• Un premier fonds « islamique » sera opérationnel dans un mois et demi : les secteurs « non halal » seront exclus du champ de financement A l'heure où le gouvernement sollicite un besoin de financement extérieur de 35 à 40 milliards de dollars nécessaires à la réalisation des objectifs de développement. Le déficit en ressources financières de l'économie nationale est un fait corroboré et palpable. Il est inutile et fastidieux de revenir sur les raisons qui ont amené à cette situation rocambolesque de caisses vides et même les avoirs de Ben Ali tant réclamé à cor et à cris ne sauraient sauver la mise. Comment alors mobiliser les ressources à moyen et longs termes à mêmes de dynamiser les investissements productifs et par ricochet l'emploi. La caisse des dépôts et des consignations lancée en mois de novembre 2011 pourrait elle contribuer à alimenter les ressources nationales, ou serait-elle un instrument parmi d'autres (Les fonds d'investissements, les SICAR…) renvoyés aux calendes grecques ? Pour présenter les objectifs et l'état d'avancement de la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), un déjeuner débat a été organisé avant-hier par la Chambre tuniso-française de Commerce et d'Industrie (CTFCI). Dans son allocution d'ouverture, Foued Lakhoua, président de la CTFCI a mis l'accent sur le besoin pressant de la Tunisie de quelques points de croissance pour finaliser le programme économique et social de la période 2012-2016, d'où la nécessité de créer des mécanismes aptes à mobiliser les ressources nécessaires au financement des investissements dont la CDC. Une expérience qui a donné ses preuves dans plusieurs pays dont la France, mais pour qu'elles raisons les autorités compétentes s'emploient aujourd'hui à raviver un concept lancé en Tunisie en 1918, mais qui a resté lettre morte ? Pour répondre à cette question, Jamel Belhadj, Directeur Général de la CDC a présenté les arguments favorisant la mise en application de la dite Caisse. La fragilisation de l'économie nationale, la croissance négative, la détérioration du climat social au sein de certaines entreprises, l'interminable attente en matière d'emploi et du développement régional, le manque de ressources pour le long terme et des outils de placement, sont les raisons avancées par le DG de la caisse pour argumenter sa création. A rappeler que la caisse a été créée avec une force de frappe de 50 MDT dont 3 MDT à titre de participation de l'Etat. La CDC est avant tout un investisseur public dédié au développement de l'investissement à long terme. Elle interviendra en tant qu'un instrument d'appui à l'investissement. En tant qu'investisseur d'intérêt général, la CDC investit sous forme de fonds propres ou quasi fonds propres pour le financement des PME, et des grands projets d'infrastructure ou sous formes de participations stratégiques et toujours dans le capital. « Nous intervenons comme fonds propres ou encore nous investissons dans le capital et nous jouons le rôle de tiers confiance pour ramener le secteur privé à investir dans les grands projets d'infrastructure, d'où un effet d'entraînement auprès des investisseurs privés», affirme le DG de la CDC qui investira exclusivement dans les projets viables et rentables présentant des cash -flows importants. Quels apports ? Trois priorités annoncées pour la CDC : favoriser le développement des investissements, soutenir le développement des PME et participer à la modernisation du marché financier. Mais comment ? Jamel Belhadj affirme que : « la CDC apporte un effet de levier, une action « contracyclique » et un effet démonstratif ». En matière d'effet de levier, la caisse s'apprête à mobiliser les ressources publiques notamment pour pallier l'accroissement du déficit budgétaire et du taux d'endettement qui pourrait atteindre les 50% d'ici la fin de l'année 2012. « Notre rôle est d'attirer l'investissement en jouant sur le partenariat et notamment celui provenant de l'étranger», affirme le DG de la caisse. Laquelle se présente également en tant que facteur créateur d'une dynamique « contracyclqiue » et comme un outil keynésien par excellence en période de crise. Par ailleurs, Jamel Belhadj réconforte et apaises les contraintes des SICAR, des banques et des institutions concurrentes pour affirmer que la CDC opérera en tant qu'un partenaire et non en tant que concurrent. Etat d'avancement S'agissant de l'état d'avancement, le DG affirme qu'ils sont aujourd'hui en train d'affiner les métiers d'intervention de la dite caisse. Un accord a été signé avec la société islamique pour le développement (SID), une filiale de la BID (Banque islamique de développement) pour la mise en place d'un fonds pour le financement de projets de développement. « Certains secteurs seront exclus du champ de financement du dit fonds et notamment les secteurs « non halal » », affirment le DG de la CDC. Et d'ajouter : « Le Fonds sera opérationnel dans un mois et demi ». Ainsi et après 23 ans d'oubliettes, la Banque Islamique de Développement semble revenir en force dans le schéma de financement de l'économie tunisienne d'aujourd'hui. Par ailleurs d'autres projets sont prévus avec l'ONAS et la SONEDE. Le DG de la Caisse prévoit la réalisation d'au moins un grand projet d'infrastructure d'ici la fin d'année avec un portefeuille d'investissement allant de 200 à 500 MDT.