Les majorations arbitraires des salaires, une erreur grave, affirme l'ex-ministre Lors d'une rencontre avec les journalistes organisée, vendredi 1erfévrier, à Tunis, par l'Observatoire national de protection du consommateur et du contribuable «Ilef», Hassine Dimassi, membre du conseil scientifique de l'Observatoire et ancien ministre des finances, a critiqué, sévèrement , l'utilisation de la politique de majorations arbitraires des salaires sous prétexte de préserver le pouvoir d'achat des salariés, comme carte électorale, aux dépens de la santé de l'économie nationale. Il a accusé la coalition au pouvoir, sous la direction d'Ennahdha de suivre cette politique, sans réaliser ses dangers économiques. Il a également accusé les partis politiques et les syndicats de pratiquer les surenchères dans ce sens, prônant une rationalisation du discours et de la pensée en Tunisie. Il a mis l'accent sur le danger de chercher à préserver le pouvoir d'achat par les augmentions arbitraires des salaires, dans un contexte marqué par le recul des secteurs économiques productifs que ce soit par conviction ou pour certaines raisons politiques, notant que les salaires entrent dans le coût de la production de sorte que leur majoration entraine une majoration des coûts de production que les industriels et les producteurs , en général, répercutent sur les prix , ce qui engendre l'inflation, et par voie de conséquences, de nouvelles revendications sociales pour de nouvelles augmentations salariales, et ainsi à défaut d'une augmentation de la production et d'un accroissement des richesses à même d'aider à couvrir les nouvelles dépenses, le pays entre dans une spirale inflationniste, sans fin. Politique désastreuse Hassine dimassi a qualifié cette politique de démarche désastreuse et d'erreur économique grave, notamment face à la récession économique mondiale qui a favorisé la spéculation à l'étranger et à l'intérieur, en particulier, sur des produits stratégiques pour la Tunisie, le pétrole et les céréales spécialement le blé tendre. Or, la Tunisie importe 80% de ses besoins en blé tendre nécessaire à la fabrication du pain, c'est-à-dire que quatre baguettes de pain sur cinq en Tunisie sont importées. Au même moment, la valeur du dinar s'est dépréciée par rapport au dollar et à l'euro, parallèlement à l'augmentation de la pression fiscale , notamment sur les salariés soumis aux retenues à la source de sorte qu'ils ne peuvent pas fuir le fisc. Il faut ajouter aussi les retombées de la révision de la subvention des produits de consommation de base, à travers l'actualisation progressive de leurs prix pour les rapprocher des prix réels, sur recommandations du FMI et des organisations internationales spécialisés dans le domaine. A ce propos, Hassine Dimassi a estimé que l'inflation va augmenter et atteindrait plus de 10% en 2013, contre 6% environ en 2012, car le prix du pétrole est passé à plus de 114 dollars le baril, ces derniers jours. La Tunisie peut supporter des prix du pétrole aux environs de 80 dollars le baril, alors que le budget de 2013 a été fixé sur la base de prix de pétrole à hauteur de 110 dollars le baril. La voie du salut A cet égard, Hassine Dimassi a dit craindre que cette situation porte atteinte à l'un des acquis importants de la Tunisie, savoir la classe moyenne qui constitue la colonne vertébrale de la société tunisienne. Au cas où la classe moyenne est érodée, la société tunisienne serait composée d'une minorité de riches extrêmement fortunées face à une majorité de démunis et de pauvres. Il existe cependant une voie pour sortir de la crise autre que la voie fausse qui a été suivie, a-t-il dit. Cette voie passante consiste à reconnaitre les erreurs et l'inefficacité de la politique appliquée , puis à œuvrer à la corriger en cherchant à rationaliser le discours et la pensée en Tunisie, à travers, entre autres, l'entente sur l'observation d'une pause sociale se traduisant par le gel de l'augmentation des salaires et des prix durant une période convenue, en attendant la concrétisation de la relance économique et l'augmentation de la production. Ainsi, outre l'engagement du pays dans le chemin de la prospérité générale, cette voie permettra d'asseoir une plateforme économique solide à la pratique politique. Plainte contre la ministre de la Femme De son coté, le président de l'observatoire national de protection du consommateur et du contribuable , Abdeljélil Dhahri, a passé en revue les activités de l'Observatoire, depuis sa création, après la révolution, notamment en ce qui concerne la réalisation d'une série d'études sur les prestations de services fournies aux citoyens, ainsi qu'en ce qui concerne sa contribution à la lutte contre les abus et la corruption visant la dilapidation de l'argent public. L'Observatoire qui dispose d'une équipe d'avocats, a déposé 37 plaintes, à ce sujet. Il s'est opposé à un nombre de mesures nuisant aux intérêts des consommateurs, comme son opposition à tout projet de nouvelle augmentation des prix des carburants. L'Observatoire déploie aussi des efforts dans la lutte contre les abus en matière d'utilisation illégale des voitures administratives, outre son opposition à un projet de réalisation d'un sondage d'opinions sur la perception de l'institution de la présidence de la république, à l'initiative de la présidence de la république et qui doit coûter près de 320 mille dinars. L'Observatoire entend aussi déposer une plainte contre la ministre de la femme pour carence dans la protection des enfants contre leur instrumentalisation par des institutions soit disant éducatives qui sont étrangères à notre pensée et à notre patrimoine, a dit le président de l'Observatoire, signalent, par ailleurs, l'intention de réaliser une étude sur le coût des prestations sanitaires, dans le secteur public.