Il y a sûrement une prise de conscience générale quant à la gravité de la situation dans le pays. Il y a, également, une peur lancinante et une appréhension pessimiste quant aux perspectives d'un avenir paraissant incertain et truffé de menaces, de dangers et de défis. Nul ne peut nier qu'une atmosphère lourde pèse sur la Tunisie et affecte le quotidien des Tunisiens depuis de longs mois. Elle s'amplifie de jour en jour au fil du blocage politique, de la crise économique, de la tension sociale et de l'installation de la violence dans les mœurs de la Tunisie post-révolution. C'était avant l'assassinat du martyr Chokri Belaïd. Après, c'est la tristesse et la certitude que la Révolution est à la croisée des chemins et que les ennemis de la démocratie sont nombreux, puissants et prêts à aller jusqu'au bout de leurs sombres desseins et de leur stratégie machiavélique. Qui sont-ils ? Qui se cache derrière et pour quelles raisons s'ingénient-ils à plonger le pays dans le chaos, à provoquer la division au sein de la population et à la pousser vers la guerre civile ? Personne n'en sait rien en dépit des accusations qui fusent par ci et par là. L'avenir, en tout cas, nous le dira et les enquêtes en cours, si elles sont impartiales, finiront par démasquer les coupables et la vérité. En attendant, il faudra bien une solution pour sortir de la crise et pour redonner espoir et confiance au peuple tunisien et afin de concrétiser les idéaux véhiculés par la Révolution : démocratie, justice, liberté et dignité. Le message est adressé à la classe politique. C'est à elle et, particulièrement aux parties au pouvoir que revient la mission de sauvetage. Seront-elles à la hauteur de leurs responsabilités historiques ? Le pays ne peut attendre encore au risque d'un effondrement total et d'un saut dans un obscur inconnu.