Le tourisme de plaisance occupe une place de choix en Tunisie. Plusieurs plaisanciers choisissent notre pays pour passer un agréable séjour sur nos côtes chaque année. Toutefois, ce créneau tarde à décoller faute d'infrastructure suffisante et de marketing. La Tunisie a de solides atouts à faire valoir en termes de tourisme de plaisance. Elle dispose désormais de son salon de plaisance et des croisières baptisés « Boat Expo ». Organisé par la société M.A.P (Marketing Advertising & Publishing) en partenariat avec l'Association des Activités Nautiques et de Plaisance, ce salon se déroulera du 24 au 27 avril 2013 au Parc des Expositions de Tunis au Kram, en marge du salon du tourisme M.I.T.Une cinquantaine d'exposants nationaux et internationaux et 15 mille visiteurs devraient être présents. Mais sommes- nous assez compétitifs pour attirer cette clientèle à forte valeur ajoutée ? Pourquoi cette activité tarde à décoller ? Quelle stratégie adopter pour mettre à niveau notre produit plaisancier et se différencier des autres pays méditerranéens ? Le marché de la plaisance a beaucoup évolué ces dernières années tant par son infrastructure que par son offre en produits spécialisés. Plusieurs TO s'intéressent à ce marché qui constitue un créneau porteur pour notre pays puisqu'il constitue un bon régulateur de la demande, des prix et de la saisonnalité. Toutefois notre produit est-il bien commercialisé. Sommes-nous bien positionnés par rapport à la concurrence ? La plaisance constitue un produit touristique pour la Tunisie. Il se confirme comme un marché à part entière dont il faut tenir compte sérieusement à l'avenir. Ce produit de niche a pris une place importante dans la promotion du tourisme tunisien et lui confère une image valorisante. Ce créneau nous permet d'améliorer le taux d'occupation en hiver et d'étaler la saison. Avec ses 1350 Km de côtes, la Tunisie a des atouts puissants pour développer la plaisance. Très proche de l'Europe, elle possède d'abord des atouts naturels très attractifs pour les plaisanciers: situation au cœur de la Méditerranée, longueur des côtes, beauté des paysages, douceur du climat, ensoleillement. Elle dispose de six ports de plaisance en exploitation avec une capacité d'accueil totale de 2150 postes d'accostage : Port El Kantaoui, Monastir, Tabarka, Hammamet, Bizerte et Sidi BouSaid. Cette chaîne a été renforcée par des ports de pêche, des ports abris et des ports de commerce qui offrent un certain nombre de places à quai disponibles augmentant la capacité d'accueil des installations de 1500 anneaux. Par ailleurs, la hausse excessive des prix d'accostage et les taxations diverses pratiquées dans les pays du nord de la Méditerranée poussent les plaisanciers à accoster dans les ports de la rive Sud. La Tunisie peut devenir une destination privilégiée pour un large éventail de plaisanciers du nord de la Méditerranée où la plaisance a atteint le point de saturation des ports. C'est la raison pour laquelle la Tunisie a fixé d'ambitieux objectifs avec deux chiffres : 10 millions d'anneaux, qui permettraient de créer d'importants postes d'emplois. Pour atteindre ces chiffres, une feuille de route est tracée à l'horizon 2016 visant la diversification des produits touristiques et la consolidation de la plaisance Marketing, mon souci ! La plaisance a besoin d'un nouveau souffle. La Tunisie reste avant tout une destination balnéaire. La clientèle de plaisance existe. Ce qui est un stimulant pour la région qui souffre de la saisonnalité. Mais se lancer sur ce marché implique de faire une communication ciblée. La communication comme un créneau de vente est indispensable. Il faut avoir une vitrine internet et être présent sur les sites communautaires. Mais aussi promouvoir nos ports de plaisance dans les salons et les foires touristiques avec l'élaboration d'un kit standardisé pour nos stands sur chaque foire afin de véhiculer une image uniforme de la Tunisie de plaisance. Il faudrait aussi inviter les décideurs, les TO et les voyagistes spécialisés dans ce créneau pour se familiariser avec notre destination voire organiser des workshops. La promotion, c'est la plus difficile. Elle doit être agressive pour se démarquer de la concurrence. Comme tout client touristique, le plaisancier est à la recherche de la bonne promo du moment. Et accro à internet pour dénicher les meilleurs prix. Les agences en ligne ont d'ailleurs rapidement compris qu'il y avait une place à prendre compris. Le tourisme de plaisance reste une niche. Il peut être associé aussi à la thalasso et au golf. Un produit combiné fera le bonheur des adeptes de plaisance. En 2012, l'ONTT a réservé 350 mille dinars (environ 219 mille USD) pour la promotion de la plaisance . Ce budget sera revu à la hausse dans le cadre du budget de 2013, selon une source de l'ONTT. La Tunisie, a tous les atouts pourra attirer cette clientèle à pouvoir d'achat élevé et gommer toute notion de saisonnalité pour imposer la destination à l'année. Toutefois, malgré ces atouts, la Tunisie ne réalise à peine que 1% de la capacité globale de l'activité plaisance en Méditerranée. La plupart des plaisanciers se dirigent vers la Grèce, Malte, la Turquie, la Croatie et l'Italie. La plaisance demeure un levier important pour tirer vers le haut la qualité de notre clientèle .Cette filière a besoin d'être identifiée car elle constitue un véritable enjeu touristique pour l'avenir. C'est pourquoi, il faut lui accorder une place de choix dans notre stratégie promotionnelle et dans notre investissement touristique. Et si on développe la chartérisation ? Une autre activité est en train de connaître un développement continu, c'est la location charter. La location des bateaux est devenue un produit touristique. De plus en plus de Tours Opérateurs créent des départements de location de bateaux. Sur ce créneau, la Tunisie peut devenir le partenaire de ces T.O pour effectuer la double saison : l'été en Méditerranée et l'hiver aux Caraïbes. Mais l'inexistence de lois régissant l'activité de location de bateaux freine l'activité .En Tunisie, un bateau ne peut être conduit que par son propriétaire. Ce qui bloque ce secteur en raison de l'absence totale de formation de skippeurs (capitaine d'un yacht de course-croisière), de moniteurs et de plombiers marins, outre l'inexistence de permis bateau. Ceci sans oublier la lenteur des visites techniques, la complexité des procédures d'entrée aux ports ainsi que du nombre élevé des taxes imposées aux bateaux de plaisance. Ainsi plusieurs obstacles entravent le décollage réel de la chartérisation à l'inverse de ce qui se passe actuellement en Grèce où en Turquie. L'exploitation de ces navires de plaisance étrangers sous les régimes de l'admission temporaire ou de l'exonération totale, est soumise à l'obligation de payement de droits et taxes exorbitants pour le cas du régime temporaire et à la justification de la qualité de non résident de l'exploitant auprès de la banque centrale de Tunisie pour le bénéfice de l'exonération., d'où l'incompatibilité de l'exercice de cette activité avec les dispositions actuelles du code d'investissement du fait que le transport maritime ne constitue pas une activité totalement exportatrice pour bénéficier de l'octroi de la dérogation au régime de la résidence. Il résulte de ce fait que la chartérisation est très limitée. Mais reste un secteur porteur pour la Tunisie comme le souligne M. Mansour Chaabane consultant en plaisance.« Son impact économique est grand. Dans dix ans, et si la législation le permet, la Tunisie table sur le développement de créneau pour atteindre 200 à 300 bateaux en location charters, soit 5000 semaines par an, et 20 mille semaines de séjour »