• Plus de 200 participants de 19 pays • Ghannouchi n'était pas le bienvenu Regroupant plus de 200 nationalistes arabes, entre politiques, syndicaliste, intellectuels et écrivains arabes, la 23ème session du Congrès nationaliste arabe a commencé, hier, à Tunis, au ministère des droits de l'Homme et de le Justice Transitionnelle. Le Congrès s'étalera sur trois jours durant lesquels il s'agira de débattre des sujets d'actualité et des questions qui tiraillent le monde arabe. Un arsenal hétéroclite de sujets a été proposé. Il s'agira de débattre du nationalisme aujourd'hui, dans ce contexte où les révolutions arabes ont chamboulé de fond en comble l'ordre des choses. La fusion des pays arabes et le renforcement du nationalisme sont au cœur du débat. La justice sociale, à l'épicentre de tous les débats et moteur du soulèvement populaire, sera, elle aussi, de mise durant le congrès. L'affranchissement des pays arabes de l'Occident, l'indépendance nationale et nationaliste, la lutte contre la normalisation avec le sionisme et la démocratie, autant de thèmes qui ont été programmés pour cette 23ème session. Les nationalistes, entre le marteau et l'enclume Le coup d'envoi a été donné dans une ambiance, le moins que l'on puisse dire d'elle, tendue et grondante. Il faudrait dire que le contexte arabe actuel n'est pas propice à l'unification des voix. L'heure n'est pas aux discours philosophiques sur le nationalisme. Les Révolutions arabes en sont pour quelque chose. La chute successive des dictatures arabes, qui avaient malgré tout, exhorté au nationalisme a donné naissance à un nouveau paysage géopolitique encore précaire et instable se juxtaposant avec l'avènement de nouvelles prérogatives. Ne sachant pas s'il faut bénir les révolutions arabes ou les maudire, étant donné qu'elles sont un peu trop soutenues par les colons d'hier, les nationalistes arabes ne savent plus quelle décision prendre ni sur quel pied danser. Malgré l'engouement de certaines personnalités politiques et intellectuelles, le congrès a attiré une participation assez médiocre. D'un côté, pas moins de 13 invités nationalistes jordaniens ont décliné l'invitation par réaction à l'absolutisme politique qu'exerce, selon eux, le parti islamiste Ennahdha et la prise de position du président tunisien provisoire Moncef Marzouki quant au nationalisme en tant que concept. D'un autre côté, le congrès n'était pas le bienvenu suite à la réaction des nationalistes face aux révolutions arabes qu'ils n'ont jamais soutenues ou appréciées. Cette désolidarisation de l'émancipation des peuples, a fait que le nationalisme soit écarté voire même haï. Plusieurs iraient même à dire que les nationalistes regretteraient les anciens régimes malgré leur trajectoire avilissante qui va à l'encontre des droits humains. Au cœur de cette controverse, la participation du président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a soulevé beaucoup d'interrogations et a suscité les protestations de plusieurs participants, qui auraient même refusé d'assister au congrès, si jamais le leader du parti islamiste sera convié. D'ailleurs, lors de sa prise de parole Rached Ghannouchi a été hué par les membres du parti nationaliste El Baath qui ont contesté par le biais d'un tract distribué au début du congrès et l'ont interrompu lors de sa prise de parole. L'itinéraire de l'unité arabe semble semé d'embûches. Le nationalisme arabe avance à bâtons rompus. Melek LAKDAR daassi