Ils sont aujourd'hui 2 millions de Tunisiens qui vivent dans la précarité. Le président de la République du haut de sa tribune a annoncé, il y a deux jours pouvoir sortir nos compatriotes de la pauvreté qui nous ronge. Que valent les slogans d'il y a deux ans : Travail, liberté, dignité ? Ça ne vaut que dalle, hélas, au temps des rêves qui s'écroulent et des illusions perdues. Les illusions ? On y a cru à un certain moment lorsqu'on était en plein dedans dans un régime à la Ben Ali qui se faisait de toutes pièces : politique de rente, injustice sociale, arbitraire du pouvoir, etc. La loi du plus fort était toujours la meilleure. Aujourd'hui, la loi du plus fort est encore plus la meilleure. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Rien ou presque sinon ce sont quelques énergumènes manipulés par des forces extérieures qui font aujourd'hui la loi. On n'a pas besoin aujourd'hui de statistiques, considérées erronées, pour comprendre que la pauvreté qui se jette sur notre pays ne le soulagera pas pour peu. M. Marzouki qui s'est exprimé, il y a deux jours dans un colloque qui a pris fin hier, a déclaré en tribune pouvoir éradiquer la pauvreté en l'espace de cinq ans. Lui qui disait que « nous sommes en état d'alerte face à des politiques trébuchantes, des institutions qui fonctionnent mal et des projets qui ne se réalisent pas. » avant d'avancer bien avant que « Si la démocratie s'avère suffisante pour contrôler les institutions, elle l'est moins en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Le défi majeur qui se pose est de sortir deux millions de Tunisiens du seuil de la pauvreté en l'espace de cinq ans. »
Et même si les propos du président semble avoir l'effet de l'illusion il n'en sera pas moins réaliste lorsqu'il définit la pauvreté dans sa relation avec l'accès à l'information, au savoir et aux services de santé et d'administration. On aurait compris que notre misère serait plutôt intellectuelle et c'est la pire des misères. Et si le colloque propose une Révolution comme remède à la pauvreté. Il faudrait commencer par celle des mentalités. Réagissant aux propos de Marzouki, et dans une déclaration donnée à notre confrère « Assabah News », l'expert économiste Fethi Nouri a considéré que les discours sur l'éradication de la pauvreté rentrent dans le cadre d'une campagne électorale avant l'heure, vu que la situation économique du pays ne le permet pas, notamment, dans un timing si réduit. Selon le même expert, soulager le pays de la pauvreté suppose « d'élever le taux de la croissance entre 7 à 8 % et d'augmenter les transferts sociaux. »
La pauvreté est multidimensionnelle Les thèmes développés lors de ce colloque ont permis un tant soit peu de donner un autre son de cloche. Car il en ressort une autre définition de la pauvreté dans ses différentes acceptions. Le forum en question avait pour thématique «La révolution contre la pauvreté ». Il s'est tenu du 19 au 21 novembre à la banlieue nord à l'initiative de la présidence de la République et en collaboration avec les Nations Unies. Mohamed Belhoucine représentant du PNUD en Tunisie a expliqué qu'il ne faut pas se référer uniquement à la croissance comme indicateur de la pauvreté. On rappellera dans la foulée, qu'en juillet 2010, le PNUD et l'Université d'Oxford ont évalué une nouvelle manière de mesure de la pauvreté à partir d'un indice de la pauvreté dimensionnelle qui remplacerait l'indice de la pauvreté humaine. La mesure se fait à partir d'un tableau multidimensionnel des personnes qui vivent dans la précarité. On remarquera, que la lutte contre ce fléau signifie de développer entre autres la capacité des groupes marginalisés et de négocier une répartition égale des biens, des moyens de production, des ressources naturelles et du travail. On apprendra que les recommandations de ce colloque feront l'objet à moyen terme d'un livre blanc de lutte contre la pauvreté. Mais est-ce suffisant pour penser la pauvreté? Des observateurs considèrent que ces dites recommandations seront reléguées aux oubliettes et que la bonne parole ne suffit pas pour éradiquer la pauvreté même si la volonté y est... parfois. Et si nous pourrions vivre d'Amour et d'eau fraîche ?