64% satisfaits des médias Le Front populaire recule tout en restant la 3ème force Présidence : Béji Caïd Essebsi toujours en tête, Jebali arrive en deuxième L'opposition ne tire pas profit des déboires du Gouvernement Quel jugement porté par l'opinion publique à propos de la situation sécuritaire que traverse le pays, la prestation du Gouvernement, celle de l'opposition et des médias, les intentions de vote en cas d'élections législatives ou présidentielle ? Les résultats de la quinzième vague du baromètre politique de l'institut d'études marketing, media et opinion 3C Etudes, réalisée du 9 au 15 mars courant, qui viennent d'être portés à l'attention du grand public, ont donné des réponses à ces questions. Ce sondage a été réalisé par téléphone en mode CATI (Computer Assisted Telephone Interviewing) auprès d'un échantillon représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus. L'échantillon a été constitué selon la méthode des quotas respectant les variables de contrôle : l'âge, le sexe, la région, le milieu d'habitation (communal ou non communal) et la catégorie socioprofessionnelle. Notre consœur Frida Dahmani correspondante à Tunis de Jeune Afrique, a eu à commenter les résultats, présentés par Hichem Guerfali D.G. de 3C Etudes. Condition de stabilité impérative pour le pays, la situation sécuritaire ne cesse d'intéresser en premier lieu l'opinion publique. « Après avoir chuté de 8 points en février, la satisfaction des Tunisiens quant à la situation sécuritaire du pays perd encore 5 points en mars en enregistrant un taux de 33%, son plus bas niveau depuis le début du baromètre », en Janvier 2012, précise-t-on dans le communiqué de l'Institut. Le taux d'insatisfaction s'élève à 63%. Les personnes satisfaites ne représentent que la moitié des non satisfaites. L'assassinat de Chokri Belaïd, la situation en Algérie, les déclarations de l'ancien ministre de la Défense, la poursuite des menaces, sont loin d'être des signes rassurants et apaisants pour les Tunisiens. Le degré de satisfaction de la prestation du gouvernement est toujours bas, même s'il a légèrement augmenté. Après avoir perdu 6 points en janvier et 5 points en février, ce taux a augmenté de 3 points en mars pour se situer à 32%. Il est possible que la nomination de 4 ministres indépendants au sein du Gouvernement Ali Laârayedh, ne soit pas étrangère à cette mince augmentation. En attendant les résultats des prochains mois, la baisse de popularité du Gouvernement semble être structurelle. L'opposition en profite-t-elle ? Paradoxalement, l'effet vases-communicants n'a pas joué. Elle n'a pas atteint des scores élevés. La satisfaction des Tunisiens marque le pas avec un taux de 33%, en baisse d'un point par rapport au mois précédent. Le taux d'insatisfaits progresse de 2 points pour se situer à 53%. Hichem Guerfali en déduit que « l'opposition a un potentiel à gagner pour répondre davantage aux attentes des Tunisiens ». Celle-ci n'a rien entrepris pour « récupérer les 50% d'abstentionnistes des dernières élections », constate Frida Dahmani. De gros efforts sont à faire dans ce sens. Les médias mal jugés par beaucoup, continuent néanmoins à profiter de la satisfaction d'une grande majorité des Tunisiens. 64% en sont satisfaits contre 28% qui se trouvent mécontents. Gouvernement et opposition doivent certainement envier les médias pour la confiance dont ils jouissent auprès de l'opinion publique. Pour relativiser les choses, Hichem Guerfali, précisera que les 28% d'insatisfaits représentent une population de près de 2 millions de Tunisiens. En cas d'élections législatives, 38,5% des électeurs qui ont l'intention de voter sont indécis. C'est le plus grand «parti». Ennahdha se repositionne bien pour retrouver sa première position avec 30,9% des voix talonnée par Nida Tounès avec 28,7% des voix. Ennahdha glane un point et demi par rapport au mois dernier. Ennahdha reconquit du terrain auprès des abstentionnistes, précise Hichem Guerfali. Nida Tounes perdrait un point. Le Front populaire continue à occuper la 3ème place avec 9,2% contre 12,2% le mois précédent. Le Front populaire n'a pas su capitaliser le capital sympathie qu'il avait acquise lors de l'assassinat de Chokri Belaïd et revient au niveau des 9% qu'il avait comptabilisé auparavant. La quatrième place revient à Al-Aridha Chaâbia avec 6,5% des voix, proche d'Al-Joumhouri avec ses 6,4% de voix. Les autres partis politiques arrivent à peine à dépasser les 2% de voix. L'Union patriotique Libre (UPL) de Slim Riahi se situe à 2,1%, suivi par Hizb Ettahrir avec 1,8%, le Congrès pour la République (CPR) avec 1,7%, Ettakatol 1,5%, Wafa 1,4% et Al-Moubadara de Kamel Morjane 1,2%. Les deux alliés d'Ennahdha le CPR et Ettakatol, ne font que perdre du terrain pour se retrouver à des niveaux relativement très bas. Comment vont-ils pouvoir remonter la pente ? Mustapha Ben Jaâfar avait parlé lors de sa dernière conférence de presse du rôle joué par son parti lors des dernières tractations dans la formation du Gouvernement pour qu'il y ait des ministres indépendants. Son action dans les coulisses ne passe pas auprès de l'opinion publique. Il ne cesse de perdre du terrain. La répartition des voix par région montre une grande implantation d'Ennahdha au Sud-est avec 60,8% des voix, suivi par le Sud-ouest avec 43,1%. A Sfax elle est aussi première avec 30,5% des voix. Nida Tounès supplante Ennhdha au Sahel avec 36,9% des voix, au Nord-Ouest avec 29,5%, au Nord-Est avec 29,7% et au Grand Tunis avec 33,3%. Le Front populaire fait jeu presqu'égal avec Ennahdha au Nourd-Ouest avec 12,4%. Son meilleur score est au Centre-Ouest avec 13,9%. Al-Aridha Chaâbia de Hachemi Hamedi, fait son meilleur résultat au Centre-Ouest avec 18,8% des voix sans y être première. La répartition entre milieux rural et milieux urbain, montre qu'Ennahdha, récolterait 32,4% de voix en milieu urbain, contre 27,7% en milieu rural (non communal). Nida Tounès aurait 30,5% de voix en milieu urbain et 24,7% en milieu rural. Quant au Front populaire, il est beaucoup plus présent en milieu rural avec 11,2% des voix qu'en milieu urbain où il ne récolterait que 8,3% des voix. Par contre le parti Républicain Al-Joumhouri est beaucoup urbain que rural avec 8,3% des voix en milieu urbain contre 2,3% en milieu rural. Globalement Sfax et les indécis peuvent faire la différence dans les prochaines élections. En cas d'élections présidentielles, les indécis se situent à 43%, Béji Caïd Essebsi conforte sa position à la première place avec 10,1% des voix, contre 6,8% le mois précédent. Si Nida Tounès perd quelques points, Béji Caïd Essebsi en gagne. Il s'impose comme l'unique personnalité qui incarne son parti. Assisterons-nous à une cohabitation, Béji Caïd Essebsi à la présidence et Ennahdha premier parti dans les législatives ? Hammadi Jebali, en deuxième position progresse avec 8,7% contre 6%, un mois auparavant. Il n'a jamais obtenu un tel score. Sa démission de la tête du Gouvernement, lui a permis de gagner davantage de sympathie auprès de l'opinion publique. Quant à Moncef Marzouki, il continue à dégringoler. Il est à 3,4% des voix soit le dixième de son score au début du baromètre. Hamma Hammami se place en 4ème position avec 3,1% des voix. Il est suivi par Ali Laârayedh (2,5%), Ahmed Néjib Chebbi (2,1%), Taïeb Baccouche (1,3%), Mustapha Ben Jaâfar (1,2%), Abdelfattah Mourou (0,9%). Kamel Morjane, Slim Riahi, Hachemi Hamdi et Samir Dilou se situent tous à 0,8%. En cas de deuxième tour opposant Béji Caïd Essebsi à Moncef Marzouki, le premier l'emporterait haut la main avec 54,5% des suffrages contre 45,5% à l'actuel président provisoire.