Les sciences et technologies de l'information peuvent contribuer positivement au développement de la démocratie.Malgré l'appétit bien réel des tunisiens pour le débat politique, l'e-démocratie est chez nous à la traîne. Nous avons besoin de bâtir ensemble une démocratie virtuelle utilisant les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Nous vivons dans un contexte particulier de remise en cause de notre démocratie et de manque de transparence, nous pensons qu'un conceptd'« e-démocratie » pourrait certainement répondre à nos maux actuels Le web est une bonne chose pour le débat politique car il permet aux citoyens de mieux s'informer et de mieux échanger entre eux ou avec les hommes et les femmes politiques. En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, les citoyens peuvent peser sur le débat politique en lançant des pétitions sur les sites gouvernementaux. Ce n'est pas pure forme. Quand une e-pétition recueille plus de 100 000 signatures en Angleterre un débat est organisé à la chambre des communes. Cette e-Démocratie est donc le lien démocratique et numérique entre les citoyens et les élus.Khaled Ben Driss membre du Conseil d'orientation du Labo' Démocratique et responsable du programme « E-démocratie » vient de présenter dans le site du Labo démocratique l'expérience de la République d'Estonie qui essaie de sortir de son passé soviétique et mettre en place une démocratie constitutionnelle « Comme beaucoup d'Etats nouvellement indépendants, explique t-il les institutions démocratiques en Estonie sont fragiles et la confiance dans le gouvernement est faible. Sa démocratie encore balbutiante fait face à la fragilité des structures de la société civile, au taux de participation faible aux élections, et à la mauvaise réputation des partis politiques. L'Estonie a misé, dés le départ, sur l'e-démocratie pour surmonter ces difficultés. Rappelons que l'e-démocratie se compose de tous les moyens de communication électroniques qui permettent de responsabiliser les citoyens dans leurs efforts pour contrôler les actions des dirigeants et politiciens et de les tenir responsables de leurs actions dans le domaine public. L'e-démocratie peut être mise en place pour atteindre au moins ces trois objectifs : accroître la transparence du processus politique; renforcer la participation directe des citoyens et améliorer de la qualité du dialogue citoyen en ouvrant de nouveaux espaces d'information et de délibération. Les initiatives de démocratie électronique en Estonie se concentrent, à ce jour, essentiellement sur l'amélioration de la participation et à l'ouverture de nouveaux espaces de délibération publique. Ainsi, l'Estonie est le troisième pays au monde, après le Royaume-Uni et le Canada, à avoir lancé une stratégie nationale pour le développement de la société civile, appelé EKAK (Estonian Civil Society Development Concept). Initié par la société civile et adopté plus tard par le Parlement en 2002, EKAK, a pour objectif de renforcer la participation des citoyens à la vie politique et au processus décisionnel grâce à l'utilisation des TIC et à l'acceptation des organismes sans but lucratif en tant que partenaires pour le secteur public..La principale initiative a été menée au niveau national, par la Chancellerie d'Etat qui a créé un portail, appelé TOM pour "Aujourd'hui, je décide" (“Today I decide" ). Ce projet visait à créer un espace collaboratif en ligne où les citoyens peuvent débattre de nouvelles idées et de les proposer à leurs représentants pour examen. Il combine les aspects de la participation et de la délibération. Dans les étapes préliminaires, il permet aux citoyens de proposer de nouvelles idées, de recevoir les commentaires des autres participants, puis de réviser en conséquence l'idée originale dans un processus qui peut prendre quelques semaines. Une fois l'idée révisée, elle est envoyé au ministère concerné pour examen et elle est affichée sur le portail TOM. Le ministère est tenu de répondre à l'idée dans un délai d'un mois. Ce portail s'est avéré être un succès, avec plus de 7000 utilisateurs enregistrés proposant et discutant 1,187 nouvelles initiatives. Il a contribué à la participation des citoyens en leur permettant de lancer de nouvelles idées et d'en discuter sur un forum ouvert, tout en leur garantissant une réponse concise d'un décideur politique. Sept ans d'expérience avec un tel outil ont clairement démontré que cela peut être un instrument utile pour tous les gouvernements et les organismes publics dans le monde » En Tunisie . internet est un outil indispensable pour améliorer l'efficacité des services publics et renforcer le lien entre les élus et les citoyens. Imaginez une séance plénière de conseil municipal en Live Tweet, des partages de services entre habitants d'un même quartier, ou d'une même, génération, un dialogue en direct avec une ville et ses habitants. Toutes ces perspectives sont désormais possibles avec les réseaux sociaux. L 'impact des TIC sur la démocratie est certain, On peut instaurer une réelle démocratie locale à travers ce e-dialogue municipalité-citoyens, ce besoin d'informations pratiques en temps réel, cette opportunité de dialoguer avec les élus en direct . Les habitants inscrits sur le site peuvent réagir et commenter les actualités mises en ligne. Ils peuvent également tchatter avec le maire qui répond directement à leurs questions et à leurs doléances: nuisances sonores, collecte des ordures, problèmes de stationnement, etc. Pour la ville, développer l'information en ligne permet d'ouvrir le débat, tout en respectant une démarche de développement durable.Internet est une chance formidable pour vivifier la démocratie locale. On peut généraliser cette expérience pour toucher notre ANC, nos Conseils régionaux, nos écoles Partout, des initiatives fleurissent qui renforcent l'information et la transparence, le dialogue et la participation. l'e-citoyenneté reste à construire en Tunisie. C'est un formidable défi pour notre société.