En adoptant, le 12 octobre dernier, une résolution préparant le déploiement d'une force africaine de 3000 hommes au Mali, donnant jusqu'au 26 novembre à la Communauté Economique des Etats Africains de l'Ouest(Cédéa) pour préparer ses plans sur cette intervention, le Conseil de Sécurité de l'O.N.U. est alerté par la gravité du désordre qui règne au Nord du Mali et de ses dangereuses répercussions sur la région, notamment sur le Maghreb. Cette décision tardive mais inéluctable va-t-elle rétablir la sécurité et éviter à la région un avenir sombre ?
Refuge des activistes d'Al Qaida au Maghreb Islamique(AQMI), de leurs alliés touareg d'Ansar Dine et des Jihadistes du Mouvement pour l'unicité et le Jihed en Afrique de l'Ouest(Mujao), le nord du Mali regroupe également des trafiquants de drogue, des kidnappeurs et différents criminels, transformant cette partie du pays en foyer pour terroristes de tout bord.
Cette menace, qui s'amplifie de jour en jour, risque de transformer cette région du monde, en une véritable poudrière ,difficile à maîtriser .Les dernières déclarations de certains chefs de groupes ,envisageant de mener des actions terroristes immédiates dans les pays limitrophes ,notamment la Mauritanie, le Niger et l'Algérie accélèrent la mise en place du processus d'éradication de ce danger. Surtout que ces menaces consistent en partie à des enlèvements de ressortissants européens installés dans ces pays...
Si les Etats du Sahel ont renforcé la sécurité dans leurs pays, les autres Etats surtout l'Algérie et la Mauritanie dont plusieurs dirigeants de l'AQMI sont originaires devraient sérieusement adopter des mesures urgentes pour surveiller leurs longues frontières avec le Mali et empêcher ce fléau de se propager jusqu'à d'autres pays maghrébins notamment la Tunisie et la Libye. Mais sans une véritable mobilisation des grandes puissances internationales, ces pays ont –ils les moyens pour mener efficacement cette opération ? D'autant plus que l'éventuelle afghanisation de cette partie du monde risque de semer la terreur et de provoquer des atrocités dans le monde entier, notamment en Europe, très proche, de ce champ de bataille.
La prise de conscience de la gravité de ce conflit en perspective a fait bouger les grandes puissances. Le 30 octobre dernier, au cours de sa visite en Algérie, la Secrétaire d'Etat américaine Mme Hilary Clinton a envoyé un message clair quant à la future intervention militaire, à mener au Nord du Mali, si les hypothétiques négociations entamées entre les différents groupes islamiques pour faire revenir la légitimité au pays n'aboutissent pas. C'est également l'objectif recherché par la dernière tournée africaine du ministre allemand des Affaires étrangères M.Guido Westerwelle. Sans parler de la mobilisation massive des organisations politiques africaines qui s'efforcent d'épargner au continent une afghanisation aux lourdes conséquences.