Voilà donc le nouveau cheval de bataille : eh hop allons-y dans le révisionnisme politique ! Chaque semaine apporte son lot d'hérésie politique et il est clair que les forces occultes qui gèrent le pays sont en train de conditionner le gouvernement, dont les membres, obligés d'être solidaires, font tintiller le même son de cloche. Que l'histoire cesse d'être amnésique et qu'elle soit réécrite en vertu des faits et interprétée selon les normes dialecticiennes et positivistes, voilà qui lui redonnerait une virginité perdue depuis longtemps. Mais que nous remplacions le révisionnisme par un autre type de révisionnisme, fait que l'Histoire sera toujours l'otage d'un cycle, sinon d'un régime et des lubies fantasmatiques des négativistes. Ce que Ben Ali a fait avec l'Histoire de Bourguiba et ce que celui-ci – malgré la maestria de Raja Farhat – a fait subir comme coups de lifting à son cheminement de « Combattant Suprême », sont reconduits au détail près par les nouveaux maîtres du pays. Qui exhume « le martyre » des « Youssefistes », dont on accuse aujourd'hui Béji Caïd Essebsi; qui drape le tout de la sainte horreur endémique de la Tunisie vis-à-vis de l'expansionnisme panarabe; qui justifie la présence du sinistre Wajdi Ghoneïm dans nos tribunes et dans nos mosquées par le vide en « Ulemas » qu'auraient provoqué la laïcité et l'article 1 de la Constitution qu'on feint de sacraliser ! Nous sommes décidément dans un cycle de rupture avec tout ce qui a rendu la Révolution du jasmin possible. Nous espérions que réparation serait faite, que justice serait rendue aux jeunes et qu'une union sacrée serait décrétée. Il aura pourtant fallu s'arrêter, là où ceux qui ont fait la Révolution, n'avaient guère prévu de le faire pour prêter l'oreille à ce grondement souterrain, un grondement qui dure depuis le 23 octobre, sérieux grand ébranlement sur le sol des certitudes de cette Révolution.