Le vendredi 12 avril dernier, la salle des concerts du Carthage Thalasso a tout simplement vibré grâce à des artistes hors du commun : Jery Brown à la voix chevrotante et l'incomparable Salsa Ilegal, groupe hétéroclite dont la musique déménage. Entre deux parties d'un même et unique concert, les deux invités de la 8ème session de Jazz à Carthage by Tunisiana a été placé sous le signe du rythme pur. Une soirée dont l'écho raisonne encore dans la tête de ceux qui y ont assisté, retour sur un concert assez particulier... C'est d'abord, une chanteuse qui s'inscrit dans la lignée de Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Billie Halliday, pour ne citer qu'elles, qui a assuré la première partie de la soirée. Jeri Brown est la digne héritière de ces grandes figures de jazz. Classée parmi les cinquante meilleures interprètes féminine de jazz, Jeri Brown perce son chemin dans cette sphère et s'impose peu à peu comme une artiste à la voix unique alliant force et douceur. C'est cette particularité qu'elle est venue partager avec les mélomanes de Jazz à Carthage à travers un répertoire riche où les standards de la musique noire américaine se sont teintés en filigrane aux divers hommages que cette artiste a rendu à celles qui ont ouvert la voix aux femmes dans la sphère jazzy. Jeri Brown a habité l'espace de la scène et de son timbre de velours, elle a ampli l'espace d'une émotion à fleur de peau, de rythmes qui balançaient entre mélodies et chansons au tempo saisissant. Pour le public aguerri, cette rencontre renoue avec la tradition jazz qui se nuance tout de même d'une once de modernité. Jeri Brown a su transporter les spectateurs dans son monde, celui où le jazz féminin est sans conteste l'alter ego du jazz masculin. A travers sa performance vocale, l'artiste a su capter l'attention, à enchanter l'assistance et à offrir un concert où l'émotion se le disputait au phrasé juste et au professionnalisme. Changement de registre et changement de rythmique avec Salsa Ilegal. En effet, le groupe réunissant des artistes colombien, sud-américain et autres a enflammé la foule, électrisant l'atmosphère de la salle. Personne n'a été insensible aux tempos frénétiques, à la salsa revisitée par cette formation d'artistes. Dans l'assistance, tout le monde s'est laissé entraîner par la musique. Dès les premières notes, le ton de la deuxième partie de la soirée a été donné : place à la festivité. Les chansons se succédant n'ont fait qu'accroître l'intérêt du public. Ce dernier a déserté peu à peu les sièges pour entrer dans la danse au sens littéral du terme. De tout bord et de tout âge, les spectateurs ont dansé, repris des refrains en chœur et ont applaudi des interprètes aussi talentueux que loufoques. Ces derniers ont communiqué leur énergie et leur talent pour le plaisir de tous. Ils ont conjugué l'art de la bonne musique à l'art du spectacle. En plus d'une heure et demie, Salsa Ilegal a bousculé le politiquement correct en offrant un concert à la croisée des musiques car les influences et la présence du son du monde traversaient les diverses compositions aux rythmes endiablés. A guichet fermé, le concert du vendredi 12 avril dernier de la 8ème édition de Jazz à Carthage a été au goût de tous ceux qui ont fait le déplacement à Gammarth. S'inscrivant dans la tradition jazz ou se teintant de salsa, le concert était l'occasion de (re)découvrir deux genres musicaux qui ont fait et font encore la gloire d'Etats et de pays outre-Atlantique. Ainsi, Jeri Brown et Salsa Ilegal ont drainé les amoureux des deux bords, donnant un spectacle plein d'émotion et de rythme. L'actuelle édition de Jazz à Carthage a tenu ses promesses comme lors des éditions précédentes, confirmant de la sorte un professionnalisme tant au niveau de l'organisation que du choix artistique. En ce sens, nous ne pouvons que dire : « vivement l'année prochaine ! »