Face à la persistance du recul grave que connaît, depuis la révolution, le secteur du phosphate et dérivés en Tunisie, représenté par la Compagnie de phosphate de Gafsa et le Groupe chimique tunisien, un plan de sauvetage du secteur a été conçu de manière à lui permettre de surmonter ses difficultés et de retrouver son rythme de production de 2010. Les grandes lignes de ce plan ont été présentées, par le directeur général des mines au ministère de l'industrie, Romdhane Souid, aux journalistes de la presse nationale, lors du point de presse périodique tenu, vendredi 26 avril, au palais du gouvernement, à la Kasbah. Sécurisation des sites Comme l'opposition au travail constitue le principal facteur, voire l'unique facteur de cette régression du secteur du phosphate et dérivés en Tunisie, le plan de sauvetage est axé sur la sécurisation des différents sites de production, au niveau de l'extraction, de la transformation du transport par voie terrestre, et du chargement dans les navires aux ports, parallèlement à l'application stricte de la loi, ce qui signifie le recours aux forces de l'ordre et à l'armée nationale en vue d'assurer cette sécurisation. Ainsi, en 2012, la production dans la Compagnie de phosphate de Gafsa a enregistré des arrêts de travail allant de 34 jours à 296 jours selon les sites, alors que la production dans les usines du Groupe chimique tunisien s'est arrêtée pendant 158 jours. D'après Mr Romdhane Souid, l'opposition au travail continue de sévir. Ces derniers jours, un groupe de citoyens a coupé la route devant un bus qui transportait des ouvriers vers les sites de travail. La Compagnie de phosphate de Gafsa procède à l'extraction du phosphate à partir des mines de phosphate situées dans le bassin minier de Gafsa, dans les localités de Metlaoui, Oum Larayès, Mdhila et Redeyef, alors que le Groupe chimique tunisien procède à sa transformation, en produisant l'acide phosphorique et divers engrais chimiques comme le DAP ou Diammonium phosphate ou encore le triple phosphate supérieur, dans ses usines installées à Gabès, Sfax et Mdhila. Recul de tous les indicateurs Mr Souid a mis en garde contre les risques financiers, commerciaux et sociaux qui guettent le secteur du phosphate, en Tunisie, et leurs incidences négatives sur l'économie tunisienne, affirmant que le secteur du phosphate et ses dérivés en Tunisie est menacé de disparition et d'extinction, à moins de prendre les dispositions nécessaires afin de redresser sa situation défaillante. Ses pertes sont passées à 2000 millions dinars, entre 2011 et 2012, soit une moyenne de 3 millions dinars par jour. La Tunisie occupait les premiers rangs dans le monde en matière de production du phosphate et dérivés et bénéficiait d'un grand prestige et d'une réputation établie depuis plus d'un siècle dans ce domaine. Cette position est, maintenant, menacée, tandis que ses concurrents ont profité des difficultés conjoncturelles que le secteur du phosphate tunisien rencontre pour se positionner à ses dépens sur le marché mondial. Le Maroc, entre autres, a vu sa production de phosphate doubler, passant de 25 à 50 millions tonnes par an, au moment où la production de phosphate en Tunisie a reculé de près de 56% par rapport à son niveau de 2010, chutant à 6 millions tonnes en 2012, contre plus de 13 millions tonnes en 2010. Les ventes ont régressé de 34%, chutant à 4,7 millions tonnes en 2012, contre 7,2% millions tonnes en 2012.Le stock de phosphate brut, actuellement à la disposition du Groupe chimique tunisien, ne couvre que trois mois. L'activité d'extraction au cours des trois premiers mois de 2013 n'a pas dépassé 20% de la capacité de production des unités opérationnelles estimée à près de 50 mille tonnes par jour. Plus de 27 mille emplois Pourtant, a dit Mr Romdhane Souid, le secteur du phosphate a accompli, convenablement, son devoir après la révolution, en ce qui concerne l'emploi et la contribution au développement des régions concernées par ses activités. Le nombre des agents de la Compagnie de phosphate de Gafsa est passé de 4898 en 2010 à 7642 actuellement, tandis que celui des agents du Groupe chimique tunisien est passé de 4435 agents à 8224. Au total, le nombre des emplois directs et indirects offerts par le secteur est passé à plus de 27 mille actuellement, contre moins de la moitié de ce nombre en 2010, mais la production actuelle représente le cinquième de la production de 2010. Il existe aussi des projets en cours de réalisation, notamment de la part du Groupe chimique tunisien comme le projet de Mdhila 2, qui nécessitent des financements importants et une capacité de mobilisation des ressources indispensables par le biais de l'emprunt et autres voies, ce qui fait défaut actuellement au Groupe chimique tunisien, outre le risque de la baisse de la notation auprès des agences spécialisées.il existe, en outre, plusieurs entreprises dans les zones industrielles de Gabès et les autres villes concernées dont les activités sont directement liées au secteur du phosphate et se ressentent de ses difficultés. La société nationale des chemins de fer tunisiens a été également touchée car elle assure le transport du phosphate. Aussi, le plan de sauvetage comporte des campagnes de sensibilisation ciblant toutes les franges des citoyens afin de montrer l'importance économique et sociale du secteur du phosphate et dérivés en Tunisie. Mr Romdhane Souid a insisté sur l'attachement de l'administration au dialogue pour régler tous les problèmes. A signaler que sur la base des indicateurs de 2010, le secteur du phosphate en Tunisie participe à hauteur de 3% dans le produit national brut et assure 10% des exportations tunisiennes.