*Langue de bois et promesses non tenues « Les factures impayées sont à l'origine de la coupure d'eau à Bkakria dans la délégation de Meknessi (gouvernorat de Sidi Bouzid)... Les habitants de cette commune n'ont pas respecté leurs engagements envers l'Association d'Intérêt Commun dans la localité d'Ouled Ahmed. » Il s'agit en effet, des explications présentées par le gouverneur de la ville de Sidi Bouzid suite à la coupure d'eau dans ces localités, où l'on a enregistré des réactions violentes de la part des citoyens exacerbés. Encore une fois, c'est le consommateur qui est pointé du doigt. Accusé par les responsables (ministres, gouverneurs...), il est derrière tous les maux qui les touchent. En fait, le consommateur ne paye pas les factures, il se douche quatre fois par semaine, comme l'a bien constaté Mohamed Ben Salem, ministre de l'Agriculture lors de la conférence de presse donnée la semaine dernière pour dévoiler les résultats de l'enquête après la vague de coupure d'eau dans plusieurs régions...Mais il ne faut pas oublier un autre facteur. « Le consommateur tunisien gaspille beaucoup d'eau, cette denrée rare dans notre pays ». Il doit donc s'adapter avec la nouvelle donne. Il est temps de prendre l'habitude de ne pas avoir de l'eau potable dans les robinets à n'importe quel moment de la journée, de la semaine ou du mois. Malheureusement, ce scénario ne cesse de se répéter dans plusieurs régions de la Tunisie, dont le Sahel et le Centre, condamnées à vivre des moments difficiles en pleine saison d'été.
Dimanche après-midi (5août), presque deux heures avant la rupture du jeûne, Salakta, cette ville côtière située à une dizaine de kilomètres du centre ville de Mahdia est fréquentée par des milliers d'estivants. Venus des pays étrangers et/ou des villes avoisinantes, les vacanciers n'ont pas pu savourer comme il se doit leur jour de repos hebdomadaire à cause de la coupure d'eau qui s'est produite juste avant l'appel à la prière. Désappointés, les riverains, n'en reviennent pas. Il est impossible d'avoir de l'eau en ce jour de repos, où, la température flirte avec les 40 ° et surtout en ce moment, où les ménages sont occupées dans leur cuisine pour préparer le plat du jour. Scandalisés, les citoyens se sont vite rappelés du scénario cauchemardesque survenu ces dernières semaines. Serons-nous privés d'eau potable en plein mois de Ramadan ? se demandaient plusieurs habitants tout en exprimant leur dépit envers la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) laquelle gère très mal l'eau en Tunisie.
En colère, plusieurs dames n'ont cessé de critiquer l'attitude des responsables de la SONEDE lesquels « n'hésitent pas à donner des ordres pour fermer les vannes des robinets quand bon leur semble ». « Nous avons droit à l'information. C'est la moindre des choses que la société doit faire envers ses clients pour qu'ils prennent leur précaution », conteste un autre citoyen qui cherchait de l'eau minérale pour donner une doucher à son bébé. « Il est clair que ladite SONEDE ne nous respecte pas, alors que nous payons nos factures à temps et nous n'avons pas le droit de bénéficier d'une période de grâce quand la facture est lourde », ajoute un autre client écœuré par la mauvaise qualité des prestations de cette société et des coupures qui se succèdent d'une semaine à l'autre.
Et les mesures
En fait, contrairement à ce que le ministre de l'Agriculture et de la direction générale de la Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux ont fait croire lors de ces derniers jours, l'approvisionnement en eau potable n'a pas repris son rythme normal dans toutes les régions, et aucune mesure n'a été prise dans ce sens pour ne pas avoir les mêmes problèmes. Preuve : plusieurs villes ont été privées d'eau potable ce weekend où, l'on a enregistré une hausse vertigineuse de la température. Il est clair que les décisions prises par le ministère de tutelle n'ont pas été fructueuses. Il ne suffit pas en effet, de démettre un responsable de son poste pour résoudre un problème datant depuis des années. Même les justifications présentées par M. Ben Salem n'ont pas été convaincantes. Il considère que le Tunisien gaspille beaucoup d'eau d'autant plus qu'il prend son bain quatre fois par semaine alors qu'il se limitait à une douche lors des années 80.
En citant ces prétextes, le ministre ne voit pas la réalité en face. Il camoufle les vrais problèmes et a choisi trois bouc-émissaires pour calmer les esprits des consommateurs lesquels ont perdu confiance en la SONEDE. Il faut savoir avouer la défectuosité technique et assurer le strict minimum à ses clients et surtout couper court avec la langue de bois.