Le baromètre Snav/Atout France vient de révéler ses tendances pour le mois de septembre. La tendance des réservations engrangées sur cette période met en évidence une baisse sur la Tunisie qui accuse notamment une chute de 37% en nombre de passagers et 35% de volume d'affaires par rapport à septembre l'an dernier sur le marché Français. C'est le cas du numéro un européen du tourisme TUI Travel, actif en Tunisie sous les couleurs de Nouvelles Frontières et de Marmara qui a vu ses réservations chuter de 24% à la mi-septembre.
Les derniers incidents survenus à Tunis et à Djerba ont freiné l'afflux des français vers la Tunisie et ont perturbé l'activité touristique, secteur stratégique qui emploie au moins 400.000 personnes et qui a commencé à reprendre son rythme habituel. On s'interroge ainsi, sur l'avenir du secteur pour une Tunisie qui prévoit d'accueillir cette année 6 millions de visiteurs contre 4.8 millions en 2011 ! Au-delà des efforts consentis, le flou règne encore en l'absence d'une décision ferme et claire. Sur Internet, les forums de voyages regorgent de questions sur la situation du pays. La visibilité est faible pour novembre et décembre. Mais les Français continuent-ils à bouder la Tunisie ?
Oui affirme un agent de voyages « en parlant avec quelques tour-opérateurs, ils nous ont clairement dit qu'ils ne sont pas ou plus concentrés sur la destination Tunisie ». Faut-il baisser les bras ? Constituer une cellule de crise pour booster ce grand marché. Certains estiment qu'il ne faut pas dramatiser. Il y aura moins de touristes certes. Mais comme l'a dit Richard Vainopoulos patron du réseau d'agences de voyage Tourcom, "lorsque la "révolution de jasmin" a éclaté en Tunisie, les clients se sont rabattus sur le Maroc, les Canaries et même la République dominicaine. Quand l'Egypte fut touchée à son tour, les clients se sont dirigés vers l'Afrique du Sud, l'île Maurice ou la Thaïlande. Quelle que soit la nature des événements, ils changent leurs destinations sans aucun problème et reviennent quand les choses se calment." Un touriste français rencontré à Hammamet déplore ce scepticisme ambiant. “ Il n'y a aucune inquiétude à avoir. Je passe mes vacances à Hammamet et je ne me suis jamais senti dans l'insécurité. J'ai été bien accueilli. En somme, rien n'a changé pour les touristes".
Jalal Bouricha Hôtelier à Djerba en appelle à éviter les confusions et les mauvaises interprétations qui ne font que susciter la peur auprès des touristes. « Alors que tous les professionnels du tourisme ont cru que leur secteur allait poursuivre sa reprise, cet espoir semble s'amenuiser depuis la fin de l'été et le début de l'arrière saison. En effet, le secteur hôtelier a renoué, durant les mois de la haute saison, avec des taux d'occupation satisfaisants par rapport à 2011. Cela a généré beaucoup d'espoir auprès des professionnels, de la population et des salariés de divers secteurs ; en effet, plus de 2 000 .000 de personnes profitent directement et indirectement des emplois dans les sociétés hôtelières et les entreprises touristiques. Cet espoir s'est considérablement réduit après les événements survenus dans quelques régions de la République ces dernières semaines. Des informations largement relayées par les médias et parfois mal interprétées. S'il est naturel que les médias accomplissent leur mission d'information, il faut éviter les excès de zèle. La manifestation qui s'est déroulée la semaine dernière à Djerba illustre parfaitement ces risques de dysfonctionnement et la peur que cela suscite auprès des touristes de façon rédhibitoire. Il s'agissait en fait de mouvement de population préoccupée par la réouverture d'une décharge publique à Guellala située sur l'île de Djerba. Ces personnes, majoritairement originaires du village de Guellala, étaient surtout soucieuses de problèmes liés à l'environnement et au développement durable. Les habitants de ce village spécialisé dans la poterie ont toujours bien accueilli les touristes ; il ne s'agissait ni d'intégrisme, ni de manifestations politiques » avoue t-il Maintenant comme l'a affirmé l'hôtelier Afif Kchouk il s'agit pour ce tourisme de reprendre son bâton de pèlerin et recommencer à convaincre les consommateurs, les tour-opérateurs et les circuits de distribution que la situation en Tunisie est calme, que la sécurité règne et qu'ils peuvent venir passer leurs vacances en toute quiétude.