De nouveau une grève sauvage de la faim Les péripéties de cette affaire, nous rappellent le feuilleton « le fugitif », dans lequel Richard Kimble, accusé d'avoir tué sa femme, ne cessait de clamer son innocence. Avec cette différence, qu'en l'occurrence l'accusé n'est pas en état de fuite et n'a pas encore été jugé, ou disons qu'il est déjà jugé en partie par ceux qui se hasardent à se prononcer soit en affirmant qu'il est bel et bien coupable, soit au contraire en soutenant qu'il est plutôt pris en otage à la place des vrais coupables en fuite. Quoi qu'il en soit cela nuit à la bonne marche de l'affaire et peut influencer, aussi bien l'opinion publique que la justice. En effet le juge ne peut statuer que dans la sérénité, afin que sa décision ne soit entachée d'aucun parti pris ni influencée par qui que ce soit. Or on assiste depuis le début de l'affaire à des rebondissements de nature à affecter la sérénité, voire l'indépendance de la Justice. Suspicion mal venue La chambre d'accusation a décidé la détention de Sami Fehri, qui a été laissé libre par le juge d'instruction. Il fallait qu'il y obtempère illico. cependant, le temps qu'il a mis pour régler sa situation familiale, a été interprété par le ministère de la Justice comme un refus de se rendre à la justice et une tentative d'évasion, donc une présomption supplémentaire de culpabilité. Or l'intéressé a répondu à la décision en ne tardant pas de se rendre à Justice, en clamant haut et fort qu'il n'avait nullement l'intention de se dérober. La décision de la Cour entraînait-elle sa libération ? Les avocats de la défense ont formulé un recours en annulation de la décision de la chambre d'accusation devant la cour de cassation, laquelle a répondu positivement à leur demande, en basant sa décision sur le vice de procédure soutenu par la défense. Cette décision, n'a pas statué sur la libération de l'accusé. Cependant, la libération était la conséquence de l'annulation de la décision de la chambre d'accusation. Ce qui a été interprété de la sorte par le substitut du procureur général qui envoya un télex au directeur de la prison, pour ordonner la libération de Sami Fehri. Mais quelque temps plus tard, un deuxième télégramme a été envoyé par un autre substitut, pour se rétracter et ordonner le maintien en détention de l'intéressé. Cette rétractation a-t-elle été spontanée, ou influencée par un supérieur hiérarchique ? A savoir qu'il pourrait s'agir du procureur général ou d'un autre supérieur. Sans vouloir faire de supputations c'est cette rétractation qui incite à penser qu'il y a anguille sous roche. Jamais dans les annales de la Justice on n'a vu pareille rétractation, sauf peut-être lorsqu'il s'agit d'une erreur sur la personne ou un fait nouveau survenant en dernière minute. Et puis des interventions dans ce sens, de la part du procureur général, sont en principe dans l'intérêt de l'accusé, et afin de lui éviter une injustice quelconque. En tout état de cause, ce n'est pas la conséquence de la décision de la cour de cassation qui est l'objet de discussion, car les avis sont partagés là-dessus, en ce qui concerne la libération automatique ou pas. C'est surtout la rétractation par le substitut qui a surtout suscité l'irritation des avocats de la défense, et surtout celle de l'accusé, convaincu d'un acharnement démesuré à son encontre. Une nouvelle demande de libération rejetée ? On avait parlé d'une autre demande de libération, présentée à la nouvelle chambre d'accusation et qui a été rejetée. Or ses avocats maintiennent que son maintien en prison est illégal quand même et qu'il est détenu à titre d'otage, plutôt qu'en vertu d'une décision de justice. Ce qui a incité l'intéressé à entrer dans une grève de la faim,et à envoyer une lettre au ministre de la Justice dans lequel, il déplora cette situation, en demandant à être traité d'une manière équitable, par une justice indépendante. «Le gang des Trabelsi» Sami Fehri entre alors en grève sauvage de la faim. Mais visité par des représentants d'associations humanitaires, il consent à interrompre cette grève Du côté du ministère de la Justice on affirme, selon une interview du garde des sceaux à l'une des chaînes de la place, cette affaire est celle « d'un gang des Trabelsi qui a lancé sa dernière bataille afin d'échapper à la Justice internationale qui le pourchasse en particulier dans les affaires de l'argent spolié »Il avait particulièrement déclaré « qu'il a reçu des menaces de mort par téléphone, si le patron d'Ettounsia n'était pas libéré ». « Ils ne réussiront pas à perturber la détermination du peuple tunisien à sanctionner les corrompus » a-t-il ajouté. Les dessous de la visite en prison de Saïda Akrémi Saïda Akrémi, Avocate, membre de l'association de défense des prisonniers politiques, et néanmoins épouse du ministre de la Justice, a rendu visite à Sami, Fehri en prison pour le soutenir. Cependant cette visite a été interprétée par certains avocats de la défense, plutôt comme une « mission spéciale, pour rappeler Sami Fehri à l'ordre ». Me Sonia Dahmani a déclaré aux médias que cette visite est impromptue, et que « Me Saïda Akrémi s'est isolée pour s'entretenir avec son client » De son côté Khaled Grichi, secrétaire général de ladite association a rétorqué que l'avocate en question « a détourné la visite de Me Saïda Akrémi de son contexte, et qu'elle ne s'était pas rendue à la prison pour rappeler Sami Fehri à l'ordre. Reprise de la grève sauvage depuis hier Devant la fâcheuse évolution de cette affaire, Sami Fehri a décidé hier de reprendre la grève sauvage qu'il avait pourtant rompue deux jours avant. Pourvu qu'il y ait une issue favorable à cette situation dans une affaire qui semble se compliquer de jour en jour.