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• Les électroménagers chinois sont derrière la surconsommation en énergie, d'où les coupures d'électricité. Energie La STEG fait une confession électrisante
• L'Etat devra miser sur l'énergie solaire au lieu de l'offrir sur un plateau d'argent aux Européens. • Le projet tuniso-allemand Desertec, ne fournira à la Tunisie que 5% de notre productivité en énergie solaire
Lors d'une visite organisée au Centre de Contrôle à Distance de Radès, hier, le 19 juillet 2012, l'équipe de la STEG a sollicité la présence des journalistes afin de faire passer le message aux consommateurs tunisiens quant aux raisons des coupures d'électricité survenues ces derniers temps. Sur place, on nous expliqua que la localisation dudit centre reste confidentielle pour des raisons de sécurité. En effet, ce centre est l'épicentre de contrôle et de distribution de l'électricité nationale.
Coupure d'électricité : la surconsommation aux bancs des accusés
Une équipe composée des responsables du centre était à notre accueil pour nous énumérer les diverses raisons qui ont fait que le courant soit coupé sur plusieurs régions et à maintes reprises surtout le 9 juillet.
Mme Radhia Hachani (Directrice Pilotage système électrique), M. Mohamed Nejib Helal (directeur délégué de la STEG), M. Ridha Demac (Directeur de production et de transport d'électricité) et M. Hbib Ben Jemaâ, Directeur du Centre de Contrôle à Distance ont expliqué durant un point de presse les circonstances qui les ont poussé à couper de manière périodique l'électricité.
C'est dans le but de sauver le réseau que la STEG a délesté. Une surcharge en consommation lors de la période de grande canicule qu'a connu la Tunisie a été enregistrée par ledit centre où des chiffres record ont été atteints. Le 11 juillet, un pourcentage de 14,5% de plus. Avec la montée de la chaleur, la consommation est montée à 20429 Tep alors que durant la même période, l'an dernier, elle était de 17841 Tep.
Pour éviter un blackout total qui aurait pu durer 5 jours ou plus sur tout le sol tunisien, la STEG était, donc, obligée de délester. Pour pouvoir alléger le taux de surcharge de consommation, les opérateurs du centre de dispatching national, comme ils nous l'ont expliqué à l'intérieur même de la salle de contrôle, étaient obligé de rompre instantanément l'électricité sur certaines villes et régions. Le personnel de la salle de dispatching était composé de six opérateurs qui suivaient à la loupe tous les mouvements de consommation nationale en électricité et même avec nos voisins les Algériens et les Libyens.
Mme Radhia Hannachi (Directrice pilotage du système électrique)
«Le jour où la STEG aura les moyens d'exploiter l'énergie solaire, elle ne trouvera pas de terrains. Ces derniers auront été, d'ores et déjà, exploités par les projets européens.»
Le Temps : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous expliquer en quoi consiste votre tâche au sein de la STEG ?
Radhia Hannachi : Je suis dans l'administration Pilotage système électrique pour la direction de la production et transport d'électricité. Je suis à la Société Tunisienne de l'Electricité et du Gaz depuis 30 ans. J'ai travaillé dans le Centre National de Mouvement d'Energie et dans le département de télécommunication propre à la STEG.
Durant la conférence de presse qui s'est déroulée ce matin, vous, responsables de la STEG, étiez à l'unanimité d'accord sur le fait que les coupures de courant ayant eu lieu la première semaine du mois de juillet, sont dues à une surexploitation de la part des consommateurs. Quels types de consignes ou conseils d'utilisation pourriez-vous donner aux Tunisiens surtout durant la période de pic et de grande canicule ?
Nous sommes une société citoyenne et notre dessein premier est de satisfaire notre clientèle. Néanmoins, le client devrait demeurer vigilant quant à deux choses. La première, le consommateur devrait faire attention à la qualité des équipements en termes de chauffages, de climatisation et d'électroménagers. Une grande quantité de climatiseurs de fabrication chinoise et de très mauvaise qualité est, malheureusement, proposée au Tunisien. Ce dernier, séduit pas les prix très bas, pense avoir fait une bonne affaire en se procurant des climatiseurs à 200d ou plus. Ces appareils surconsomment de l'énergie et la facture est multipliée fois deux voire trois. Depuis trois ans la STEG n'a pas augmenté le cout de la consommation mais les factures doublent à cause de l'utilisation de matériels électroniques de basse gamme. Ce que le client croit gagner en achat le perd lourdement en facture.
Quelle est la seconde consigne que vous proposez au consommateur tunisien ? Que conseillerez-vous aux ménagères tunisiennes avec l'arrivée du mois saint ?
Durant la grande canicule, on a abusé de la consommation de l'énergie. Il y a ces petits gestes au quotidien qui feraient en sorte que la facture s'allège et que la consommation se réduise. Il faudrait que tout le monde se rende compte que nous sommes un pays qui importe son énergie. On n'est, malheureusement, pas producteur d'énergie. C'est une responsabilité nationale. Nous produisons trop peu par rapport à nos besoins.
Quels sont donc ces petites astuces ou ces gestes anodins qui seraient économiques et écologiques et qui sauveraient le budget du consommateur et réduiraient la consommation en énergie ?
On pourrait commencer par réduire au maximum ces mauvaises manies comme ouvrir à tout bout de champ le réfrigérateur ou encore mettre le climatiseur à 18 degrés toute la journée ou la soirée ce qui reviendrait à augmenter la consommation de l'électricité et causerait des maladies respiratoires. Il vaut mieux le mettre à 25 degrés, une température ambiante qui n'agressera ni la facture ni le corps. Nous comptons sur le civisme économique et écologique du consommateur pour consommer à juste titre l'électricité. Tout le monde sera gagnant. Les factures seront moins lourdes et l'on conservera le mieux possible l'énergie.
Il n'y aurait pas de solutions alternatives ? Nous sommes un pays où le soleil est une source d'énergie renouvelable constante et les Européens nous sollicitent pour cette aubaine.
C'est effectivement le volet que la STEG aimerait développer. Le solaire et l'éolien. Nous venons d'installer 95 éoliennes. Si nous ne pouvons pas trop compter sur les éoliennes, étant donné leur production aléatoire qui est très liée à la fréquence du vent, l'énergie solaire est ce qu'il y a de mieux vu que même en hiver, le soleil est toujours présent. C'est dans ce sens que je sollicite l'ANME (l'Agence Nationale de Maîtrise de l'Energie) de fournir mutuellement nos efforts pour travailler sur l'énergie solaire. Le seul hic c'est que c'est encore trop couteux.
Entre temps, on parle de projets éléphantesques avec l'Europe qui veut investir dans notre sol pour s'accaparer de notre énergie solaire. Pourquoi ne pas travailler en collaboration avec ces coopératives ?
Justement ! Ce qui nous inquiète un peu c'est cet enthousiasme occidental à fonder des projets d'énergie renouvelable sur nos sols. On va, de nouveau exploiter nos ressources naturelles sans qu'on y ait réellement droit. Les Tunisiens n'auront le droit qu'à 5% de la quantité d'énergie solaire produite sur leur propre territoire. C'est inconcevable et inéquitable ! On n'est pas contre l'investissement mais contre l'abus. Là, on nous parle de trois projets qui passeront de notre désert vers l'Europe, l'un d'eux, intitulé Desertec, et qui va produire grâce à notre soleil 2 mille mégawatts. Le second risque c'est que le jour où la STEG sera capable de créer des projets d'énergie solaire, elle ne trouvera pas de terrain adéquat vu que les terrains qu'il faut ont d'ores et déjà été squattés par les investisseurs étrangers.
Qu'en est-il des photovoltaïques et des toits solaires ? Quand le Tunisien pourra-t-il en bénéficier ? Est-ce que les frais sont encore trop élevés ? Est-ce toujours un luxe ? L'Etat ne subventionne-t-il pas ce genre d'installation ?
L'installation des photovoltaïques pourrait présenter la meilleure des solutions qui soit mais c'est encore trop cher pour le consommateur tunisien. Quoique la STEG encourage à cela. Elle offre au Tunisien le ronduleur dont les charges sont de 1700d.
Je suis une cliente et j'aimerais installer un panneau photovoltaïque chez moi. Ça me reviendrait dans les combiens ?
En fait, ça dépendra de la superficie de la maison. Les frais sont variables. Je n'ai pas d'idée précise sur le cout global mais, selon mes estimations, ça devrait faire dans les 10 mille ou 15 mille dinars. L'ANME participe aussi à 30% sur un plafond bien déterminé. Cela demeure encore un luxe pour le citoyen moyen. En attendant, la STEG compte sur le civisme du consommateur qu'elle tente de satisfaire le mieux possible.