Lors d'un point de presse tenu, vendredi 5 avril, au palais du gouvernement, à la Kasbah, le ministre de l'Agriculture, Mohamed Ben Salem, a, de nouveau, mis hors de cause le secteur agricole dans la hausse des prix des produits agro-alimentaires et des perturbations dans l'approvisionnement du marché intérieur, affirmant que la production agricole au cours des années 2011 et 2012 a été bonne, abondante et dépassé largement les besoins du pays. Il a accusé, de nouveau, la contrebande d'être à l'origine des carences constatées, dans ce domaine. Pourtant, les pommes de terre sont actuellement vendues sur le marché intérieur entre 1 dinar 200 et 1 dinar 500 le kg, contre un prix de référence fixé à 750 millimes. Le ministre a mis l'accent sur la production record enregistré en matière d'huile d'olive (entre 220 mille et 240 mille tonnes) pour la saison 2012//2013, mais un journaliste lui a fait remarquer que les prix de l'huile d'olive sur le marché intérieur ont atteint un niveau anormal, soit près de 10 dinars le litre, et alors que l'Office de l'huile avait pris , en 2011, l'initiative de mettre en vente des quantités d'huile d'olive emballée dans des bouteilles en plastique au prix de 3 dinars 600 le litre, rien n'a été fait, depuis pour renouveler l'expérience. Pour les pommes de terre, le ministre a reconnu que la production a chuté en 2012 par rapport à 2011 et a été en deçà de la demande, ce qui expliquerait la hausse de leur prix, se contentant au passage de promettre une amélioration de la situation et une chute des prix pour la prochaine période grâce à la programmation de plus de superficies à la culture des pommes de terre. Or, selon le ministre, la contrebande aurait empêché de constituer des stocks régulateurs suffisants comme pour les œufs. Il a noté que 400 mille œufs passent en contrebande chaque jour à destination de l'Algérie, alors que la production a atteint 1680 millions d'unités en 2012. Toutefois, la constitution de stocks régulateurs relève du ministère du Commerce et s'effectue de concert avec les divers intervenants dont le département de l'agriculture et les professionnels. Fixation des prix et malversations S'agissant de la fixation des prix de certains produits agro- alimentaires, promise par le nouveau gouvernement, à l'occasion de sa première réunion, il y a quelques jours, afin d'atténuer la flambée des prix, Mr Mohamed Ben Salem qui avait semblé penser, plutôt, aux préoccupations des producteurs, a indiqué que le ministère de l'agriculture a certaines remarques à faire, à ce sujet, ajoutant que les discussions se poursuivent, à ce sujet, au ministère du commerce, entre les parties concernées. Sur un autre plan, le ministre a fait état de la découverte de nouvelles affaires de malversation au sein du ministère et des structures qui en relèvent, dont une affaire de vol des eaux du barrage de Sidi Sâad, à Kairouan, ou plus exactement l'exploitation des eaux de ce barrage de façon illégale. Entre 2003 et 2011, quelques 162 millions de mètres cube, soit 69% des eaux pompées à partir du barrage, ont été consommées sans facturation et de manière illicite, ce qui a occasionné des pertes estimées à 6 millions dinars. Les coupables ont été présentés à la justice, tandis que 9 responsables ont été déférés devant la cour de discipline financière. Une autre affaire de mauvaise gestion a été découverte dans la société mutuelle centrale des vignes de Carthage. Le directeur général a obtenu des primes et des avantages illégaux et abusé de sa qualité de président du conseil d'administration. Les mesures disciplinaires sont en cours d'exécution. Auparavant, le même ministère avait présenté 9 dossiers au parquet, 3 à la cour de discipline financière, et décidé 22 révocations. D'un autre côté, le ministre de l'Agriculture a annoncé quelques projets de réformes juridiques, dont la révision du cadre juridique régissant les coopératives agricoles de services de manière à permettre à ces structures d'obtenir des crédits bancaires, entre autres, ainsi que la révision du cahier des charges relatif à la location des terres domaniales agricoles pour les sociétés de mise en valeur agricole, après les nombreux dépassements enregistrés dans ce domaine et ayant abouti à la résiliation des contrats de location pour une cinquantaine de sociétés.