Les funérailles du martyr de la patrie Chokri Belaïd ont redistribué les cartes. Après que les défenseurs acharnés de la légitimité se sont persuadés que les dés sont faits, voilà qu'ils se retrouvent face à de nouvelles données. Cette réalité fulgurante n'est pas, bien sûr, de nature à les rassurer, elle les fragilise au point qu'ils ne savent plus sur quel pied danser, ni quelle danse emprunter. Leurs pieds sont usés tellement ils ont parcouru de terrains accidentés et ne peuvent, donc, plus les supporter, et leur embarras est tel qu'ils perdent tout repère, ils sont incapables de se représenter la bonne issue, celle qui est la plus susceptible de leur épargner les soucis et le calvaire. La dégringolade Surpris et déstabilisé par les grandes funérailles dans lesquelles il voit une menace pour leur présumé majorité confortable, Mr Zitoun lance une contre-offensive en menaçant d'envahir la rue avec un nombre encore plus important que celui du 8 Février où les centaines de milliers de citoyens libres envahissent la rue pour clamer haut et fort leur condamnation du crime et de l'exclusion et leur option pour la paix et le consensus. Effectivement, le lendemain, il met à exécution sa menace, mais son entreprise connaît un fiasco, ce 9 Février s'avère une piètre copie de la veille par le nombre et les slogans. Pire, en plus du cruel revers, il inflige à ses auteurs un affront qui restera bien gravé sur leur front à travers les temps : un bon nombre des quelques trois milles « manifestants » viennent de plusieurs régions et sont acheminés par des bus vers l'artère centrale de la capitale. Les scènes de distribution de billets étaient filmées et diffusées sur les chaînes de télévision. Ennahdha tente l'impossible en essayant de démentir l'image en prétendant que les participants à cet événement collectaient de l'argent pour payer les chauffeurs comme s'il s'agissait de 404 bâchés. Loin de convaincre l'opinion publique, cette justification ne fait que l'enliser encore plus, Mehdi Ben Gharbia ajoute, sciemment ou pas, à ses malheurs el lui complique la vie en parlant sur un plateau de télévision de « chocotom » qui fait un buzz. D'après plusieurs observateurs, Ennahdha en distribue encore plus lors de la manifestation de samedi dernier qui est loin d'être millionnaire comme ont promis ses organisateurs, Mr Ellouze en tête. Le nombre a, tout simplement, triplé par rapport à celui de la semaine passée et le parti au pouvoir commence à perdre espoir. Le verdict Selon toute vraisemblance, Ennahdha perd son pari et paie chèrement son engagement dans la « politique de débandade sociale » vantée par son président, Rached Ghannouchi. Manifestement, Mr Zitoun est fasciné par le modèle libanais où le groupe du 14 Janvier peur rivaliser avec celui du 8 Janvier et où les deux parties sont capables de mobiliser des millions de leurs partisans et les faire descendre dans la rue, parce que l'allégeance se fait, principalement, à la religion et à la secte et non pas à la patrie. Là-bas, le choix du camp se fait, essentiellement, sur la base de l'appartenance sectaire et non pas en référence à un ensemble de valeurs et principes comme c'est le cas ici, chez nous, où la préférence du partenaire est déterminée par le degré de son attachement au slogan de la Révolution « Travail, Liberté, Dignité nationale », à son dévouement à ses objectifs, à sa loyauté à la patrie. Au niveau religieux, la société tunisienne garde son homogénéité, elle reste malékite malgré les tentatives réitérées des cheiks de L'Orient de la déstabiliser par la division. Ce projet malveillant et déstabilisateur dicté par les forces occidentales et exécuté, à coup d'argent et de bras, par leurs pions islamistes ne verra jamais le jour dans notre Tunisie pondérée, tolérante et éclairée. Elle ne sera ni l'Iraq, ni la Syrie et encore moins le Mali. Ni le « Wahabisme », ni le Chiisme, ni le fondamentalisme religieux ne trouveront de terrains fertiles pour planter leur venin et faire croître leurs broussailles de la haine et de la mort. En Tunisie, on affronte des opinions et non pas des muscles, on croise des idées et non pas des épées, les choses ne sont pas tranchées par la force, mais par la rationalité, donc, il n'y a pas l'ombre d'un seul doute que, tôt ou tard, c'est le 8 Février qui va triompher.