A l'issue d'une dizaine d'heures de délibérations, le Tribunal Militaire Permanent de Sfax a donné hier, vers le coup d'une heure du matin, son verdict dans l'affaire dite de Ksour Essef, prononçant la peine de cinq ans à l'encontre du lieutenant de police Ali Mouldi, et de l'agent de la sûreté nationale Bahaeddine Alouane, qui comparaissaient en état d'arrestation. Les deux autres coaccusés, l'adjudant-chef Ali Dammegh et le sergent-chef Fethi Dérouiche, actuellement en état de fuite et jugés de ce fait par contumace, ont été condamnés à quinze ans de prison. Les quatre prévenus étaient traduits en justice pour répondre des chefs d'inculpation de meurtre et de tentative de meurtre sur la personne de quatre agents de la garde nationale, le soir du 15 janvier 2011, dans la ville de Ksour Essef, gouvernorat de Mahdia. Un petit rappel des faits : le soir du 15 janvier 2011, le chef du poste de la garde nationale de la Chebba, Mohamed Boufrikha, en tenue civile était au volant de sa voiture personnelle, accompagné de quatre agents du même poste, en uniforme. Partis de Mahdia, ils se dirigeaient vers leur lieu de travail à La Chebba. Pendant qu'ils traversaient la ville de Ksour Essef, ils ont été stoppés par un comité de vigilance. Comme ils étaient armés, et en dépit de la vérification de leur identité et des uniformes, ils n'ont pas réussi à convaincre les membres du comité de vigilance qui les ont empêchés de poursuivre leur chemin en attendant l'arrivée de la police. Une brigade formée d'agents de la police, arrivée sur les lieux aurait demandé aux civils présents de s'éloigner de la voiture séquestrée avant d'ouvrir le feu. A la suite de la fusillade, le constat était dramatique : deux décès, ceux du chef de poste de la garde nationale et de l'agent assis dans le siège d'à côté, ainsi que trois blessés graves qui vont traîner un taux très élevé d'incapacité physique. A leur décharge, les policiers incriminés invoquent l'effet des rumeurs au sujet d'une voiture à bord de laquelle se trouvaient des snipers qui semaient la terreur , le refus d'obtempérer des gendarmes en dépit des sommations répétées et des coups de semonces, et surtout, le fait d'être pris pour cibles par ces derniers, éléments qui, à leurs dires, ont provoqué conjointement leur riposte. Des arguments qui ne tiendraient pas la route à la lumière de nombreux faits et données corroborés par les témoignages, du reste contradictoires.