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Quand le journaliste est pris en tenaille entre la liberté d'expression et le principe du sacré.... Colloque Liberté d'expression, régulation des médias et nouvelle Constitution
La déontologie du journalisme est semblable à la théorie du jeu d'échec qui est fondée sur des parties jouées par de grands maîtres, à partir desquelles on convient de certaines règles de comportement. En effet , en matière journalistique, il n'y a pas eu de code de déontologie. Celle-ci ayant été le fruit de concertations entre gens de la profession, chacun d'eux faisant appel à son heuristique et aux expériences par lesquelles il a pu passer tout au long de sa carrière. Au fil du temps, les règles de déontologie ont pu être réunies, que ce soit à travers des chartes,telles que la charte des journalistes français, en 1918, et la charte de Munich en 1971 ou des conventions collectives nationales ou internationales relatives à la profession, ont été pour la plupart des règles qui définissent la mission du journaliste,laquelle se heurte à des conditions d'honorabilité d'indépendance et d'intérêt public. L'honorabilité est à notre avis double : celle du journaliste et celle du citoyen en général. Informer c'est en même temps un droit et un devoir. Plusieurs éléments viennent s'imbriquer cependant dans ce droit, à commencer par le droit de savoir qui est le corollaire du droit d'informer. Aussi est-il important que l'information soit réelle, sans pour autant porter atteinte à l'intégrité morale ou physique d'autrui. Quelle est justement, la limite entre le respect de l'intégrité d'autrui et l'atteinte à sa vie privée ? Difficile équation dans la recherche de la vérité. Par ailleurs, ces règles de déontologie, peuvent se heurter à des lois répressives instituées par un régime autoritaire. Ce fut autour de ce thème que les intervenants à ce quatrième atelier du colloque de Lam Echaml, ont tour à tour fait part notamment des difficultés que le journaliste rencontre dans l'exercice de sa profession. -Abelkrim Hizaoui, universitaire et directeur général du CAPJC a évoqué le droit du journaliste à ne pas aller à l'encontre de ses convictions, tout en étant impartial, afin de remplir sa mission comme il se doit. Les conditions matérielles y sont pour beaucoup, dans la dignité du journaliste et ce pour l'image de marque de la profession d'une manière générale. Il a par ailleurs affirmé que la déontologie se développe dans un cadre de liberté de la presse. Or il n'y a pas encore une structure opérationnelle au niveau des médias en Tunisie. Il faut donc créer un conseil de presse indépendant afin de promouvoir et préserver les intérêts de la profession d'une manière générale. -Riadh Ferjani, enseignant universitaire, a parlé du rôle de la société civile dans la liberté d'expression, dont le journaliste est l'un des plus importants éléments les plus actifs. Il a fait remarquer à ce propos que le fait de limiter le principe de la liberté d'expression par celui du sacré, ne fait qu'ajouter aux énormes difficultés que rencontre le journaliste dans l'exercice de sa profession. C'est au citoyen qui veut s'informer et qui s'oppose à toute atteinte à la liberté d'expression de s'ériger contre cet état de fait. C'est la raison pour laquelle, il est important que la question de la Justice transitionnelle soit intégrée dans la déontologie journalistique, a-t-il observé, ajoutant que le premier corrupteur des journalistes a été le système. Il faut que toute la lumière soit faite sur les corruptions au sein de l'information durant les derniers 23 ans. La question du passif de la dictature ne doit pas être passé sous silence, a-t-il souligné. Il faut cependant que les journalistes, affirma-t-il, acceptent la critique (non l'invective bien entendu) et ce n'est que de cette façon que les gens de la profession peuvent évoluer et promouvoir ce secteur qui contribue pour une grande part à la recherche de la vérité Il a rappelé que la Tunisie est actuellement classée 130ième en matière de liberté de la presse, bien après le Mali, par exemple, classé 40ième. -Taoufik Mjaied, journaliste à France 24 est intervenu pour appeler au sens de la dignité du journaliste qui, à son sens doit être neutre en se contentant de rapporter les faits réels de la manière la plus objective et la plus impartiale. Le journaliste ne fait pas de politique ; la seule chose qui s'impose à lui c'est l'information réelle sans maquillage ni déformation. Il n'en reste pas moins qu'il existe actuellement des chaînes de télévision, ciblées qui optent pour une manière déterminée de passer l'information. Certaines parmi ces chaînes, passent parfois des informations déformées, voire erronées. Cela ne peut que nuire à, l'image de marque de la profession, étant contraire aux règles déontologiques convenues entres les membres de la profession. En conclusion disons que le problème de la vérité de l'information reste essentiel aussi bien pour le citoyen que pour le journaliste. Ce dernier peut se heurter à divers obstacles, dont entre autres, les lois répressives. Cependant,la règle pour son image de marque et le respect de la profession est sans conteste la vérité. Savez vous, que Camus, prix Nobel de littérature a été journaliste, ayant participé par ses écrits à « Combat » journal français , qui paraissait clandestinement pendant la seconde guerre mondiale. Eh bien il affirme à ce propos : « le journaliste prône une équité inviolable » Toutefois il estime que le journaliste peut être engagé politiquement sans pour autant détourner la vérité. « Le goût de la vérité, n'empêche pas la prise de parti » affirme-t-il. La tâche est cependant ardue, surtout en présence d'un système où la liberté d'expression est réprimée. C'est là où le bât blesse, car toute atteinte à la liberté d'expression nuit incontestablement à la démocratie et par là même à l'intérêt général. Ahmed NEMLAGHI