Pourquoi la suspicion s'amplifie-t-elle, et chaque jour encore plus, autour de la vente des biens mal acquis par l'ancien clan régnant ? Pourquoi les Tunisiens sont-ils suspicieux ? Et qu'est-ce qui fait qu'inévitablement on avance l'hypothèse d'un certain blanchiment d'argent ? Le clan serait-il sorti par une porte pour rentrer par le trou de la serrure : les sociétés-écrans, les prête-noms, sinon d' « ex »-associés occultes obligés de s'associer au risque d'être ruinés ? On sait que Hamadi Jebali, homme probe et qui veut mener à terme ce mandat et dans des conditions sociales viables, a à cœur de liquider ce lourd dossier bien avant les prochaines élections. Il laisse la commission chargée de ces opérations faire son travail en toute indépendance et mener à bout le processus, puisque de toutes les manières il s'agit pour la plupart de sociétés anonymes et qui doivent légalement passer par la Bourse pour être cédées. Sauf que les convulsions subies par le monde des finances, depuis la destitution de Kamel Nabli jusqu'à la démission de Houcine Dimassi, laissent perplexes. Et si les lubies de Marzouki (en ce qui concerne Nabli) et la rébellion de Dimassi n'étaient que poudre aux yeux, litanies pour faire l'impasse sur la destination finale des 240 entreprises ayant appartenu au clan. Posons, alors, la question que tout un chacun se pose : les acquéreurs sont-ils déjà connus des sphères du pouvoir ? Pourquoi pense-t-on que seuls les gros calibres, ayant prêté allégeance à la Troïka, seront de la partie ? Des rumeurs font état d'un certain mécontentement de Hamadi Jebali dont le gouvernement et lui seul, assumera la responsabilité de ces transactions. Il redoute autant les délits d'initiés que les tentations sous-jacentes dans les rouages de son parti où l'on manifeste un engouement crescendo pour les affaires, pour les nourritures terrestres sous le voile des nourritures spirituelles. Cette situation est pour le moins délicate. Justement, parce que le chef du gouvernement est bousculé par le temps ; parce que même s'il est en train de ratisser large au niveau de l'administration, il ne se voit pas dans le rôle d'une bricole au service de la Troïka. Parce que face à un Marzouki qui parle de nation et pas d'Etat, face à la pression exercée par Cheikh Rached et les différends entre ses propres conseillers et ses ministres, le chef du gouvernement est un peu entre le marteau et l'enclume.