«L'Instance supérieure pour la Réforme de l'Information et de la Communication, a terminé officiellement sa mission ! », a annoncé, hier, Kamel Laabidi, président de l'instance lors d'une conférence de presse portant sur le rôle de la société civile dans la réforme des médias. Cette fin de mission est-elle due à l'achèvement des tâches accordées à l'INRIC ? « Elle est due plutôt à l'impossibilité de pouvoir accomplir notre tâche avec ce dialogue de sourds entre l'instance et le Gouvernement » répond Kamel Laâbidi en accusant le Gouvernement d' « avoir recours à des moyens de censure et de désinformation ».
Dans le même cadre, le président de l'INRIC a exposé ses craintes d'un éventuel retour en arrière suite à plusieurs indices marquant la non-prise en compte du rapport présenté par son instance en fin d'avril dernier qui a mis en exergue plusieurs dérives dans le secteur de l'information en appelant à remédier à la destruction systématique des médias. Selon Kamel Laabidi, la négligence du rapport de l'INRIC a provoqué l'absence de mesures concrètes pour réformer le secteur des médias.
« Malheureusement, le Gouvernement ne semble pas saisir la gravité de la situation dans le domaine de l'information. Ce domaine délicat souffre de plusieurs manquements en absence d'un plan de réforme concrétisé par les concernés», explique Kamel Laabidi.
Entre autres, Kamel Laabidi a cité plusieurs indices mettant en œuvre à savoir la non publication par le Gouvernement des textes relatifs à l'application des décrets loi 115 et 116 sur la presse écrite et audiovisuelle. Il a aussi parlé des nombreuses agressions perpétrées contre les journalistes, de la non poursuite en justice des agresseurs, de l'emprisonnement d'un directeur de journal, du procès intenté contre la chaîne de télévision privée Nessma, des nominations d'anciens symboles du régime déchu à la tête d'établissements de presse publique, de la campagne orchestrée contre les médias publics. Avant de finir, le représentant de l'INRIC a tenu à parler de l'appel à la privatisation de la télévision publique. « Je veux m'adresser à ceux qui continuent toujours à appeler à la privatisation de l'établissement de la télévision publique pour leur signaler qu'il n'existe aucun pays démocratique au monde qui s'est passé de médias publics, y compris le pays champion de la privatisation, en l'occurrence, les Etats-Unis. Par la suite, je ne sais pas comment qualifier une telle proposition qui ne pourra qu'aggraver davantage la situation du secteur de l'information. Suite à de telles décisions, l'INRIC ne voit plus aucune utilité de continuer son travail et préfère mettre fin à sa mission » affirme Kamel Laabidi.
Samah MEFTAH
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