Prévue pour hier, la grève générale a été, finalement, reportée d'un mois grâce au consensus trouvé entre l'UGTT et le gouvernement, suite à la médiation des partis d'Ettakatol et du CPR. Une sage décision qui a apporté du baume au cœur des Tunisiens, hantés ces derniers jours par les méfaits de cette grève générale, dont la désastreuse expérience de 1978, reste tristement dans les mémoires. En effet, la Centrale syndicale, victime d'agressions injustifiées le 4 décembre, dans ses locaux, mérite autant d'égard que de considération pour avoir fait des concessions, pour l'intérêt suprême du pays. Le geste historique, à l'actif de M.Houcine Abassi, a émis des réserves quant au revirement de la position du N°1 de l'exécutif de l'UGTT. Dans sa déclaration, M. Houcine Abassi a fait savoir que la précarité de la situation sécuritaire en Tunisie ne pourra guère permettre le déclenchement d'une grève d'une telle ampleur, tout en adressant un ultimatum d'un mois au gouvernement pour ouvrir une enquête sur les récents évènements, délimiter la responsabilité de la partie à l'origine des troubles et d'arrêter les agresseurs. L'UGTT a exigé, également, la dissolution du comité de la protection de la Révolution, «qui n'a plus aucune légitimité». De sa part, le gouvernement s'est engagé à satisfaire ces conditions, tout en précisant que la dissolution du comité de la protection de la Révolution ne relève pas de ses prérogatives, « c'est une affaire qui relève de la compétence de la justice », a-t-on rétorqué. Entretemps, ceux qui ont toujours tendance à sécher dans les eaux troubles, en attisant le feu par leurs déclarations agressives et haineuses, ont eu le culot de contester ce compromis, allant jusqu'à douter de la compétence de ceux qui veillent sur la Centrale syndicale, en les qualifiant de faibles et d'incapables de tenir l'affront avec le pouvoir exécutif. Nous faisons là, allusion, à de pseudo responsables de quelques partis d'opposition, qui n'ont sincèrement aucune relation avec le domaine politique. Mettre le pays en péril, par le biais du populisme et l'exhibitionnisme, c'est de l'ignorance pure et simple. Sans le vouloir, ils se sont grillés les cartes pour sceller carrément leur avenir politique. Par myopie, sans aucun doute, ils oublient que par leurs comportements et leurs déclarations incendiaires, ils sont en train de compromettre l'avenir de leurs enfants et mettre en danger le devenir des générations futures. L'égoïsme et le manque de maturité ne pourront aucunement mener loin ; une vérité qui échappe à ceux qui meublent quotidiennement les plateaux T.V, se prenant pour des « héros » alors qu'ils ne saisissent même pas les ABC d'une opposition engagée, adulte et responsable. Néanmoins, le gouvernement, quant à lui, est appelé à accomplir convenablement son rôle. La volonté ne manque pas, certes, mais c'est toujours insuffisant. Pour évacuer la hantise de la violence à titre d'exemple, l'ordre public, doit être impérativement régner, et ce sans abus, mais strictement en conformité avec la loi. Sans sécurité, il ne faut pas s'attendre à une quelconque amélioration, dans n'importe quel domaine. La sécurité, mais aussi la justice qui a un rôle important, et non des moindres, à jouer, de par son indépendance et sa loyauté, sans esprit de revanche, ni sentiment de rancœur. Une justice à l'abri de toute pression est un déclenchement de tout progrès, et les pays développés ont saisi cette vérité depuis belle lurette. On reproche également au gouvernement sa lenteur de mettre en exécution les projets, afin de réduire un tant soit peu du taux de chômage, dont le baromètre ne fait que clignoter au rouge. Les diplômés chômeurs, plus particulièrement, doivent être insérés dans ces projets, pour évacuer leur frustration, après tant d'années de sacrifices et de privations. L'amélioration des conditions de vie des citoyens aura un effet « magique » pour décrisper notre quotidien soumis à tant de pressions ingérables. La hausse vertigineuse des prix d'une part et le manque des produits de première nécessité, d'autre part, ne font qu'envenimer la situation. Il appartient, donc, aux autorités de prendre les devants et de sévir sans pitié, afin de mettre fin aux moyens illicites utilisés par ceux qui cherchent leur bonheur au détriment des malheurs et des souffrances du peuple. En fournissant des efforts perceptibles dans ce sens, le gouvernement gagnera énormément en crédibilité et saura s'entourer d'une unanimité fort appréciable. Or, s'il demeure otage des considérations partisanes, il aura tout simplement le tort de précipiter son échec. Pour revenir à notre sujet principal, nous admettons que le consensus trouvé entre le syndicat et le gouvernement a été chaleureusement applaudi par la majorité écrasante du peuple. C'est un signe de courage des deux côtés qui ont répondu à l'appel de la raison. Les concessions concédées par l'UGTT est en quelque sorte, un carton jaune brandi au nez du gouvernement. Tout compte fait, c'est le pays qui est sorti grand vainqueur de ces récents rebondissements, au grand dam des esprits mal intentionnés. A bon entendeur.