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Le duel Moncef Marzouki - Hamadi Jebali
Espace libre John Locke contre Thomas Hobbes :
Publié dans Le Temps le 01 - 09 - 2012

Si pour j. Locke (1632-1704, Médecin et philosophe) « l'homme est le seigneur absolu de sa personne » pour T. Hobbes (1588-1670, Mathématicien et philosophe) « l'homme est un loup pour l'homme ».
Pour ce dernier, l'état de nature (fiction théorique et non réalité historique, l'état de nature désigne la condition des hommes, abstraction faite de tout pouvoir) est un état d'insécurité perpétuelle dont les hommes cherchent à échapper. Pour ce faire, ils sont amenés à conclure un pacte par lequel chacun doit remettre à une assemblée le pouvoir qu'il a sur lui-même. Cette assemblée acquiert ainsi la puissance souveraine, un pouvoir absolu dont elle doit user pour la protection des sujets. Pour J. Locke, au contraire, l'état de nature est un état de paix, de bonne volonté et d'assistance mutuelle. C'est seulement l'autorité commune qui y manque. C'est pour établir cette autorité commune que les hommes concluent le contrat social : une instance sociale qui dispose des pouvoirs nécessaires pour assurer le bien commun et la protection des droits naturels, parmi lesquels Locke fait figurer en bonne place le droit de propriété.
Il est en effet surprenant de constater à quel point Moncef Marzouki est proche de la philosophie de J. Locke et particulièrement de ses idées sur les droits de l'homme, là où Hamadi Jebali rejoint l'absolutisme et l'autoritarisme de T. Hobbes.

1/ La nature du pouvoir et les droits des citoyens : J. Locke père spirituel de M.
Marzouki ?

La communauté ne donne sa confiance qu'en fonction de son intérêt : Elle ne passe donc aucun contrat avec le gouvernement, mais le charge d'une mission. Cette institution, au sens de J. Locke est un trust (acte de confiance), ce qui implique le fait que le peuple peut se révolter lorsque le pouvoir n'est pas exercé conformément à l'acte de confiance (au trust). Le concept de trust permet à Locke de distinguer entre pouvoir légitime et abus de pouvoir. L'absolutisme de Hobbes est de fait éradiqué par la notion de consentement, qui est l'essence du contrat. J. Locke disait « Un pouvoir arbitraire et absolu est un gouvernement sans lois établies et stables ne sauraient s'accorder avec les fin de la société et du gouvernement » (« Second traité du gouvernement civil », 1690, p.192).
En ce sens, Moncef Marzouki n'a-t-il pas reconnu très récemment, par la voix de son porte parole lors du discours inaugurale du second congrès du CPR, les craintes légitimes et le malaise justifié de la population tunisienne face à la lenteur des réformes et de l'inertie du gouvernement (ma propre traduction), « (...) Nombreux ceux d'entres vous qui trouvent injustifiés les retards pris par le gouvernement concernant le dossier des projets de développement dans les régions impécunieuses,..., les hésitations à propos de la lutte contre la corruption et la mise en place des moyens pour activer la justice transitoire et indemniser les martyrs et leur famille. Nombreux aussi ceux qui ne comprennent pas le laxisme du gouvernement à assurer leur sécurité contre certains groupes obstinés qui s'attaquent injustement à eux. Ceci relève des devoirs de l'Etat,... ».
Ou encore, lors d'une conférence de presse, le 26 octobre 2011, monsieur Marzouki avait précisé avec force que « Le CPR sera garant des valeurs universalistes et continuera à défendre les libertés individuelles, les droits humains et les droits de la femme, sans rentrer dans une guerre idéologique avec les factions conservatrices.». On peut faire le parallèle entre une telle citation de l'actuel président et les convictions qui animaient J. Locke, qui écrivit dans le même ouvrage (P.87), « Les hommes étant nés, tous également, (...) dans une liberté parfaite (...) ; chacun a, par la nature, le pouvoir, non seulement de conserver ses biens propres, c'est-à-dire, sa vie, sa liberté et ses richesses, contre toutes les entreprises, toutes les injures et tous les attentats des autres ; mais aussi de juger et de punir ceux qui violent les lois de la nature ».

2/ l'absolutisme de T. Hobbes et la tentation du pouvoir de H. Jebali?

T. Hobbes affirme que le bonheur des hommes réside moins dans le respect d'autrui et d'un
code moral, que dans la quête des passions et des désirs qui nous meuvent : « (...) de cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fin. C'est pourquoi, si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (...), chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre » (« Léviathan », 1651, P.357). De cette approche défaitiste de l'homme, il en découle une théorie absolutiste, autoritaire du pouvoir politique et donc de l'Etat : Sans un pouvoir fort qui commande leur obéissance, les hommes, de par leur constitution naturelle, s'entredéchirent. En effet, sans une autorité dominant les sujets (les citoyens), le pouvoir serait sans cesse discuté et mis en difficulté pour ne pas dire détruit. D'où la nécessité de confier le pouvoir à un seul souverain.
Cette conception hégémonique et absolue du pouvoir nous pouvons la constater dans la démarche de l'actuel premier ministre Hamadi Jebali: Autrement, comment peut-on qualifier les déclarations de monsieur le premier ministre, avant même son accession au pouvoir, « un moment historique, un moment du divin, du tout puissant, qui représente les prémisses de la naissance d'une 6éme dynastie (Khilafa) islamique » ? (ma propre traduction). Ou encore, Le noyautage du paysage médiatique, la prise des leviers du pouvoir (nomination des gouverneurs et Premiers délégués: Une courroie de transmission entre l'échelon local et le pouvoir central) ? Pire encore, l'extradition de l'ex-premier ministre monsieur Mahmoudi Baghdadi à l'insu du Président, ce qui a heurté profondément l'opinion publique et affecté la crédibilité de notre processus auprès de nos partenaires étrangers, n'est-elle pas une preuve irréfutable sur cette vision hégémonique du pouvoir ?
Cependant, Hobbes, contrairement à monsieur Jebali, rappel dans son œuvre que la finalité de l'Etat consiste à maintenir la paix et la sécurité. L'inertie du gouvernement actuel face aux extrémistes Salafistes obscurantistes et rétrogrades est du moins, dans ce cas, intrigante... ? Mieux encore, d'après Hobbes, le pouvoir absolu ne s'identifie pas au « bon plaisir » du prince : en affaiblissant ses sujets. Le prince se nuit tout bonnement lui-même, au risque de provoquer une guerre civile qui amènerait sa perte, ce qui est contradictoire.

3/ La dissociation du politique et du religieux

Contrairement Hamadi Jebali, qui est animé par une foi inébranlable, Thomas Hobbes était accusé d'théisme et, il s'est vu refuser, par conséquent, l'honneur d'intégrer la Royal Society. Moncef Marzouki considère, quant à lui, en matière de foi, au même titre d'ailleurs que John Locke que ceci relève uniquement du choix privé des individus. Ces deux médecins pensent que le pouvoir politique n'a ni le droit ni le pouvoir d'imposer un culte déterminé tant que l'autorité publique de l'Etat n'est pas menacée. Ils prônent donc la tolérance religieuse, sauf que Locke considérait que l'athéisme pourrait menacer le lien social car il « dispense de tout engagement ».

Conclusion

Si Hobbes peut être pensé comme celui qui a conféré à l'Etat un fondement juridique, Locke peut être considéré comme étant le penseur du XVIII siècle et l'architecte du « modèle anglais ». Il a été mis en lumière par Voltaire, puis Montesquieu. En fait, il a inauguré l'histoire du libéralisme politique et l'idée des droits de l'homme.
Moncef Marzouki, médecin, intellectuel et premier Président tunisien élu démocratiquement, est celui qui a façonné, au risque de sa vie, le concept des droits de l'homme dans notre chère patrie. Son engagement est incontestable. Son dernier discours, lors du second congrès du CPR, montre qu'il reste fidèle à ses principes mais la tentation du pouvoir aurait-elle raison, à terme, de ses principes ?
Hamadi Jebali, le premier chef de gouvernement, dans notre histoire, élu démocratiquement et, par conséquent, la légitimité de son pouvoir est certaine, semble aujourd'hui, hélas, tenté avec son mouvement politique par le pouvoir absolu ?
Comme je l'ai écrit dans mes précédents articles « (...) Les Tunisiens ne sont pas dupes ; ils se sont mobilisés pour dégager le misérable déchu ; ils se mobiliseront pour sanctionner positivement ou négativement le gouvernement. Laissons donc le jeu démocratique faire son œuvre ; en politique la meilleure des œuvres est celle de la démocratie. Si en observe l'occident, nous constaterons qu'il y a toujours eu une alternance du pouvoir. Les électeurs ont souvent sanctionné négativement les partis au pouvoir car l'enfer de gouverner est différent de l'euphorie des campagnes électorales ».

Ezzeddine Ben Hamida
Professeur de sciences économique et sociales


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