Ils sont un groupe de jeunes, pétillants, la tête bien faite et bien pleine, qui connaissent la sécurité informatique comme leurs poches. Ils sont par-dessus tout de jeunes compétences tunisiennes, membres du premier club de sécurité informatique ‘'securinets'' qui organise la sixième édition de sa journée annuelle dite ‘'securiday'' . La conférence de presse tenue hier matin par le club « securinets » est venue à point nommé alors que le ministère de l'Intérieur prépare le terrain pour « sécuriser » l'Internet grâce à des comités de spécialistes en télécommunication sur le web, ainsi que la restructuration de l'Agence tunisienne d'Internet. Une décision jugée pour le moins dangereuse par les jeunes rencontrés lors de cette conférence de presse, qui considèrent que cela serait débloqué la machine infernale de la censure sur internet, mise en veilleuse depuis la Révolution, pour qu'elle reprenne son activité sous peu. De plus belle. Mais qui gère ce processus et qui est derrière ce fameux Ammar 404 qui nous en a fait voir des vertes et des pas mûres sur le net ? « Il faut dire que l'architecture du système informatique en Tunisie est compliquée : L'Agence tunisienne d'Internet (ATI), l'Agence nationale de sécurité informatique (ANSI), le ministère de l'Intérieur, Tunisie Télécom et Microsoft : tout le monde se renvoie la balle quand il est question de démêler la question de la censure et personne ne veut en parler. Jusque-là Ammar 404 reste entouré de mystère » dit-on. S'agissant du probable retour de la censure sur le net, les jeunes du « securinets » ne semblent pas être à l'optimisme car pour Toukane Kouki le vice-président du « securinets » « pour la sécurité informatique on peut se suffire du rôle de l'ANSI qui remplit ses fonctions comme il se doit. Alors pourquoi a-t-on décidé de garder l'ATI ? Il faut aussi définir ce qui fait quoi quand et comment de chaque organe. Sans oublier la législation liée à la sécurité informatique qui existe, mais qui n'est pas claire pour préciser les sanctions liées à chaque infraction. » Des questions qui restent en suspens et auxquelles des responsables conviés par le « securinets » tenteront de répondre la semaine prochaine lors de la journée annuelle du club. Securiday, pro édition La conférence de presse tenue hier au siège de l'Institut national des sciences appliquée et de la technologie (INSAT) a eu pour principal objectif de décliner le programme de la manifestation qui se tiendra samedi 28 avril autour de la question « Audit de la sécurité informatique ». Thématique intéressante à plus d'un titre « en un temps où les cyber-attaques deviennent monnaie courante et que des cyber-guerre éclatent sur le net livrant des pays à des attaques sans merci touchant à leurs systèmes informatiques. », commente Amina Messeddi la secrétaire générale du ‘'securinets''. Et c'est de bonne guerre, si le club en question s'attaque cette année à cette question. « La culture de la sécurité informatique encore moins celle de l'audit de la sécurité informatique n'existe pas en Tunisie. On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres et c'est seulement quand on est victime d'une attaque que l'on cherche à ce moment à prendre ses dispositions. » dit-elle. Mais en quoi consiste l'audit de la sécurité informatique ? La réponse nous a été donnée par Emna Achour membre du club qui la définit comme l'ensemble des normes qui servent à l'examen d'un système informatique et que « auditer consiste à voir si le système respecte les normes de sécurité. Un rapport est par la suite rédigé par un auditeur et remis à l'ANSI. » explique-t-elle. Et si cette année la journée sera axée autour de la sécurité informatique version professionnelle c'est pour, d'un côté, sensibiliser les entreprises privées à la nécessité de développer un système informatique à l'abri des hackers et d'un autre côté pour familiariser les jeunes étudiants de l'INSAT avec le travail en entreprise dans le domaine de la sécurité informatique notamment. Pour ce faire, explique Nouha Moalla, « pendant toute une journée, le hall de l'INSAT sera transformé en une mini entreprise avec ses différents départements. Vous pourrez vous y promener et y découvrir l'univers de l'entreprise à travers des ateliers pratiques et des explications adaptées à tous les niveaux, même pour les plus novices ».