Les fellahs des vergers de Nabeul, Beni Khiar, Dar Chaabane, Menzel Bouzelfa, Béni Khalled, Nianou et Hammamet mettent les bouchées doubles en cette période printanière. C'est la campagne du bigaradier.Durant la floraison des orangers, on pouvait passer jusqu'à quatre ou cinq fois par arbre. On cueillait toute la journée, tant qu'il y avait de la fleur. La récolte de la journée est mise immédiatement dans des sacs et emportée soit vers le marché local soit vers les distilleries de la ville. C'est une activité qui procure à son propriétaire de l'argent mais qui exige également de grandes transactions comme l'achat des fertilisants, l'irrigation et le transport. « Décidément, nous essayons par tous les moyens de comprimer nos dépenses et surtout la main d'œuvre jugée chère. C'est pourquoi, nous emmenons nos enfants pour limiter les frais car on risque parfois d'y laisser des plumes » avoue Hadj Zegdane. Cette campagne de fleurs d'orangers crée une ambiance festive à Nabeul. Devant chaque villa, cet événement ne laisse personne indifférent. Le Cap Bon compte 125 mille pieds de bigaradiers qui s'étendent sur une superficie de 450 ha. Environ 60 % de la production est transformé dans les cinq distilleries de la région (une tonne de fleurs de bigaradier produit 1kg de néroli et 600 litres d'eau de fleur d'oranger).Déjà, l'arôme des fleurs se fait sentir dans toutes ces villes. La récolte qui a bousculé toutes les estimations atteindra les 1200 tonnes cette saison avec plus de 920 tonnes transformées dans les distilleries. Le prix de la «wazna», l'équivalent de 4kg de fleurs de bigaradier, varie entre 8 et 12 dinars. Comme des chevelures bien épandues qui refusent l'injure des ciseaux, les bigaradiers sont pleins de fleurs encore vertes que les mains du producteur refusent de cueillir. Le calibre et l'aspect permettent d'ores et déjà d'affirmer que ces fruits arriveront à maturité. Mais déjà, on commence à cueillir une à une, d'un petit geste circulaire précis, les fleurs ouvertes mais toujours accrochées à leur branche… La récolte des fleurs d'oranger fait partie de ces jolies traditions dont on ne sait si, demain, elles perdureront encore…« C'est une activité passionnante. Dès 7 h00 du matin, je commence à cueillir le zhar. Quand mes sacs débordent de fleurs, je m'installe au frais, chez moi, pour trier à la main tous les intrus qui se sont glissés parmi les fleurs ouvertes : feuilles, fines branches » nous dit Fatma, une vieille dame qui dépassait les 70 ans. La préparation de cette eau est artisanale.. On l'obtient par distillation à la vapeur d'eau des fleurs du Bigaradier. Il faut un kilo de fleurs pour un litre d'eau. Les produits obtenus à partir de la fleur du bigaradier sont : L'huile essentielle ou Néroli, du nom d'une princesse italienne qui l'a popularisé au 17° siècle, l'eau de fleur d'oranger, coproduit de la distillation du Néroli, dont on peut tirer une absolue par extraction : l'absolue des eaux et l' absolue oranger, une extraction des fleurs d'oranger à l'hexane pour l'obtention d'une concrète puis d'une absolue. La cueillette des fleurs de bigaradier garantit des revenus non négligeables aux agriculteurs, aux industriels ainsi qu'aux familles nécessiteuses qui participent à la collecte et à la distillation des fleurs d'orangers. Des recettes qui varient entre 3 et 4 millions de dinars sont garanties, annuellement, par cette filière notamment par l'exportation d'essence de néroli (utilisée dans la cosmétique) vers les marchés extérieurs, essentiellement, la France. L'eau de fleur d'oranger a des vertus apaisantes et hydratantes. Elle peut-être utilisée comme démaquillant pour le visage et les yeux. Tonifiante, soyeuse et légèrement parfumée, elle hydrate, purifie et tonifie la peau. Elle est recommandée pour la dépression nerveuse, le surmenage, la dépression, l'angoisse, la peau, les maladies du cœur, la paresse du foie et du pancréas, l'hypertension