Quelques uns parmi les élus de la Révolution n'ont pas saisi le sens de l'allégorie « République bananière ». D'ailleurs, les uns et les autres savaient que l'hémicycle allait flamber au point que la télévision n'a rien retransmis tandis qu'à l'intérieur on risquait d'en venir aux mains.
Notre cher président sait choisir des rendez-vous avec l'Histoire. C'est, peut-être, le fait du hasard, mais son calendrier est réglé comme du papier à musique. Il va en Egypte donner des leçons de révolution et de gouvernance à Morsi pour éviter d'être à Tunis lors du 9ème congrès d'Ennahdha. Il préférait les voir en 2004, dans la clandestinité en France mais pas ouvertement en Tunisie et surtout en des temps ombrageux après l'affaire Baghdadi. Ce n'est toujours que des tartufferies qu'il affectionne et pratique à souhait : cachez moi cette Nahdha que je ne saurais voir.
Puis, il est providentiellement en France où il séduit par son beau langage mais reste à l'écoute des tribulations de l'ANC, quant à l'affaire Nabli. Entre-temps, il laisse le décret nommant Chedly Ayari, datant du 11 juillet – alors que l'ANC ne s'était ps prononcé en ce qui concerne Jebali – aux mains d'un Mustapha Ben Jaâfar qui n'en finit pas de vivre sa métamorphose et dont on est sûr qu'il a du mal à se reconnaître. En fait, le nœud gordien c'est lui. Triste fin pour un très grand militant, l'un des rares à avoir réellement tenu tête à Ben Ali, à n'avoir pas lâchement choisi l'exil, mais qui ne sait vraiment pas quoi faire de sa victoire. Dédoublement ? Peut-être. Peut-être, aussi, ce mécanisme du Dr. Jekyll et Mister Hyde.