Les amateurs de villa d'été, au bord de la mer, doivent se dépêcher d'aller acheter un morceau de terrain au pied de la colline au Nord de Metline. Les constructions s'y multiplient et une grande piste qui y mène, avance chaque année.
La promenade
Elle commence à El Alia, un bourg construit au flanc du Jebel Taouahine (295 mètres) par des Andalous chassés d'Espagne par la « Reconquista chrétienne » en 1609. Ils ont revitalisé l'antique Uzali qui était une Colonie romaine au IVème siècle et qui conserve, outre les derniers vestiges d'une forteresse byzantine, un très beau pavement mozaïqué déterré il y a déjà des années. On y cultivait naguère des cardères : ces chardons fameux utilisés pour feutrer les chéchias.
A la sortie d'El Alia, on emprunte une petite route pittoresque qui escalade les collines verdoyantes de l'automne à la fin du printemps.
Peu à peu, on découvre l'immense forêt du R'mel qu'on ira visiter bientôt. On peut faire une halte pieuse au célèbre marabout de Sidi Ali Ech Chehab, lieu renommé de pèlerinage.
Puis, on rencontre de charmants petits lacs de barrages collinaires cernés par une ceinture de grands eucalyptus qui peut offrir un agréable abri le temps d'un pique-nique. Toutes ces collines recèlent de nombreuses espèces de très belles orchidées sauvages au printemps entre autres mille fleurettes et plantes aromatiques.
Certaines pentes portent encore des terrasses soutenues par des murets de pierres sèches que les Andalous ont introduites dans la région.
Métline
Ce sont encore ces musulmans d'Espagne qui se sont installés à Metline sur les ruines de ce qui était peut-être la Beneventum à l'époque romaine. Naguère, c'était un curieux village perché sur la pente Sud-Est du Jebel Bab Benzart (256 mètres) légèrement au-dessous de la ligne de crête pour être protégé des vents froids et humides venant du Nord / Nord-Ouest. Il était coupé en deux par un ravin. Actuellement, il se développe à une vitesse telle que le ravin a disparu sous les constructions qui arrivent jusqu'au sommet du Jebel. Elles vont bientôt dévaler vers la mer pendant que d'autres « grimpent » du bas. « Metline en montagne » sera bientôt « Metline sur mer » car une route en lacet, descendant vers les ports de Cap Zebib, est en construction. Il existe de multiples appartements et maisons à louer et même de nombreux terrains à vendre à Metline et aux alentours.
Les amateurs de marche à pied auront l'embarras du choix entre les promenades en bord de mer presque « à plat » et les diverses « grimpettes » : la montée au marabout de Sidi Bouchoucha, 1,5 kilomètre depuis le port et 200 mètres de dénivelé, le tour du petit Jebel Touchela qui domine les ports (90 mètres) en 2 ≈ 2,5 kilomètres, enfin, aller errer sur les pentes du Jebel Bouchoucha (220 mètres) puis du Jebel Bab Benzart (265 mètres) d'où la vue s'étend sur tout le golfe de Bizerte aux eaux bleu marine zébrées par l'écume nacrée des vagues.
Au bas de la pente, de très belles villes sont en construction : Metline sur mer est en plein épanouissement. Au loin, on découvre les îles Cani et Bizerte.
Cap Zebib
Les très vieux et très beaux oliviers qui bordent la route menant à Cap Zebib, à partir du carrefour des routes de Metline et d'El Alia, attestent que les gens d'ici sont d'excellents agriculteurs.
Des maisons, des magasins, des guinguettes se construisent des deux côtés de la route et repoussent les cultures. Le camp militaire au pied du Jebel Touchela a été désaffecté. La vie est exubérante en été. La plage, très étroite, qui borde le pied de la falaise, est occupée. Jet ski et canot à moteur sont mis à l'eau à partir de l'un des deux ports. Un premier « havre » avait été construit, sans doute à la « va-vite », il y a une quinzaine d'années. Les vagues, très violentes lors des tempêtes hivernales, l'ont rendu pratiquement inutilisable. Pourtant, une thonaire a été construite là au début du XXème siècle et avait duré des années. Un deuxième port beaucoup plus solide, mais peu respectueux de l'environnement, a été construit ensuite. Les enrochements protecteurs ont fait disparaître les rochers naturels très pittoresques de Cap Zebib. La « surpêche » et surtout les pêches à l'explosif ont réduit à peu de chose la faune marine. Auparavant, on trouvait des loups par dizaines à la fin des tempêtes d'hiver, « Agab naw » et des bancs de saupes (chelba) en été. Les mérous, les dentés et les murènes dans les rochers côtoyaient les daurades, les sars et les gros mulets à la fin de la belle saison. Au large, les liches croisaient les limons, les serres et les thons.
Les pêcheurs à la ligne ou sous-marins et les promeneurs souhaiteraient que les alentours du Cap soient – un peu – réaménagés et nettoyés des énormes « masses » de goudrons que les vagues ont projeté loin du rivage. Nous avons été surpris de ne pas voir un seul voilier ou une planche à voile le long des plages. Les descendants des corsaires bizertins n'aiment plus naviguer à la voile ?
Les plages
Elles commencent à 1,5 ≈ 2 kilomètres au Sud de Cap Zebib. Ce n'est d'abord qu'une étroite bande de sable, interrompue par des amas de rochers, au pied d'une petite falaise battue par les vagues en hiver. Puis, peu à peu, Chott Mami s'élargit. Ensuite, elle est bordée de plusieurs lignes de grandes et belles résidences d'été. Sa partie Sud commence à être « aménagée ». Les pistes qui y mènent sont carrossables, parfois même bordées de parking, bien utiles. Des parasols, sont plantés dans le sable et un établissement », temporaire, permet d'acheter des boissons et des vivres frais.
Les estivants ne sont pas encore très nombreux, mais les sacs de détritus, abandonnés par les « résidants » le long des « zankas » qui mènent à la mer, ne sont pas du meilleur effet, pas plus que les déchets et emballages divers qui parsèment la plage malgré la présence de « poubelles » mises à la disposition des baigneurs par la municipalité de Metline. La protection de l'environnement est l'affaire de tous !
Le patrimoine abandonné
On ne peut pas aller se promener le long de cette plage sans remarquer qu'il y a une ville d'époque romaine : Thunisa ou Thinissa qui est enfouie dans le sol à quelques décimètres de profondeur. Les constructions et les travaux agricoles par-dessus, la mer, par devant, la détruisent peu à peu. Sur près d'un kilomètre, des pans de murs, encore ornés de peinture, des pavements de mosaïque intacte, une citadelle punique, avait écrit un chercheur de l'I.N.A.A. devenu depuis l'Institut du Patrimoine, sont laissés à l'abandon et définitivement détruits.
Le Gouvernorat de Bizerte est-il si riche en sites historiques qu'il puisse se permettre d'en laisser disparaître un ? La protection du Patrimoine et le développement d'un tourisme culturel ne seraient-ils que des « paroles vides », de vains mots ?
Nous conseillons à nos lecteurs de commencer leur promenade par la « visite des ruines », déprimante, puis d'aller se baigner, marcher, manger et profiter des plaisirs qu'offrent Metline et Cap Zebib.