Le dédommagement des ingénieurs agronomes et des techniciens dont les lots de terrains dits « lots techniciens » qui leur avaient été attribués dans les délégations de Jébéniana, El Amra et El Hencha ont été mis à sac lors des événements du 14 Janvier 2012 vient de faire l'objet d'une réunion de travail présidée par le ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières, M. Slim Ben Hmidène, le lendemain de la visite de terrain qui l'avait conduit sur les lieux pillés et ravagés. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de ces débordements aveugles, selon Mohamed Zaghdane bénéficiaire d'un lot technicien à Essaâdi, délégation d'El Amra, il serait utile de revenir aux premières années de l'indépendance quand les habitants à proximité des terres domaniales avaient le loisir d'en vivre, quoique sans le moindre droit ni le moindre titre. Or, en 1995, l'attribution des lots à des ingénieurs agronomes et à des techniciens a été vécue, même indûment, comme une spoliation frustrante. Et c'est ce sentiment de dépossession qui allait émerger le 15 janvier 2011 donnant lieu à des actes de pillage, de vandalisme et de destruction par le feu, de ces exploitations tenues par les nouveaux occupants, « des enfants du peuple, installés d'une façon légale, en vertu de contrats signés avec les structures compétentes. » Mise en valeur et rayonnement sur le voisinage En effet, ces lots couvrant 2200 ha, avaient été attribués aux 48 bénéficiaires dans les délégations d'El hencha, El Amra, Jébéniana, Menzel Chaker, Agareb et El Ghraïba, dans les années 1995, 1996 et 1997. Comme le précise Mohamed Ben Saïda, secrétaire général de l'Union des Ingénieurs –Agriculteurs de Sfax, il s'agit en fait de terres domaniales peu productives, voire même, pauvres, situées loin du centre de l'agro combinat, attribuées à titre expérimental. L'initiative allait s'avérer judicieuse : amélioration considérable de la production d'olives, d'amandes et de cultures maraichères, doublement de la production d'olives par pied d'olivier, introduction de la culture irriguée, pratique pionnière de la culture biologique de l'olivier et production d'une huile bio très demandée en France, Allemagne, Suisse, Italie...,rayonnement sur l'environnement immédiat et création de l'emploi. Bref, c'était une vraie métamorphose pour ces espaces mis en valeur où se sont érigés des bâtiments modernes. Actes de vandalisme Le 15 janvier 2011, la vague incendiaire, les actes de destruction et de saccage perpétrés, nous dit-on, par une minorité de gros bras et de pilleurs des zones d'El Hencha, El Amra et Jébéniana ont laissé derrière eux un spectacle de ruine et de désolation, des dégâts se chiffrant à environ 2,5 millions de dinars et 22 ingénieurs exploitants sur la paille, croulant sous le poids de la dette. Comble du défi, les pilleurs, au mépris de la loi, au vu et au su des autorités, ont ramassé l'actuelle récolte d'olives au grand dam des exploitants ! Deux impératifs : le dédommagement et la sécurité Dès lors, se pose la question de l'urgence des dédommagements pour permettre la reprise des activités, d'autant plus que la prochaine saison agricole s'annonce sous les meilleurs auspices. C'est dans ce cadre que s'inscrit la récente réunion avec le ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières, M. Slim Ben Hmidène. Le rétablissement de la sécurité est également d'une nécessité vitale pour la reprise du travail, faute de quoi, « le scénario du pillage de la récolte » va se reproduire l'année prochaine. A ce propos, notre interlocuteur s'est dit rassuré par les promesses, faites en ce sens par le gouverneur de Sfax. Il est cependant indispensable, de commencer d'abord par des négociations avec les agriculteurs et les habitants du voisinage. Les solutions envisagées Le dialogue avec les voisins, comme préalable à la reprise, est d'autant plus nécessaire que d'après le ministre des Domaines de l'Etat et des Affaires Foncières : « Les habitants de Jébéniana, El Hencha et El Amra ont exprimé leur colère quant à la façon dont sont exploités les lots techniciens et contre les exploitants de ces lots. En ce qui concerne les solutions envisagées, l'une des décisions prises au cours de la réunion porte sur la mise sur pied de comités de dialogues formés par les citoyens dont les réunions prévues au siège du gouvernorat à partir du lundi 20 février s'inscrivent dans une volonté commune de surmonter cette situation de colère et d'anarchie sur le plan local. En ce qui concerne les dédommagements, s'agissant de principes contractuels, avant de s'engager, il va falloir examiner les conditions contractuelles et examiner les possibilités de dédommagement »