Les absents penchent pour l'initiative de l'UGTT Le président provisoire Moncef Marzouki va au bout de ses intentions en engageant une initiative de dialogue national avec comme finalité celle d'arriver à des résultats probants pouvant permettre de boucler dans les meilleures conditions la dernière étape de la transition démocratique qui devra doter le pays d'institutions permanentes et se départir d'un rocambolesque provisoire qui a trop duré. Cette initiative aboutira-t-elle ? Dans son allocution d'ouverture Moncef Marzouki, n'a pas manqué de saluer l'initiative de dialogue de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), tout en rappelant que toutes les initiatives politiques ou celles de la société civile doivent voir leur consécration au sein de l'Assemblée Nationale Constituante qui détient le pouvoir originel et doit faire le suivi des résultats du dialogue. Ont participé à la première séance du dialogue, les partis de la Troïka (Ennahdha, Ettakatol et le CPR) et certains partis de l'opposition comme le Parti Républicain, l'Alliance Démocratique, Al-Moubadara et Nida Tounès. C'est trop peu pour parler d'un véritable dialogue national. Les absents sont nombreux. On y trouve Al-Massar, Wafa, le Front populaire... Certains partis, pourtant représentés au sein de l'ANC, n'ont même pas été invités comme Al-Aridha Châabia de Hachemi Hamdi. De son côté Al-Massar a annoncé dans un communiqué, avoir reçu une invitation tardive à participer au dialogue national entre les partis sous l'égide du président de la République, Moncef Marzouki, et du chef du gouvernement, Ali Laârayedh. Il explique avoir été pris de court, et n'a pas eu le temps de consulter ses structures en vue de préparer efficacement le dialogue. Le parti considère en outre que la multiplication des initiatives pour le dialogue est de nature à disperser les efforts, et invite les forces politiques, sociales et civiles à l'activation de l'initiative de l'Union Générale Tunisienne du Travail. Il ne faut pas oublier que Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar est un des initiateurs de la motion visant à démettre Moncef Marzouki. Cette motion a réuni hier 77 signatures. Zied Lakhdhar secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifié (PPDU), considère que le président provisoire Moncef Marzouki n'est pas la partie habilitée à lancer des invitations pour un dialogue national. Il lui reproche d'avoir fermé l'œil sur les pratiques mettant en danger la transition démocratique chose qui s'est traduite par sa bienveillance vis-à-vis des Ligues dites de protection de la Révolution. Il lui reproche, entre autres, ses déclarations à l'étranger où il n'a pas observé l'obligation de réserve à laquelle il est tenu, en tant président de tous les Tunisiens et non un président qui se range en faveur d'une partie pour prendre sa défense aux dépens d'une autre. Le PPDU considère que l'initiative de Marzouki cherche à couvrir l'hésitation et l'improvisation qui marquent le rendement de la présidence de la République qui n'a pu jouer un rôle positif dans les obligations de la transition démocratique. Il pense que la présidence est totalement dépendante des politiques d'Ennahdha, ce qui en fait une partie de la crise. Au PPDU on considère que l'initiative du président vise à saboter la véritable initiative de dialogue de l'UGTT. Le PPDU boycotte cette conférence et tient à l'initiative de l'UGTT. Ahmed Seddik, un des dirigeants du Front populaire précise que cette initiative de dialogue national est prise par une partie qui a perdu beaucoup de crédibilité. « C'est une initiative prise pour barrer la voie à celle de l'UGTT », dit-il. Abderraouf Ayadi, secrétaire général du parti Wafa, dissident du CPR, considère que l'initiative de Moncef Marzouki «est une pièce de théâtre qui entre dans le cadre de l'hypocrisie politique. L'ANC est le cadre légal pour se concerter à propos du calendrier électoral », dit-il. Le mouvement Wafa refuse la participation de ceux qu'il qualifie de partis du RCD dissout. Il n'accepte pas de se réunir autour de la même table que Nida Tounès. Al-Aridha Châabia de Hachemi Hamdi, n'a même pas été invitée à participer au dialogue national. Ce parti a déploré le comportement partisan du président de la République et du chef du Gouvernement. Dans un communiqué signé par Hachemi Hamdi, il affirme que « l'utilisation du Palais Edhiafa financé par le peuple dans une activité partisane est un comportement immoral. C'est une politique hautaine et méprisante vis-à-vis de millions de Tunisiens qui soutiennent Al-Aridha Chaâbia ». Les avocats du parti ont été chargés d'introduire une action urgente auprès du Tribunal administratif pour obliger le président à ne plus utiliser le Palais Edhiafa dans des activités partisanes destructives qui portent atteinte à l'unité nationale et de ne pas utiliser le mot « dialogue national». Des observations méritent d'être faites. Le dialogue est-il un objectif en soi ? Un dialogue national doit déboucher sur des résultats. Pour réussir, il doit se faire sans exclusion. L'initiative de l'UGTT a l'avantage d'être initiée par une organisation de la société civile qui est fort désintéressée du pouvoir.