n'a vraiment rien d'exceptionnel lui venant d'ailleurs que de lui-même: fils d'un modeste artisan, il a fait toutes ses études ici-même, à l'école et à l'Université publiques, brillamment et tranquillement, puisque, devenu jeune homme, il a toujours travaillé pour gagner des sous et aider ses parents à le " supporter " plus facilement. Son diplôme d'ingénieur en poche à sa sortie de l'ENIT, il fait ses preuves sur le marché du travail, comme enseignant vacataire puis comme ingénieur de terrain, avant de se tenir en face de ce bon génie qui donne des ailes aux meilleurs d'entre nous pour décoller et se surpasser. Pemiére folie bénie : il décide de tout laisser tomber pour traverser le grand Sahara jusqu'à Dakar… et à pied! Parti alors de Tozeur par le point frontalier de Hazoua, il s'engage dans le désert algérien, connaît les joies des immenses oasis de Laghouat, les monts silices et sans âge du Hoggar et du Tassili jusqu'à Tamanraset. Arnit au Niger, puis Niamey la capitale. Il traverse de bout en bout le Mali via Bamako et pénètre au Sénégal, loin enfin des immensités de la soif et de la solitude. Il reviendra au pays après une année de rêveuse et éreintante promenade digne des travaux d'Hercule muni d'un lourd bouquet de singulières rencontres, d'amers moments de souffrances et de fatigues, mais comme neuf, comme re-enfanté au bonheur de vivre dans l'effort. Le voici qui récidive. Départ hier pour Istamboul par avion d'où il chevauchera sa bécane, cap sur Pékin… Son itinéraire contournera cette " prise de tête et de pédales que sera l'Afghanistan, traversera l'Iran, puis le Turkmenistan, l'Uzbekistan, le Tadjikistan, le Tibet, une virée par le Népal. Il rentrera de nouveau dans le territoire de l'empire du Milieu par Cashgar dans le Xing-xiang… Que nos lecteurs adressent un salut vif à ce jeune monsieur et que les amis, même qui ne le connaissent pas lui souhaitent bon succès et surtout bon retour quand il aura réalisé son désir.