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En 10 ans, le nombre d'actes racistes multiplié par 4, en 2011, les actes antimusulmans ont augmenté de 34 %
France
Publié dans Le Temps le 19 - 04 - 2012

De notre correspondant permanent à Paris Zine Elabidine HAMDA - La campagne pour le premier tour des élections présidentielles tire à sa fin laissant un arrière goût amer pour les démocrates et les défenseurs des droits de l'homme français. Lancée par Marine Le Pen, à partir de la dénonciation de la viande halal, une campagne islamophobe a gagné un moment la campagne présidentielle.
Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, et d'autres personnalités de droite ont emboîté le pas à la présidente du Front National, dans un esprit franchement électoraliste pour lui disputer un électorat supposé être raciste et xénophobe. Un moment, le Président-candidat a été tenté par cette perspective avant de l'orienter vers un discours anti-immigrés affirmé où il a préconisé de diviser par deux le nombre d'immigrés légaux pour les 5 années à venir, en réponse à la politique de « l'immigration choisie » qu'il avait proposée en 2007.
Plusieurs commentateurs se sont interrogés sur l'adéquation de cette tendance dans les discours politiques avec la réalité des sentiments racistes ou intolérants en France. Le Rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) vient confirmer cette tendance.
Le Rapport de la CNCDH portant sur l'année 2011 qui vient de sortir constate cependant une diminution des actes racistes en France et…une recrudescence de l'intolérance de la société française à l'égard des Musulmans.
Pour la deuxième année consécutive la tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent. Selon le Rapport, en 2011, les actes et menaces à caractère raciste (au nombre de 1.254) ont reculé, ce qui représente une baisse de 7% par rapport à 2010. Il faudrait cependant préciser que les actes racistes ont augmenté de 3% (170 en 2011 contre 165 en 2010) alors que les menaces racistes ont diminué de 3% (695 en 2011 contre 721 en 2010).Les Maghrébins restent les principales victimes du racisme surtout dans les régions d'Ile-de-France, de Rhône-Alpes et du Sud de la France. Selon le Rapport, cette baisse relative ne doit pas masquer le fait que sur une période de 10 ans, le nombre d'actes racistes a été multiplié par 4,5.
Si l'antisémitisme a connu une forte baisse de l'ordre de 16,5% entre 2010 et 2011, le racisme antimusulman, lui, a, dans la même période, littéralement explosé à +33,6% (155 actes et menaces).
Le Rapport inclut aussi un sondage exclusif CSA / CNCDH / Service d'information du Gouvernement réalisé en face à face du 28 novembre au 5 décembre 2011. Il en résulte que 48% des sondés estiment par exemple que l'immigration est la principale cause de l'insécurité (+4 points par rapport à 2010). Globalement, ce sont les Maghrébins et les musulmans qui cristallisent le ressentiment.
Certains chiffres sont édifiants sur l'état d'esprit des sondés. Ainsi, 7% des personnes interrogées s'assument «plutôt racistes» (une hausse de 3 points en quelques mois). La vision de la société française est aussi de plus en plus atomisée. Pour 77% des sondés, les Roms sont «un groupe à part». La proportion est de 51% pour les Musulmans, 40% pour les Maghrébins, 38% pour les Asiatiques. 31% des sondés jugent que «les enfants d'immigrés nés en France ne sont pas vraiment Français». L'idée selon laquelle «de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale» est largement ancrée (70%). Enfin, 55% des sondés seraient prêts à paraphraser Claude Guéant, estimant «qu'aujourd'hui, en France, on ne se sent plus chez soi comme avant».
Cette série d'indicateurs inquiète la CNCDH, qui ne manque pas de pointer du doigt «l'impact que peuvent avoir certains discours politiques ou certains débats nationaux sur l'attitude de quelques-uns de nos concitoyens».
Fin mars, au lycée Edmond-Rostand de Saint-Ouen-l'Aumône, une élève, Khadija, de confession musulmane, a été priée de retourner chez elle et de changer sa tenue vestimentaire jugée provocante dans un établissement public : en cause, sa jupe longue qui rappellerait des croyances religieuses. Pour le chef d'établissement, certes, « elle enlève son voile avant d'entrer dans l'établissement, mais cela fait partie de l'éducation de faire des remarques aux élèves dont la tenue est provocante, comme pour une jeune fille qui vient à l'école le ventre à l'air. Ici, c'est plutôt une tenue qui rappellerait une croyance. Cela fait aussi partie du rôle de l'Education nationale de rappeler un certain nombre de principes comme la décence, le respect des personnes, qui nécessitent une tenue correcte. C'est vraiment dans un but éducatif. »
Justifier ainsi des comportements discriminatoires est devenu chose courante. Cela illustre la lepénisation de certains discours de la majorité actuelle qui, à la manière de Claude Guéant considèrent que «toutes les civilisations ne se valent pas».
Cette tendance est confirmée par l'Observatoire national de l'islamophobie, dépendant du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui reprend dans son rapport annuel les mêmes chiffres de la CNCDH, basés sur les plaintes officiellement enregistrées par la police ou la gendarmerie.
Mais, selon le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), association militante créée il y a huit ans, les «insultes et agressions» islamophobes à l'encontre des personnes physiques ont augmenté de «72% entre 2010 et 2011», selon son rapport annuel qui se base sur les plaintes qui lui sont rapportées directement par les victimes. Quelque 262 agressions verbales ou physiques se sont produites, contre 152 répertoriées en 2010. En revanche, les atteintes aux bâtiments symboliques (mosquées, cimetières ou commerces musulmans) restent stables avec 36 cas de dégradation ou de profanation.
En pointant du doigt « certains discours politiques ou certains débats nationaux», la CNCDH n'épargne pas la responsabilité des politiques dans l'exacerbation des sentiments antimusulmans en France.
Certains sondages effectués au début de la campagne présidentielle créditaient Marine Le Pen de plus de 20% des intentions de vote. Selon un sondage de TNS-Sofres, publié à la mi-janvier, 31% des Français se disaient d'accord avec les idées du Front national. Au mois de mars, dans un sondage Ipsos sur la popularité des personnalités politiques, Marine Le Pen est créditée de 32% d'opinions favorables. Le dernier sondage CSA auprès des jeunes, réalisé début avril pour Le Monde.fr, la Présidente du FN semble être la candidate la plus en vogue chez les 18-24 ans : 26 % d'entre eux seraient prêts à voter pour elle au premier tour. Elle devancerait d'un point François Hollande sur ce segment de l'électorat.
Ces opinions qui s'expriment dans les sondages trouvent leur expression politique auprès du Front national, et depuis quelques mois, auprès d'une frange non négligeable de la droite classique. La décision d'une partie du clan Chirac de voter pour François Hollande montre le désarroi qui s'est emparé de la droite qui rechigne à se laisser gagner par les idées xénophobes de la campagne présidentielle. La gauche, elle, porte un discours conforme à l'idéal républicain d'égalité en promettant d'accorder le droit de vote aux élections municipales aux étrangers et d'investir dans les banlieues défavorisées.


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